Ces derniers mois, un virus contre lequel n’existe pas de vaccin se propage, atteignant des organismes humains affaiblis notamment par les pollutions industrielles, la misère, les conditions de survie éprouvantes. Il contamine des centaines de milliers de personnes et tue des milliers d’autres. Ce virus et le traitement médiatique qui en est fait viennent activer une terreur ancienne, celle des différentes « pandémies » de peste noire et leurs dizaines de millions de mort-es au fil des siècles, terreur confirmée et amplifiée par les mesures spectaculaires et coercitives se répandant comme traînée de poudre. La mort et la peur qu’elle inspire, tenues à distance la plupart du temps dans « nos » sociétés occidentales (ou « normalisé-e » à renfort de protocoles médicaux), semble prendre sa revanche en envahissant l’espace social et incitant chacun.e à regarder l’autre comme un facteur de risque potentiel.
Celles et ceux qui se présentent comme indispensables se targuent de nous imposer surveillance et autorité « pour notre bien » et font feu de tous bois, de la culpabilisation au discours nationaliste de merde ; de la surveillance technologique aux amendes, du tabassage à la menace de la taule. Les rues quasi-désertes sont quadrillées d’uniformes bleus et kaki, qui se réjouissent d’avoir les mains libres pour tomber sur des personnes isolées, alors que depuis plusieurs mois, dans l’hexagone comme dans différents coins du monde, la rage s’exprime intensément contre l’autorité. La sale rhétorique de la « mobilisation générale » et de « l’état d’urgence » (pour cette fois sanitaire et -comme toujours- amené à durer) est abondamment martelée, justifiant un nouveau niveau d’embrigadement des corps et des esprits, incitant chacun.e à devenir son propre maton (et si possible celui de ses proches ou moins proches, conjoints, ami.es, collègues, voisin.es etc). Les mécanismes de contrôle et de dépossession, l’aliénation et la mise au pas forcée qui sont particulièrement palpables aujourd’hui n’ont malheureusement rien de nouveau.