Quelques récits repris de divers médias sur les désordres qui sont survenues contre les bagnes scolaires un peu partout en France et dans ses (« anciennes ») colonies. Nous avons fait le choix de parler des événements où la conflictualité s’est exprimée contre les flics et leurs outils de contrôle et de surveillance, ainsi que contre l’administration des lycées. Cette révolte a d’ailleurs pu s’exprimer avec ou sans blocus.
Le mouvement de révolte lycéen a commencé bien avant le 5 décembre contre « la réforme des retraites » ou le semblant de lutte étudiante contre la précarité, après l’immolation par le feu d’un étudiant, Anas, à Lyon : le 7 novembre à Nantes, un blocus se termine par l’incendie de la façade du lycée Camus, ce qui donne le lendemain des idées à d’autres lycéen.ne.s de la ville. Des affrontements ont lieu également à Mantes-la-Jolie, où pions et profs ont oeuvré à la paix sociale ; une pluie d’oranges s’abat sur les flics lors d’un blocus à Hyères le 18 novembre, des affrontements ont lieu à Massy, Montataire, Soissons, Schiltigheim, mais aussi émeutes à Strasbourg et dans plusieurs villes de l’Essonne fin novembre. Et déjà à Perpignan à la rentrée de septembre, lorsque des émeutes ont accompagné le blocus d’un lycée pour s’opposer aux cadences infernales imposées par le nouveau règlement de la direction. C’était les prémisses d’une révolte plus globale qui s’annonçait, bien que les proviseurs, profs, pions et autres personnels aient œuvré de concert pour empêcher toute rupture avec la normalité.
Lundi 2 décembre 2019
Toulouse. Le lycée Bellevue est bloqué par une centaine de lycéens. Des feux de poubelles ont fait venir les flics, avec lesquelles il y a eu des échauffourées. (LaDepeche)
Montpellier. Vers 8h, l’accès par le pont au lycée Mendès-France est bloqué depuis Odysseum par des barricades de poubelles enflammées. Le pont était encore inaccessible en milieu de matinée. Un mineur de 15 ans aurait été interpellé pour « jet de projectile ». (MidiLibre)
Nîmes (Gard). Peu avant 10h, un container à poubelles est cramé au milieu de la rue devant le Lycée Albert Camus, bloquant la circulation sur la rue de Verdun qui traverse le quartier Cadereau. Ce feu fait rappliquer les flics. Trois adolescents sont interpellés et placés en garde à vue pour l’incendie de la poubelle. Une quatrième personne (une jeune fille) est arrêtée après avoir jeté des projectiles sur plusieurs policiers, et proféré des outrages lors de son interpellation. (FranceBleu)
Tours (Indre-et-Loire). Il y a eu pas mal d’agitation au lycée Grandmont. Au cours de la matinée, l’alarme anti-incendie est déclenchée par un.e élève. Ce dernier rappelle que ce moyen est toujours une bonne idée, surtout quand c’est difficile de bloquer son bahut. (FranceBleu)
Mardi 3 décembre 2019
Lille et son agglo. Des lycéen.ne.s de Villeneuve-d’Ascq, « sans banderole ni de porte-parole », ont bloqué le lycée un quart d’heure avant le début des cours en se servant directement en matos sur les nombreux chantiers en cours à Pont-de-Bois. D« Ils étaient une vingtaine au départ, cinq fois plus au bout de deux heures et demie de mobilisation. Les lycéens ont ensuite bloqué l’autre entrée à l’arrière du lycée. Si quelques élèves ont pu se faufiler, ils n’étaient guère nombreux à l’intérieur ». A Lille, un blocage filtrant a été organisé devant les grilles du lycée international Montebello. Beaucoup parmi les jeunes présent.e.s venaient du lycée Faidherbe, notamment. (LaVoixduNord)
Bordeaux. Une tentative de blocus a eu lieu au lycée Daguin à Mérignac. Les lycéens ont notamment utilisé des chariots de supermarchés et des barrières de chantier. Les élèves qui le souhaitaient ont pu rentrer jusqu’à 8h05, puis le blocage de la grille d’entrée s’est intensifié. Les flics ont ensuite été appelés par le proviseur et ont brisé le blocus. (SudOuest, 03.12.2019)
Mercredi 4 décembre 2019
Paris. Des lycéen.ne.s ont bloqué au moins une dizaine de bahuts (dont ceux de Boucher, Vox, Bergson, Victor Hugo…). La police est intervenue à plusieurs endroits comme aux lycées Colbert, Decour, Monet pour empêcher les blocages des établissements. Il y a eu des coups et l’usage de lacrymo notamment au lycée Colbert. Au moins deux GAV et une lycéenne qui s’est fait rouler sur le pied par une voiture de flics toujours à Colbert. 600 lycéen.nes sont ensuite partis en manif sauvage (contre la réforme des retraites et pas que) rue de Rivoli. Vers 11h50 la manif était déjà vers l’Assemblée au niveau du boulevard Saint-Michel. La manif lycéenne a fait la jonction avec des étudiant.es de Paris 1 la Sorbonne. Rappelons que l’AG prévue à midi a été reportée à 13h devant la Sorbonne car, après le site de Tolbiac, le président de l’université l’a fait fermer. La manif a continué son chemin direction le Panthéon. Elle s’est petit à petit dispersée. Une centaine de personnes est devant Paris 3 qui… ferme les grilles. Suite à une grosse manif sauvage sur le boulmich’ regroupant les étudiants de Paris 1 et les lycéen.nes enervé.es depuis Panthéon s’est finie par une nasse devant la fontaine Saint-Michel. (Paris-luttes)
Sartrouville (Yvelines). « Deux barricades de fortune, avec des poubelles, des matelas ou… un canapé, ont été érigées par des jeunes devant le lycée . L’une devant la grille du lycée, l’autre 100 mètres plus loin, au coin de la rue Evariste-Galois et de l’avenue de Tobrouk. Elles ont ensuite été enflammées. Les pompiers ont éteint ces départs de feu sans difficulté et aucun blessé n’est à déplorer. Deux véhicules ont été endommagés dans la rue, l’un par des traces de feu, l’autre a eu la vitre arrière brisée. » (LeParisien)
Montbéliard (Doubs). Un groupe d’une vingtaine de lycéens a monté une barricade avec des poubelles et un vieux canapé devant le lycée Cuvier. Peu après 8h, la barricade était incendiée. Les pompiers sont rapidement intervenus mais les jeunes barricadiers, le visage dissimulé par des foulards, ont tenté de les tenir à distance. La police est venue les épauler, interpellant un incendiaire présumé. Cette arrestation a provoqué des jets de pierre sur les flics : un deuxième jeune a été interpellé. « Le premier jeune interpellé est un garçon de 17 ans originaire de Nommay. Le deuxième est un garçon de 15 ans originaire d’Etupes. Tous les deux sont lycéens à Cuvier. Ils ont expliqué qu’il s’agissait d’une action de protestation contre la réforme du baccalauréat prévue pour durer trois jours. » (FranceBleu)
Montpellier. A trop vouloir faire la police on finit par se brûler. Le proviseur du lycée Jean-Jacques-Rousseau l’a appris à ses dépens. Une poubelle venait d’être incendiée devant l’entrée du lycée quand l’imprudent a décidé d’aller jeter un œil (un peu trop près) sur le brasier. En fin de compte, le directeur a été blessé à l’œil après avoir reçu une projection enflammée.
Vendredi 6 décembre 2019
Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). L’accès au lycée Voillaume est bloqué à l’aube. De nombreux jeunes encapuchonnés s’affrontent avec la police : les pierres répondent aux salves de lacrymogène et tirs de flashballs. Les pompiers, tentant d’éteindre les flammes des barricades, sont contraints de faire demi-tour sous une pluie de projectiles. Les agents municipaux du service médiation sont aussi contraints de se mettre en retrait. « A quelques mètres de là, le restaurant Crêp’Way a des planches en guise de façade vitrée. La veille, des jeunes s’en sont pris à l’établissement, ravageant tout sur leur passage. Un peu plus tôt, c’est le parvis du lycée Jean-Zay, à moins de deux kilomètres de là, qui a été le théâtre d’échauffourées. Tôt, un camion frigorifique empli de seaux d’olives marinées a été incendié, ainsi que des pneus empilés sur la chaussée. Déjà, la veille, des affrontements entre quelques jeunes et des policiers avaient éclaté. « Deux lycéens non-violents ont été touchés par des tirs de pistolets électriques de la police », s’alarme une enseignante, révoltée de « la violence » de certains gardiens de la paix. » (LeParisien, 07.12.2019)
Lundi 9 décembre 2019
Dans la métropole lilloise, au moins sept lycées sont bloqués à 8h. Les blocus sont notamment organisés à La Madeleine, Lille, Roubaix, Tourcoing, d’où des centaines de jeunes partent en manif sauvage.
A Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la matinée a été agitée aux abords de plusieurs lycées, se soldant par neuf interpellations. Tout aurait démarré dès 7 h 30, avec le blocage de l’entrée du lycée Voillaume par « une dizaine de jeunes encapuchés ». Au même moment, un container a été incendié aux abords du lycée Jean-Zay, situé à moins de deux kilomètres de là. Avant neuf heures, une autre poubelle a été incendiée en plein milieu de l’avenue du Maréchal-Juin. « Sur place, les policiers municipaux ont essuyé plusieurs jets de projectiles, bouteilles et fumigènes », indique la même source, précisant qu’à cet instant, « un individu s’apprêtant à (les) caillasser a été interpellé ». Au même moment, selon les forces de l’ordre, une trentaine de jeunes se sont munis de projectiles « en attendant les policiers ». Peu après 10 heures, un cocktail Molotov est jeté sur une voiture stationnée sur le parking du lycée Jean-Zay. Dans la foulée, un abribus est vandalisé devant le lycée Voillaume, et son auteur interpellé « grâce à la vidéosurveillance », indique un policier.
Mardi 10 décembre 2019
Lille et son agglo. Entre 800 et 1 000 lycéens ont déambulé sauvagement dans les rues, « contre la précarité étudiante, la réforme du bac, mais aussi contre celle des retraites ». Ils se sont affrontés aux flics, parfois sur les voies de circulation au milieu des automobilistes. De nombreux lycées sont bloqués par des barricades. Sur l’une d’elles, une banderole dit « Le travail on en grève ».
8 h 30, premiers troubles devant le lycée Pasteur. Comme lundi 9 décembre, la journée commence par des blocages de lycées. À Montebello, d’abord, où des grandes grilles sont installées par les manifestants, vite retirées par les policiers. Ces derniers libèrent l’entrée vers 8 h, et interdisent tout affichage. Au même moment, environ 400 jeunes sont rassemblés devant le lycée Pasteur, dont l’entrée est bloquée, comme la veille. La tension monte. Après quelques jets de projectiles, les forces de l’ordre chargent par une série de tirs de grenades lacrymogènes. Les adolescents se dispersent, pour mieux se regrouper boulevard Carnot et rue des Cannoniers, où des poubelles sont brûlées. Nouvelles salves de lacrymogène. Les lycéens fuient. À La Madeleine, le grand boulevard est fermé. À Lille-centre, les véhicules circulent dans la cohue. Dispersés, mais pas vaincus, les lycéens reforment un cortège et partent au pas de course vers le lycée Fénelon. Certains sont très remontés contre la police : « Ça va trop vite, dit l’un d’eux. Dès qu’on veut bloquer ou manifester, on est tout de suite gazés, sans qu’il soit possible de discuter. On veut nous faire partir, nous empêcher de défiler. Ça va avoir l’effet inverse : on va être de plus en plus nombreux et de moins en moins gentils. » Le cortège réduit à 150 lycéens traverse République, mais l’accès à Fénelon est verrouillé par les policiers. Ados et forces de l’ordre jouent au chat et à la souris entre Wazemmes et la place des Halles. Jusqu’à un nouvel échange projectiles – gaz, rue Solférino. Deux personnes sont interpellées. Vers 10 h, entre 800 et 1 000 personnes (jeunes des lycées bloqués et étudiants) prennent la direction de l’Institut d’études politiques (IEP), bloqué depuis 6 h 15. Comme la faculté de droit et de sciences politiques, d’ailleurs, où les examens prévus ce mardi ont été annulés. Devant l’IEP, une poubelle est incendiée et les flics lâchent les gaz. Une demi-heure plus tard, retour devant Pasteur. La situation se tend à nouveau. Une cinquantaine de lycéens bloquent la route, s’assoient sur les voitures. Des pierres volent. Le ton monte, aussi, avec des automobilistes. Une voiture repart, un adolescent sur le capot. Une autre fonce et roule sur un extincteur vidé, abandonné sur la chaussée. Le reste du cortège arrive, en même temps que la police. Les tirs de lacrymogènes reprennent. Les lycéens courent au milieu des véhicules en circulation, boulevard Carnot. La plupart des automobilistes s’arrêtent mais d’autres foncent dans le tas. On frôle plusieurs fois l’accident. Vers 11 h 30 les manifestants sont repoussés par les flics dans le parc Matisse. Près de 300 lycéens ont alors pris la direction du lycée Valentine-Labbé (La Madeleine), avant d’être repoussés, à nouveau, par des jets de gaz lacrymogènes, vers Lille. A Halluin, une tentative de blocage du lycée professionnel Saint-Exupéry se termine par quatre interpellations. A Roubaix, à proximité immédiate du lycée Charles-Beaudelaire, trois véhicules sont incendiés sur l’avenue Le-Nôtre, celle qui longe le parc Barbieux lors d’un mouvement lycéen spontané. (LaVoixduNord)
Paris. Plusieurs lycées sont bloqués à l’aube. Parmi eux, les lycées H. Boucher (20ème arr), Colbert (10ème) et Turgot (3ème). «La précarité tue», «contre la précarité, pour la solidarité» ou encore «la retraite nous tuera à coups de poing», pouvait-on lire sur des pancartes érigées devant le lycée Hélène Boucher, où des poubelles et des barricades ont été installées pour bloquer l’entrée de cet établissement situé cours de Vincennes. Une pancarte posée sur une barricade devant le lycée Turgot assure : « on ne sera plus jamais sages ». (Cnews)
Nantes. Dès l’aube, des blocus ont lieu dans les lycées de la ville, comme au lycée « Les Bourdonnières », au sud de Nantes. La ligne 4 du busway a du être déviée, en raison de plusieurs feux de poubelles sur les voies, obligeant les forces de l’ordre à intervenir. De nouveaux containers ont été incendiés plus tard dans la matinée, alors que les lycéens défilaient dans le quartier. Des dizaines de personnes ont également bloqué les accès au lycée Alcide-d’Orbigny, à Bouaye, toujours au sud de la ville, avec des poubelles et barrières de chantier. Seuls 200 lycéens sur les 1100 que comptent le bahut ont pu entrer pour suivre les cours. Les profs, dans leur grande majorité, ont quant à eux repris le travail. (OuestFrance)
Dans la matinée, une vingtaine d’élèves ont bloqué les accès du lycée Bellevue au Mans (Sartre). Des blocus et/ou barrages filtrants se sont tenus également au lycée des Chaumes à Avallon, mais aussi dans plusieurs lycées dans la Vienne. On comptait cinq lycées bloqués dès 6h à Grenoble : les Eaux Claires, Mounier, Argouges, Louise Michel et le lycée de la Mure. Sur le campus l’Arsh (art et sciences humaines), Sciences Po et le Bâtiment des Sciences de l’Homme et des Mathématiques ont également été bloqués.
Lyon et son agglo. Trois jeunes âgés de 16 et 17 ans, non connus par les services de police, ont été arrêtés ce mardi 10 décembre dans la matinée. Ils sont soupçonnés d’avoir incendié plusieurs poubelles devant les lycées Jacques-Brel et Marcel-Sembat à Vénissieux. Le premier a été interpellé en flagrant délit tandis que les deux autres ont été identifiés à cause des caméras de surveillance et interpellés mercredi dans la matinée. Ils vont être présentés au parquet des mineurs ce jeudi en vue d’une mise en examen pour “incendie de biens publics en réunion et incendie de biens publics”. (LyonCapitale, 12.12.2019). A Décines-Charpieu, en banlieue lyonnaise, la circulation des transports urbains (du T3, du Rhônexpress et de six lignes de bus) est interrompue dans la matinée en raison d’affrontements entre des lycéens et les flics. Ce sont les flics qui ont demandé à TCL d’arrêter le trafic vers 9h30. (ActuLyon)
Mercredi 11 décembre
Lille et son agglo. Des échauffourées entre lycéens et policiers ont lieu à Pasteur (Lille) et Valentine-Labbé (La Madeleine). Une camionnette est incendiée au parc Matisse. Au total, 8 personnes sont interpellées. Au cours de la matinée, des jeunes remballent le directeur adjoint de la police nationale, Daniel Lejeune, venus leur sommer de respecter les lois.
Jeudi 12 décembre
Lille et son agglo. Quelque 200 manifestants ont traversé la ville pour se rendre vers le lycée Pasteur. Au fil de la matinée, ils ont manifesté devant Pasteur, Faidherbe, Gaston-Berger, Fénelon, Montebello. Vers 7h30, des poubelles sont incendiées aux abords du lycéen Fénelon et un cocktail molotov est lancé sur le personnel de l’établissement. Par ailleurs, des poubelles sont incendiées avec des pétards devant le lycée Montebello, où quelque 300 lycéens forment une chaîne humaine pour bloquer l’entrée.
À Roubaix, c’est devant le lycée Van-Der-Meersch bloqué que des lycéens sont rassemblés.
A La Madeleine, des jeunes se sont rassemblé dès l’aube devant le lycée Labbé pour le bloquer. Les flics qui pointent leur bout de leur nez se font canarder par des tirs de mortier.
En milieu de matinée, des manifestants sont toujours signalés devant le lycée Jean-Perrin à Lambersart, qui est lui aussi bloqué peu avant 8h avec une barricade de pneu en feu. Des heurts ont éclaté avec les CRS qui ont été appelés par le proviseur. Les flics sont attaqués à coups de pierres et de bouteilles, et ces derniers répondent par des salves de lacrymo sur l’avenue de la République. Un camion venu livrer une cantine est pris d’assaut et sa marchandise volée. Outre des voitures bloquées et des feux de poubelles, un manifestant s’en est également pris à une caméra de vidéosurveillance de la ville. La mairie confirme « qu’une ou deux caméras ont été endommagées ».
A La Madeleine, devant le lycée Valentine Labbé, les flics sont attaqués à coups de mortier et de projectiles, mais parviennent à interpeller deux jeunes pour ces faits. De grands axes de circulation sont investis par les lycéens, bloquant ainsi le boulevard Carnot et le Grand Boulevard. Au moins un lycéen est interpellé. A la suite de ces incidents, le lycée sera fermé vendredi et samedi matin. Les cours ne reprendront que lundi. Au lycée Fénelon, les perturbations ont amené à l’annulation des cours. Le bac blanc de la semaine prochaine a également été reporté. Aux alentours du lycée Fénelon, des manifestant.e.s défoncent au moins trois caméras de surveillance accrochées à divers bâtiments. (Franceinfo, VoixduNord et twitter)
Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne). A l’aube, plusieurs tags sont réalisés sur les murs du lycée ’Van Dongen’. Parmi les messages passés, un « ACAB », « Macron NTM tes réformes » ou encore « Fuck le 17 ». Malheureusement, un lycéen de 17 ans est interpellé par les flics qui avaient pris l’habitude de patrouiller aux abords du bahut pour empêcher tout blocage « C’est à 6 h 15 qu’une patrouille a remarqué trois jeunes à proximité de Van Dongen et qui ont pris la fuite en les apercevant. Les dégradations auraient débuté vers 5 h 30. L’un d’eux a été rattrapé et interpellé. Un quatrième jeune présent sur les lieux a aussi été arrêté avant d’être mis hors de cause. Sur le premier, les policiers ont retrouvé un survêtement de rechange, un fumigène et des lunettes de protection cachées dans un sac à dos. Surtout, il avait les mains tachées de peinture rouge… Placé en garde à vue, cet habitant de Saint-Thibault-des-Vignes est ressorti dans la journée avec une convocation par officier de police judiciaire (COPJ) assortie d’une mise en examen pour détention d’arme prohibée et dégradation de bien public. » (LeParisien, 12.12.2019)
Beaugency (Loiret). Une centaine de lycéens ont tenté de bloquer l’entrée du lycée François-Villon de Beaugency. L’arrivée des forces de l’ordre les en a empêchés. La situation s’est résolue sans heurt. (LaRépubliqueduCentre)
Agglomération de Lyon. A Vaulx-en-Velin, des affrontements se sont produits avec les forces de l’ordre lors du blocus du lycée Robert-Doisneau. « Une voiture a été brûlée par de jeunes individus, une camionnette a également été renversée. De plus, les forces de l’ordre et les sapeurs-pompiers ont été caillassées. Aucune interpellation n’aurait été menée par les forces de l’ordre qui ont préféré disperser les attroupements à l’aide de gaz lacrymogène. Par ailleurs, cette fois sur la commune de Décines, des violences se sont aussi déroulées aux abords du lycée Charlie-Chaplin. Là encore, les policiers ont été ciblés par des projectiles. Il y a eu cinq interpellations. Trois élèves doivent donc être présentés à un juge pour enfants ce jeudi 12 décembre. Mardi 10, déjà, six jeunes manifestants avaient été arrêtés par les services de police dans les environs de l’établissement. La DDSP indique que deux policiers ont été légèrement blessés lors de ces opérations de maintien de l’ordre. » (LyonMag)
Toulouse. Des poubelles et des barrières bloquent les différents points d’entrée et de sortie du lycée Saint-Sernin. Aucun élève et aucun professeur ne pouvaient accéder à l’établissement.
Marseille (Bouches-du-Rhône). Deux élèves du lycée Antonin Artaud (13e), dont un serait mineur, ont été arrêtés il y a une heure environ par les flics du commissariat Nord. Ils venaient de mettre le feu à des containers pour tenter de bloquer l’entrée de l’établissement. (LaProvence)
Vendredi 13 décembre 2019
Lille et son agglo. Dès l’aube, les forces de l’ordre sont présentes en grand nombre et très mobiles. Elles ont eu pour consigne de la part de la préfecture et sur demande du rectorat d’empêcher tout blocage ou d’intervenir immédiatement à la moindre tentative. « À Lille, très tôt, les policiers se sont placés devant les principaux établissements. Plusieurs lycéens ont été interpellés, notamment deux à Pasteur. Ailleurs, des projectiles ont aussi été lancés vers les forces de l’ordre, dont des pavés et des balles de golf. La situation a été un peu plus difficile sur la route d’accès au lycée Gaston-Berger (à Moulins), où une barricade enflammée a été érigée. Les policiers sont intervenus. Un lycéen a été interpellé avec un sac contenant white-spirit, briquets et divers projectiles. Il a été placé en garde à vue. À Montebello, les policiers ont également dispersé 300 manifestants. À 10 h, on estimait le nombre de lycéens grévistes à quelques centaines dans la métropole lilloise, disséminés par petits groupes.
Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise). Il y a eu du grabuge devant le lycée polyvalent de l’Hautil. Des jeunes ont foutu le feu à une poubelle au milieu de la rue, puis les pompiers venus éteindre les flammes ont été accueillis par des jets de bouteilles.
Val-de-Marne. Huit lycées sont bloqués dans tout le département. On y retrouve des établissements déjà mobilisés, ces derniers jours, comme à Créteil, Fresnes, Fontenay ou à Maisons-Alfort, Thiais mais aussi les lycées de Nogent, Ivry, Le Perreux. Selon le rectorat, des violences ont été relevées aux abords du lycée Delacroix à Maisons-Alfort avec des feux de poubelles, comme à Fresnes. Là, l’incendie a « légèrement noirci le mur d’enceinte ». Au lycée Apollinaire à Thiais, ce sont des vitres qui ont été cassées, par des jets de projectiles. Six jeunes ont été interpellés, soit trois de moins que jeudi 12.12. (LeParisien)
Hérouville-Saint-Clair (Calvados). Une cinquantaine de lycéens du Collège lycée expérimental (CLE) situé dans la périphérie de Caen bloque l’accès à l’établissement pour la cinquième fois en une semaine. Sur l’entrée de l’établissement, le mot « blocus » a remplacé le mot « fraternité » : c’est un synonyme aujourd’hui, sourient les manifestants. (LeBonhommeLibre)
Auch (Gers). Devant le lycée Le Garros, ce sont une cinquantaine de jeunes qui bloquaient l’entrée. « C’était la guerre des poubelles entre l’administration et les élèves mais le nombre de personnes nous a aidés à bloquer le lycée, assure une bloqueuse.
Lundi 16 décembre 2019
Val-de-Marne. Troisième jour de blocus à Frédéric-Mistral à Fresnes. Des jeunes écharpes sur le nez se confrontent aux rangées des forces de l’ordre en leur jetant des œufs frais, pendant que les poubelles finissent de cramer. « Neuf jeunes interpellés dans un calme relatif. », titrera LeParisien.
Agglomération lilloise (Nord). Le lycée Jean-Perrin de Lambersart est de nouveau bloqué par plusieurs dizaines de jeunes qui se sont rassemblés devant le bahut avant 8h. Au fur et à mesure du blocus et d’une présence des cognes qui se faisait de plus en plus oppressante aux abords du lycée, certains jeunes rebelles mettent en pratique leur idée lumineuse de les attaquer aux cocktails Molotov. Les flics ont répliqué par des grenades de gaz lacrymogène. Après une courte accalmie vers 9h, les heurts ont repris dans les rues adjacentes. (France3)
A La Madeleine, environ 200 lycéen.ne.s ont manifesté devant le lycée Valentine-Labbé. Puis dès 10h l’atmosphère, pacifiée jusque-là s’est brusquement réchauffé lorsque les flics ont déboulé en tenue anti-émeute aux abords du lycée. Des explosions de pétards ont retenti sur le carrefour Romarin puis une poubelle a été brûlé. La situation était toujours agité une heure plus tard.
Martinique. Plusieurs lycées de l’île sont bloqués dès 6h30. Les entrées des lycées Schoelcher et de Bellevue sont obstrués depuis la veille au soir dimanche 15 décembre par des palettes. D’autres bahuts connaissent des perturbations : le lycée professionnel de Chateauboeuf à Fort-de-France, le lycée Joseph Zobel de Rivière-Salée. Manifestations également à Trinité, à Saint-Joseph au François.
La Réunion. A Saint-Denis, plusieurs dizaines de jeunes ont bloqué tôt le matin l’entrée du lycée Lislet Geoffroy, tout comme celle du lycée Leconte de Lisle. Des perturbations ont également eu lieu ce matin dans les lycées Marie Curie à Sainte-Anne, aux Aigrettes, à Evariste de Parny, à Saint-Paul et au lycée Ambroise Vollard, à Saint-Pierre.
Mardi 17 décembre 2019
Bolbec (Seine-Maritime). Une manif de lycéen.ne.s déboule en ville, des poubelles crament rue du Calvaire et une agence bancaire de la BNP en bas de la rue piétonne perd une vitre. Malheureusement, les flics mettent la main sur deux d’entre eux, dont l’un reconnaît les faits.
Lille. Lors de la manif lycéenne, les flics en position à la gare Flandres sont visés peu après midi par un cocktail explosif, à savoir une bouteille en plastique vide de 50cl avec de l’acide chlorhydrique et une boule d’aluminium. Un mineur et un jeune homme de 18 ans sont interpellés en fin d’après-midi au cours de la manifestation, puis une troisième personne mineure dans la soirée. Ils sont placés en gav et inculpés de « violence sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». A l’issue de leur garde à vue jeudi 19 décembre, les deux mineurs ont été présentés à un juge pour enfants, mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. Le suspect de 18 ans devait lui être jugé vendredi [20 décembre] en comparution immédiate. Mais à la demande de l’avocat des parties civiles, le tribunal a décidé de renvoyer le dossier au parquet en vue de l’ouverture d’une information judiciaire pour « violence sur personnes dépositaires de l’autorité publique » et « détention de substance explosive », a-t-on appris de source proche de l’enquête. Le suspect a donc été présenté vendredi soir à un juge d’instruction, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, selon le parquet, qui avait demandé une mise en détention provisoire ». (LeParisien, 12.12.2019)
Mercredi 18 décembre 2019
Lyon. Alors que les cours allaient commencer à 8h, plusieurs poubelles sont incendiées au niveau de l’entrée du lycée Lumière, dans le 8ème arr. Ces joyeuses flammes bien placées ont eu pour effet de faire annuler les cours et même évacuer tout le monde du lycée (sur décision du proviseur). La circulation du tramway T4 a été également perturbé le temps de l’intervention des pompiers.
Île-de-France. Il y a eu des blocages ou des tentatives dans une cinquantaine de lycées, dont 26 dans Paris intra-muros. Le lycée Hélène Boucher dans le 20e est bloqué peu avant 8h, malgré une forte présence de la flicaille. Après avoir résisté aux flics toute la matinée et les avoir contraints de reculer sous une pluie d’oeufs, les lycéen.ne.s sont parvenu.e. à occuper le cours de Vincennes jusque vers 11h45 ce qui a engendré des bouchons. Puis, petite manif sauvage dans les rues de Paris. (Paris-luttes.info et twitter)
Lille et son agglo. Après quelques minutes d’affrontements avec la police et une poubelle brûlée devant le lycée Darius Milhaud, deux lycéennes et un lycéen sont attrapé.e.s par la BAC et placé.e.s en garde à vue. Les grilles du lycée Faidherbe sont barricadées par des poubelles.
Jeudi 19 décembre 2019
Foix (Ariège). Blocus au lycée Gabriel-Fauré. Une quarantaine de personnes ont barricadé l’entrée avec des containers à poubelles, des caddies et des bouts de bois trouvés en ville. Le blocus a tenu une bonne partie de la journée.
Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Malgré la présence de syndicalistes CGT et de militants d’ATTAC pour s’assurer que l’ordre règne, quelques jeunes du lycée Georges-Leygues ont foutu le feu à des palettes devant les grillesà la pause de 10h, « ceux qui ne sont pas pacifiques » et veulent répondre par le feu à la violence du système. Ce feu a fait rappliquer les flics, qui ont été la cible de jets de pierre. Si un jeune sera placé en garde à vue pour ces faits, cinq autres personnes ont été interpellées puis relâchées pour outrage et jets de cailloux sur des policiers, y compris une mère venue accompagnée son fils…
Lille (Nord). Nouveau blocus au lycée Montebello, où environ 200 personnes se sont rassemblées, vers 8 heures. « Rares sont les élèves à avoir pu entrer. L’un d’eux a d’ailleurs été escorté par des policiers, qui effectuaient, de l’autre côté de la route, un contrôle d’identité » (la VoixduNord)
Seine-et-Marne. Blocus au lycée Charles-le-Chauve de Roissy-en-Brie, à l’instar d’autres établissements du département (100 lycéens au lycée La Fayette de Champagne-sur-Seine et 80 au lycée Les Pannevelles de Provins). Des élèves ont tenté de bloquer l’entrée du lycée dès 7 h 45.
Selon des sources concordantes, entre 100 et 200 jeunes se sont regroupés devant l’arrêt de bus proche du portail principal, à l’extérieur du lycée. Certains s’étaient emparés de barrières de chantier récupérées près de la pharmacie pour organiser le blocus. Deux conteneurs poubelles ont été incendiés. Un extincteur a été jeté dans le brasier, provoquant une explosion, entendue jusqu’à la résidence des Aulnes. Manque de pot, aucun flic ni proviseur ou prof(essionnel de la paix sociale) n’était dans les parages, mais c’est un jeune regardant la scène qui a été blessé. Outre le souffle de l’explosion, il a reçu le culot de l’extincteur dans une jambe. Il souffre d’une double fracture tibia-péroné et a été transporté aux urgences du Grand Hôpital de l’Est francilien à Jossigny. En tout début de matinée, un jeune a été arrêté par les flics dont on ignore ce qui lui est reproché. (LeParisien)
Val-de-Marne. Des blocus ont lieu aux lycées Jean-Macé (commune de Vitry-sur-Seine) et Champlain au Plessis-Trévise, où une dizaine d’élèves en ont été à l’origine.
L’entrée du lycée Gaston-Fébus d’Orthez (Pyrénées-Atlantiques) est barricadée à l’aide de mobilier dès 7h30.
A Nantes, les lycées Albert-Camus (quartier Bellevue), Nelson Mandela (île de Nantes), Clémenceau et Livet sont bloqués.
Vendredi 20 décembre 2019
Nouveau blocus à Jean Macé à Vitry (Val-de-Marne), qui se solde par trois arrestations. Vers 9h, le proviseur du lycée a directement fait appel aux flics pour débloquer l’entrée. Lors de cette opération, « des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre et un policier a été atteint à la tête », indique la préfecture de police. Pour « faire cesser ces troubles, les policiers ont fait usage de gaz lacrymogène et ont interpellé deux individus pour outrage et rébellion, et un troisième individu pour des dégradations volontaires ». Ce dernier est soupçonné d’avoir jeté une barrière sur le portail d’entrée du lycée. Les dégâts s’élèveraient à 2000 €, l’établissement a porté plainte. (LeParisien)
Nantes. Quatre lycées sont bloqués. Depuis 7 h 30, les accès au lycée Clemenceau situé dans le quartier Malakoff – Saint-Donatien sont barricadés. Le lycée professionnel Léonard-de-Vinci, dans le quartier Bottière, est également bloqué. Pancartes et banderoles sont accrochées aux grilles de l’établissement. L’action dure depuis ce mercredi 18. Les lycéens veulent, par leur action, dénoncer l’application de la réforme du bac. Ils protestent également contre la précarité étudiante. Ils comptent bloquer l’entrée du lycée « toute la journée ». Un peu plus loin, des poubelles sont positionnées devant les deux entrées principales du lycée Livet, aux abords duquel un scooter est incendié. Flammes éteintes par les pompiers. Blocus également au lycée Albert-Camus, totalement paralysé pour la deuxième journée consécutive. Une trentaine d’entre eux se relaient pour empêcher les accès. (OuestFrance)
Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Jusqu’à environ 10h, des élèves ont bloqué le lycée Aristide-Briand. « On a pris ce qu’on a trouvé, notamment des barrières de chantier, pour faire part d’un ras-le-bol général, explique la dizaine de lycéens à l’origine de l’action. C’est une accumulation entre la réforme des retraites, la précarité étudiante, Parcoursup et la réforme du bac […) » « Il y a deux poubelles qui ont explosé, avec des bombes de déodorant qui ont été jetées dedans, alors qu’elles étaient en feu », lance un lycéen, en désignant une trace noire sur la chaussée, devant l’établissement. (OuestFrance)