Aujourd’hui mercredi 29 mai commence une grève de la faim contre les conditions de détention en général et plus particulièrement en solidarité aux détenu.es qui subissent des restrictions supplémentaires comme le 41 bis (régime spécial créé contre les chefs mafieux en 1986 puis élargi au « terrorisme ». Il implique l’isolement 23h par jour, une seule heure par semaine de parloir avec les proches, 4 livres maximum, lettres censurées…) ou le mitard.
Depuis plusieurs années, diverses opérations répressives sont menées par l’État italien contre celles et ceux qui luttent contre toute forme d’autorité avec les motifs de subversion et/ou terrorisme. Ces derniers mois, la répression ne frappe pas aux portes, elle les défonce.
Actuellement, de nombreux compas anarchistes se trouvent au mitard en prison ou sous contrôle judiciaire suite à ces opérations, accusé.es d’avoir commis des attaques contre des tribunaux, des centres d’identification et d’expulsion (équivalent des CRA en France, prisons pour sans papiers), des lignes ferroviaires, des écoles de police, etc.
C’est de là que viennent les dernières nouvelles sur les conditions de détention actuelles et les restrictions auxquelles sont soumises les détenues, en particulier dans la taule de l’Aquila. Les prisonnières elles-mêmes la décrivent comme une tombe.
Les compagnonnes se retrouvent en effet au mitard, dans les vieilles cellules utilisées pour le 41 bis féminin. Réveil à 7h du matin, contrôle au détecteur de métaux à chaque sortie de cellule, fouilles quotidiennes, aucune possibilité d’avoir accès à l’heure, lettres régulièrement bloquées et toujours censurées… Les communications avec l’extérieur, fondamentales pour briser les chaines de l’isolement, sont entravées tout comme les relations sociales entre les détenues.
L’isolement n’est que le reflet le plus laid de la prison ainsi que l’est la prison pour la société.
Quand on décide de ne plus courir derrière la carotte (avec l’insolence supplémentaire de tenter en plus de la voler ou de la détruire jusqu’à ses racines) , c’est le bâton qui se fait sentir de plein fouet.
Alors que l’État criminalise jusqu’à la réalisation d’une banderole ou l’écriture d’un tract, il ne peut y avoir comme réponse au contrôle généralisé qu’un refus de plus. Les attaques, au même titre que les révoltes, contre les personnes et les structures du pouvoir sont autant de possibilités de créer ses propres chemins vers un monde sans domination.
Dans le même temps, au Chili, environ 5000 détenu.es répondent en actes à l’appel lancé mi-mai par une poignée d’autres. Le décret-loi 321, sur les conditions d’accès à la liberté conditionnelle, a été modifié en janvier. Désormais, celle-ci n’est plus un « droit » mais une « récompense », une carotte de plus pour pacifier les cages de l’Etat. Dans différentes prisons, des sections entières font une grève de la faim, perturbent le cours normal de l’incarcération en refusant les visites, les ateliers, le travail, etc.
Les prisons en feu, les matons au milieu …
Quelques infos sur la répression visant les anarchistes en Italie
Alors que 5 compas ont été condamné.es à des peines de prison allant de 5 à 20 dans le cadre de l’opération Scripta Manent (accusés d’attaques incendiaires dans les années 2000 [1] ainsi que de la création et de la participation à une organisation terroriste : la FAI/FRI), 3 compagnons sont toujours en détention provisoire depuis 2017 dans le cadre de l’Opération Panico (accusés notamment d’attaques incendiaires à Florence).
En février, se sont ouvertes des enquêtes pour « association subversive contre l’ordre démocratique » et « à finalité de terrorisme » (le dernier des deux chefs d’inculpation est depuis tombé). Expulsion de l’Asilo Occupato et 6 arrestations à Turin (opération Scintilla), plus d’une quarantaine de perquisitions et 7 arrestations à Trento (opération Renata). Après plusieurs mois de préventive, la plupart des compas sont sortis sous contrôle judiciaire à l’exception de 2 d’entre eux toujours incarcéré.es.
La semaine dernière, dans le cadre de l’opération Prometeo, 3 compas ont été arrêté.es, accusé.es d’attentats avec finalité terroriste contre des personnes, en l’occurrence de l’envoi de colis piégés à deux procureurs de Turin et au chef du département de l’administration pénitentiaire de Rome. Une compagnonne a été arrêtée sur le territoire contrôlé par l’État français et se trouve actuellement détenue à Bordeaux-Gradignan [2] en attente d’une éventuelle extradition.
Quelques jours plus tard, c’est un compagnon en cavale depuis 3 ans qui est arrêté à Brescia pour purger une peine de 6 années [3]. Il est par ailleurs sous le coup d’une enquête pour une attaque explosive contre le siège de la Lega Nord (le parti de Salvini) à Trévise.
Un autre compa a été arrêté avec comme motif d’avoir favorisé sa cavale : « complicité de soustraction à l’exécution d’une peine ».
[Publié sur indymedia nantes, 29.05.2019]
NdSAD:
[1] Les anarchistes condamnés lors du procès en première instance dans l’affaire ‘Scripta Manent’ sont accusés d’avoir commis sept attaques à l’explosif entre 2005 et 2007 (Anna n’avait pas été condamnée pour les faits de 2005). Anna et Alfredo ont été condamnés pour « massacre », « détention et transports d’explosifs » et « attentat avec finalité de terrorisme ». Les trois autres compagnons, Nicola, Marco et Alessandro ont été condamnés pour « association subversive avec finalité de terrorisme et subversion de l’ordre démocratique ». Les verdicts du 24 avril
[2] Pour lui écrire :
Natascia Savio
N° d’écrou : 93106 – cellule 114
Centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan
36 Rue du Bourdillat,
33170 Gradignan
[3] Juan Sorroche a été arrêté le 22 mai dernier à Brescia alors qu’il en cavale et recherché par les flics. Il était sous enquête pour une attaque explosive contre un local de la Lega Nord à Trévise en août 2018.
On peut lui écrire à cette adresse:
Juan Antonio Sorroche Fernandez
c.c. Canton Mombello
Via Spalto S. Marco 20
25100 – Brescia (Italie)