Acte XV des « Gilets Jaunes », France : La terreur d’Etat et les paciflics n’arrêtent pas la rébellion – 23 février 2019 [Mis-à-jour]

[Un nouvel aperçu général (mais non exhaustif) des émeutes et affrontements à l’occasion de ce quinzième samedi de désordres. Si la situation est restée calme dans la capitale, les cortèges à Rennes, Clermont-Ferrand ou encore Montpellier ont été ponctués d’attaques contre le capital, l’Etat et ses gardiens. A Lyon, une manif sauvage a traversé le quartier de la Part-Dieu dans la soirée, laissant une petite surprise à la Police aux Frontières]. 

A Rennes (Ille-et-Vilaine), c’était manif régionale pour ce quinzième acte. Plus de 2000 personnes ont pris les rues du centre-ville. « une petite heure de manifestation, trois longues heures d’affrontements », a titré Ouest-France. Les journaflics de Ouest Torchon iront de leur petit commentaire fortement inspiré de leurs potes de la préfecture : « Moins de gilets jaunes, plus de foulards noirs. L’âge s’est considérablement réduit aussi. Aux quinquagénaires et quadragénaires se joignent cette fois plus de jeunes d’une vingtaine d’années. Pendant plus de trois heures, ils joueront au jeu du chat et de la souris avec les gendarmes mobiles et policiers ». Onze personnes munies de couteaux, de clous ou autres armes par destination ont été interpellées avant même le début de la manif en début d’après-midi.

« Place de la République, boulevard la Liberté, dans les rues du Maréchal-Joffre et de Nemours, le ton monte plusieurs fois. Les forces de l’ordre chargent à plusieurs reprises, pour repousser ou disperser les manifestants, usant de gaz lacrymogènes plutôt que de la force. Des rues sont partiellement dépavées, des poubelles flambent, des vitrines sont cassées, d’autres taguées…

Une agence immobilière Foncia a notamment fait les frais des enragé-e-s : plusieurs vitres ont été brisées. « Deux banques de la rue d’Isly, la BNP et le Crédit agricole, ont été saccagées. Le siège d’Yves Rocher [qui exploite entre autres les prisonniers pour fabriquer leurs produits cosmétiques], a eu de nombreuses vitres cassées. L’Hôtel de Police a lui aussi perdu une vitre, tandis que l’hôtel de luxe Balthazar et le siège du journal « Ouest France » ont eu leurs façades taguées. Mais plus que ces dégradations, c’est surtout le nombre de feux qui a été notable dans cette manifestation. La passerelle qui enjambe la Vilaine à hauteur de l’église Saint-Germain a été incendiée. Un local technique du métro a également brûlé place Charles-de-Gaulle (cf photos ci-dessous). Ce samedi soir, la ville de Rennes est jonchée de tesson de bouteille, de restes de poubelles brûlées. Et il flotte toujours un épais nuage de lacrymogène. […] Au total, 26 personnes ont été interpellées dans la journée pour jets de projectiles ou outrages ». (le Télégramme, 23.02.2019).

« On aura votre peau », sur l’hôtel des bourges…


A Nantes (Loire-Atlantique), plus de 1000 personnes ont déambulé dans les rues du centre-ville, très vite repoussées par les flics à coups de lacrymo, ce qui a, une fois n’est pas coutume, fait fuir les consommateurs du samedi attablés en terrasse ou en train de vaquer à leurs occupations consuméristes. Sept personnes ont été interpellées : il s’agit de quatre majeurs pour « jets de projectiles » et deux mineurs pour « feux de poubelles ».

A Bordeaux (Gironde), quelques affrontements ont eu lieu. Cinq personnes ont été placées en garde à vue pour « jets de projectiles sur les forces de l’ordre, détention de matériel offensif, d’artifices et de munitions », a indiqué la préfecture. 

A Toulouse (Haute-Garonne), plus de 10.000 personnes ont pris part à cet acte XV : beaucoup de tags (dont certains sur le Palais de Justice), des abribus défoncés (pour les rares d’entre eux encore debouts) et des affrontements en fin de journée. Au total, cinq personnes ont été interpellées et se trouvaient toujours en garde-à-vue dimanche 24.02 à la mi-journée.

Mais cette journée n’avait pas encore commencé que les flics ont déboulé chez plusieurs personnes suspectées d’être en possession d’un « véritable arsenal de guerre » en vue de l’acte 15. En tout, 8 personnes « qui appartiendraient à la mouvance d’extrême-gauche » ont été interpellées. C’est La Dépêche du Midi via sa journaflic Géraldine Jammet, qui déploie son arsenal de propagande policière dans l’article intitulé : « À Toulouse, un arsenal de guerre saisi à la veille de l’acte XV des Gilets jaunes », en date du 23 février 2019.

Dans ce torchon où les flics sont gracieusement félicités pour leur travail d’enquêtes (« les services de la sûreté départementale ont opéré un sacré coup de filet »), on y apprend que « des produits détonants censés alimenter des tubes de mortier ou autres cocktails Molotov destinés aux forces de l’ordre déployées pour ce quinzième samedi consécutif de mobilisation des Gilets jaunes. Des engins incendiaires qui ont quand même été utilisés, ce samedi 23 février, par certains manifestants violents mais dans une moindre mesure de ce qui était prévu par les extrémistes ».


A Montpellier (Hérault), les samedis d’émeutes se suivent et se ressemblent… « Entre 1500 personnes, selon la préfecture, et 4000 selon les manifestants, ont arpenté les rues de Montpellier, à partir de 14 heures place de la Comédie, puis direction l’Arc de Triomphe et la gare, avant d’aller jusqu’à la préfecture vers 15h30 [où les premiers affrontements ont éclaté] » (France 3 Occitanie, 23.02.2019)

Après les premières dispersions à coups de lacrymo, la situation est devenue sauvage et incontrôlable à divers endroits.

Un récit du Métropolitain (média réac), 23.02.2019 : Des manifestants « ont pris la direction des Beaux Arts, où ils ont également mis le feu à des poubelles, avant de saccager à coups de pierres et autres projectiles lourds la station du tramway du Corum, en brisant toutes les vitres des abris implantés dans les deux sens et les armoires des affichages publicitaires et en détruisant avec des masses le kiosque à journaux. […] Ces destructions volontaires ont eu lieu après qu’une compagnie de gendarmes mobiles qui stationnaient sur la route de Nîmes, non loin du Corum, ait été dépêchée dans le quartier des Arceaux, où d’autres groupes de casseurs incendiaient des containers, brisaient des vitrines et des distributeurs automatiques de billets, DAB. Sur la place de la Comédie, des casseurs ont vandalisé les vitres du restaurant de restauration rapide McDonald’s […] Les casseurs se sont ensuite déplacés vers le cours Gambetta, avant de gagner l’avenue Georges Clémenceau, où des poubelles ont été calcinées et des vitrines de commerces et de banques brisées. Ces incidents ont éclaté dans le secteur de la place Saint-Denis, alors qu’un embouteillage monstre s’était formé. Le trafic du tramway sur les quatre lignes et des bus a été très perturbé, souvent interrompu ».

Sept personnes ont été interpellées pour « jets de projectiles sur les forces de l’ordre » et pour « dégradations de biens publics et privés ». Quatre policiers ont été légèrement blessés.

A noter que le plan de la CCI de l’Hérault pour protéger les commerces de l’Ecusson n’a pas été reconduit (135 vigiles avaient été déployés devant les magasins pour l’acte 14). Certainement que la facture était un peu trop salée… (pour un coût de 20 000 euros, soit un « agent de sécurité » pour quatre à cinq commerces, de 12h30 à 19h30).

Une autre porte du MacDo fissurée

le kiosque à journaux….

Un distributeur de tickets de tram défoncé


A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), les « Gilets jaunes » appelaient à une manifestation régionale (même si des rassemblements avaient aussi lieu au Puy-en-Velay et à Montluçon). Plusieurs milliers de personnes y ont pris part (2500 selon les flics et la presse, 5 à 6000 selon les organisateurs).

Comme les autorités le craignaient, des enragés ont été de la partie, n’entendant pas laisser le monopole de la déambulation aux pacifistes. Des banques, MacDo, magasins de fringues et de téléphonie (Orange, SFR), ainsi que des caméras de surveillance ont été attaqués, des magasins pillés. « Les premiers incidents ont débuté près du palais de justice de Clermont-Ferrand. Ils se sont ensuite concentrés autour de la place de Jaude, l’avenue des Etats-Unis, la rue du 11 Novembre, la rue des Gras et les rues avoisinantes. Les incidents se sont ensuite concentrés sur la place de Jaude. Des dégradations ont été commises contre de nombreux commerces, vitrines et caméras de surveillances cassées, début de pillage dans quelques magasins, y compris dans des commerces qui avaient installé une protection sur leur devanture. Le bilan pour le moment est de 18 interpellations et 15 personnes placées en garde à vue » (France Bleu Pays d’Auvergne, 23.02.2019). Par ailleurs, les pompiers venus éteindre les feux de la révolte se sont faits caillasser.


A Lyon (Rhône), « alors que la journée s’était déroulée dans le calme [1] », certains individus bien déterminés n’ont pas voulu en rester là et ont saisi l’occasion pour s’en prendre aux keufs spécialisés dans les rafles et les expulsions de sans-papiers…

En première partie de soirée, entre 19h30 et 21h, un cortège sauvage de 150 personnes a fait irruption dans le quartier de la Part-Dieu et semé la pagaille, en passant notamment devant les locaux de la police aux frontières, situés au 92 rue de la Part-Dieu. Un véhicule de police a été endommagé: carrosserie dégradée, pare-brises éclatés… Le cortège a ensuite pris la direction du centre commercial de La Part-Dieu, mais les vigiles lui ont coupé l’accès, ce qui ne s’est pas fait sans casse: « des vitres ont été brisées ». Une personne a été interpellée et placée en garde à vue. Aussi, toujours dans ce même quartier, deux containers poubelles ont été incendiés.

[1] Tout est relatif, comme on dit. Beaucoup de gaz vs jets de bouteilles/pavés durant l’après-midi; au moins deux agences bancaires (celle de la Banque Populaire et du Crédit Mutuel de l’avenue Jean-Jaurès) ont été attaquées, des poubelles incendiées devant le lycée « Recamier »; une dizaine de personnes ont été interpellées avant même le début de la manif pour « possession de masques à gaz, lunettes de piscine, ou tout autre objet pouvant être considéré comme une arme ». Au total, 24 interpellations ont eu lieu et onze personnes étaient toujours en garde à vue ce dimanche (Le Progrès, 24.02.2019).


A Dijon (Côte-d’Or), plus de 1500 personnes (selon dijoncter.info) ont défilé dans le centre-ville, envahissant la gare TGV comme les semaines précédentes, interrompant le trafic pendant une bonne vingtaine de minutes, avant d’en être expulsées par les cognes.

A Besançon (Doubs), plusieurs centaines de personnes ont emprunté la rue de Vesoul en vue d’aller bloquer la zone commerciale de Valentin (après celles de Chalezeule et de Chateaufarine les deux samedis précédents). Mais l’accès à la rocade était bouclé par des dizaines de gendarmes mobiles et de CRS, et le cortège a décidé d’esquiver la rocade et de prendre la direction de Temis. En longeant les grilles de la gendarmerie du Fort des Justices, des pavés ont volé en direction des bleus et de leurs véhicules. Les gendarmes ont riposté immédiatement à coups de lacrymos, et le cortège a continué sa route en bloquant les boulevards Blum/Kennedy (qui traversent la ville en longueur). Des tentatives d’aller à la prison de la Butte (où trois Gilets jaunes sont enfermés en ce moment) seront repoussées par les flics et les CRS. Ensuite, la manif est repartie vers le centre-ville et, à peine arrivée devant la mairie et la préfecture, les flics et les GM recouvrent la place de gaz après avoir reçu quelques projectiles (pétards, pierres et boules de pétanque). La manif coupée en deux (l’une sur l’avenue du 8 mai 45, l’autre vers la mairie et la rue de l’Orme de Chamars), certains partent de leur côté, d’autres restent. Alors que la foule rétrécit au fur et à mesure que la situation stagne, ça repart en sauvage en direction de la Grande rue et des containers à poubelles sont incendiés à quelques mètres de la place Pasteur. Au moins quatre personnes ont été interpellées au moment de la dispersion. Une cinquième interpellation a eu lieu en début d’après-midi pour « port d’arme » (« un couteau ») lors d’un point de contrôle.

La veille de cette nouvelle journée, vendredi 22 février, les autorités communiquaient le montant des dégâts causés samedi dernier (16 février 2019), qui s’élèveraient à 200 000 euros (60 000 euros pour le radar, les 140.000 euros pour la voierie (poubelles et mobiliers incendiés) et les bris de vitres à la galerie marchande de Chateaufarine.


A Epinal (Vosges), la manif régionale (non-déclarée mais dotée d’un service d’ordre, cf ci-dessous) a rassemblé entre 1500 et 2000 personnes. Il y a eu près de trois heures d’affrontements dans le centre-ville. Des pavés ont été descellés, des barricades enflammées, et les grilles de la préfecture arrachées (cf ci-dessous)…

Un hélicoptère de la gendarmerie avait été mobilisé pour ce deuxième rassemblement régional à Epinal.

Des dizaines de personnes ont été blessées par des tirs tendus de la part des flics (grenades lacrymo et LBD40).

Voici ce que dit France 3 Grand Est : « 6 blessés ont été recensés dont un parmi les forces de l’ordre. Les dégâts matériels ont été largement limités, notamment en raison du service d’ordre des gilets jaunes qui a tenté le plus possible de limiter les actions de quelques 350 casseurs (chiffre de la préfecture), souvent jeunes et même parfois très jeunes, venus clairement pour « casser du flic » et vandaliser » ».

Au total, 7 personnes ont été interpellées par les flics.

A Bourg-en-Bresse (Ain) aussi, des affrontements ont éclaté avec les gendarmes mobiles. 6 personnes ont été interpellées, deux placées en GAV.


Un peu partout, du monde aux péages (opération blocages/barrages d’autoroute et péages gratuits). En ce jour de grands départs en vacances, vers les stations de ski, certains manifestants ont repris le chemin des péages. Une opération escargot a eu lieu dans le Jura, au péage de Bersaillin sur l’A39.

A Belfort (Territoire-de-Belfort), après une déambulation tranquille dans le centre-ville pour cette nouvelle manif régionale, le cortège de plus de 700 personnes a trimballé les forces de l’ordre une bonne partie de l’après-midi, jusqu’à finalement esquiver leurs nombreux barrages et parvenir à pénétrer sur l’autoroute A36, qui a été bloquée une bonne demi-heure dans les deux sens. Des pavés ont ensuite volé sur les bleus, répondant aux salves de lacrymo. Les affrontements ont repris sur le Boulevard Pierre Mendes-France. Deux personnes ont été interpellées.

Sur l’A4, un barrage filtrant a été mis en place dans les deux sens à hauteur de l’échangeur de Freyming-Merlebach. Sur l’A48, entre Lyon et Chambéry, les Gilets jaunes sont au péage de Chesnes. Sur l’A9, ils sont aussi mobilisés au péage de Rivesaltes, au nord de Perpignan. Sur l’A10, des actions sont en cours à Pons et Saintes alors qu’il y a aussi des manifestants sur l’A87 à hauteur de Cholet.


Citoyennisme et bouffons médiatiques se donnent la main

Opération de communication réussie, par les citoyennistes pacifistes pour l’acte 15 du samedi 23 février : les médias ont abondamment mis en avant les deux opérations symboliques de samedi, à savoir le pique-nique devant le château de Chambord, et le blocage du dépôt d’Amazon à Toulouse.

Chambord, dans le Loir-et-Cher. Près de 1500 personnes ont participé à la kermesse géante, préparée toute la semaine en bonne concorde « avec la mairie, les responsables du château et de la gendarmerie » (BFM). Le dispositif était ainsi basé sur le modèle fan-zones, avec « un périmètre de sécurité, où les sacs et véhicules étaient fouillés aux différents point d’entrée et [où] l’alcool était purement prohibé » (la Nouvelle République). Ce pique-nique organisé loin du château mais pas trop non plus pour l’avoir en décor de fond, avaitbien sûr ses têtes d’affiche, la médiatique Priscillia Ludosky et le descendant de Louis XIV Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme (en gilet jaune), mais aussi une petite dizaine de camions pizzas, stands kebab, baraque à frites, ainsi qu’un service d’ordre d’une centaine de personnes en gilets blancs, et des ramasseurs de mégots pour laisser la pelouse du château en bon état. « Les 5500 hectares du parc rendent la sécurisation impossible mais gendarmes et gilets jaunes semblent s’être entendus sur l’interdiction de l’accès au château par crainte de dégradations ou de tags provocateurs » (huffingtonpost). La CGT y était bienvenue et ses militants ont pu parader en tant que tels, tandis que d’autres étaient grimés en « gaulois » avec autant de bleu-blanc-rouge. Deux déclarations lâchées à la presse sont à l’avenant. La première d’un des organisateurs : « On voulait vraiment montrer que les Gilets jaunes sont capables d’investir un lieu avec une forte symbolique et important pour les Français, sans qu’il y ait le moindre problème ». La seconde de Ludosky elle-même à propos du mouvement en général, qui entre deux autographes et selfies (si si), a lâché : « On est forcément tous d’accord, avec une organisation plus stricte, on aurait été plus vite ».

Toulouse. A 7h30 du matin, une centaine de personnes en gilets jaunes se sont donc installées sur le rond-point menant au 124 route d’Espagne, où se trouve l’entrepôt Amazon de la région, à la sortie 25 de l’A64. Bon, beaucoup étaient certes formellement en gilets jaunes, mais dessous il s’agissait de militants citoyennistes degôche qui avaient organisé ce « blocage » pour faire parler d’eux : la plupart membres d’Attac, du collectif les Désobéissants de Toulouse ou d’ANV Cop 21 (ANV signifiant Action Non-Violente). En guise de « blocage », il s’agissait de pneus posés sur la chaussée pour simplement ralentir le trafic automobile sans le bloquer, et dans un seul sens pour Amazon (laissant rentrer les livreurs, mais pas sortir les camions de marchandises). « Il s’agit d’un protocole non violent, on ne fait pas brûler de pneus » a même déclaré sans ironie aux journaflics un bouffon de ANV Cop21 (La Dépêche du Midi). Quant aux critiques d’Amazon ? Ben, surtout pas la technologie ou la marchandise, car ce qui inquiète ces braves militants, c’est d’abord « l’évasion fiscale » de la multinationale, mais aussi « le réchauffement climatique avec ses fortes émissions de carbone » liées aux camions de l’entreprise. Une banderole « Amazon exploite et tue » a tout de même sauvé l’honneur, entre une intervention de clowns et la prestation d’un saxophoniste. Bref, une belle opération de com’ non-violente, pour qu’on parle moins des affrontements et de la casse hebdomadaire à Toulouse chaque semaine.


Isère : Perquisition et GAV pour deux Gilets jaunes au petit matin

En Isère, on a appris que les flics sont allés chercher deux « Gilets jaunes » à leurs domiciles samedi matin. Les deux ont été placés en garde à vue, dans le cadre d’une enquête menée par le parquet pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences ou dégradations » (accusation fourre-tout qui permet à l’Etat de faciliter les placements en GAV) et « organisation d’une manifestation sur la voie publique sans déclaration préalable », ajoute le procureur, Éric Vaillant. Dans une vidéo, ils avaient appelé à mener une opération « péage gratuit » à Voreppe sur l’A48.


Des blocages dans la semaine

Recension non exhaustive, parce que trop fastidieuse, mais ces quelques exemples montrent qu’ils continuent ici ou là.

Auchan et Lafarge (Perpignan), 23 février. « Avant de rallier les abords du péage nord dans l’aprés-midi, les Gilets jaunes, appuyés des syndicats, ont bloqué ce samedi matin les accès à Auchan pour dénoncer le futur projet de magasin automatique sans personnel quand d’autres [drivés par un type de la France Insoumise] ont préféré se rendre plus au nord sur l’usine d’enrobés Lafarge pour contester le futur projet d’extension du site. » (L’Indépendant, 23/02)

Hypermarché Cora (Ardennes), 23 février. « Nouveau samedi agité à Charleville-Mézières. L’acte XV des gilets jaunes à Charleville-Mézières a une nouvelle fois été marqué par des tensions entre manifestants et forces de l’ordre. Les premières tensions sont survenues en fin de matinée alors que les gilets jaunes avaient décidé de bloquer l’hypermarché Cora à Villers-Semeuse. Huit manifestants étaient interpellés et placés en garde à vue après 1h15 de blocage. » (radio8fm, 24/02)

Plate-forme logistique (Picardie), 21-22 février. « Des Gilets jaunes se sont installés aux abords de l’entreprise FM Logistic, rue du Bois-de-Tillet, et de Carrefour à Crépy-en-Valois dans la nuit de jeudi 21 à vendredi 22 février. Dès 4 heures du matin, une cinquantaine d’entre eux a mis le feu à quelques palettes. Ils souhaitaient, comme à l’accoutumée, bloquer les livraisons effectuées par les poids lourds. Une dizaine de gendarmes de la compagnie de Senlis sont intervenus. Après de brèves négociations de la part des Gilets jaunes, ces derniers ont libéré le site vers 7h 30. » (Courrier Picard, 22/02)

Nestlé (Haute-Savoie), 20 février. « Les gilets jaunes sont-ils anti-Chocapic ? Depuis 22 heures mercredi soir, ils étaient une trentaine venus d’Annecy et de Rumilly, à se relayer pour bloquer l’accès au site de fabrication de l’usine Cereal Partners France (groupe Nestlé), sur la zone industrielle des Pérouses à Rumilly. Usine qui fabrique notamment les fameuses céréales au chocolat. Ils avaient installé des palettes et des pneus pour empêcher les camions d’entrer ou de sortir du site. Ils ont été délogés par les gendarmes ce jeudi matin vers 9 heures. Les forces de l’ordre sont toujours sur place pour déblayer les accès et surveiller le site. » (Le Dauphiné, 21/02)

Raffineries/dépôts pétroliers (divers), 19 février. Mardi s’est produite une action coordonnée de tentative de blocage de raffineries, parfois avec les syndicats. Ce fut le cas au dépôt pétrolier de Mulhouse (Haut-Rhin) et Saint-Priest (Rhône), et à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), à chaque fois par entre 30 et 50 personnes au petit matin, délogées par les flics.

Hypermarché Carrefour (Var), 16 février. À Ollioules (Var), plus d’une centaine de gilets jaunes ont bloqué l’accès à un hypermarché Carrefour lors de l’acte XIV du mouvement le 16 février dernier. Selon le site de Var-Matin, la direction de l’enseigne souhaiterait se faire rembourser le manque à gagner qu’elle évalue à environ 331 000 euros. Une participante du mouvement aurait été convoquée au commissariat pour recevoir la déclaration de l’avocate de l’hypermarché.


Narbonne (Aude), 21 février : Vengeance d’État après des incendies en décembre dernier

Jeudi 21 février, six personnes ont été interpellées, accusées du saccage de la sous-préfecture du 1er décembre (entre autres, portes et portail brisés), après deux mois et demi d’enquête. Cinq ont été placées en détention provisoire, et une a été laissée libre. Ils seront jugé ce lundi 25 février par le tribunal correctionnel de Narbonne pour des dégradations commises à hauteur de 100 000€.

Ce même jour, quatre personnes suspectées d’avoir participé mi-décembre à un incendie de la zone de péage sud de Narbonne ont été écrouées. Les quatre personnes âgées de 29, 30, 36 et 37 ans sont inculpées de l’incendie ravageur qui avait eu lieu le 15 décembre, soit deux semaines après un autre feu plus important qui avait endommagé la même barrière de péage de Narbonne sud, à la sortie de l’autoroute A9. Interpellés en début de semaine (18-19/02), ils étaient jugés ce jeudi en comparution immédiate pour « complicité de dégradation ou détérioration de biens d’autrui par moyens dangereux pour personnes ». Trois d’entre eux ont demandé un délai pour préparer leur défense et le procès de tout le groupe a été renvoyé au 6 mai. Le parquet a requis leur détention provisoire jusqu’à cette date, une demande acceptée par le juge. Par ailleurs, le parquet de Narbonne avait annoncé fin janvier le placement en détention provisoire de huit personnes, et de six autres sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l’incendie du 1er décembre, dont les dégâts sont estimés à hauteur de 100 000 euros.

Rennes, 19 février : l’Etat se venge à coup de RAID …

Mardi 19 février, ce sont deux équipes du Raid, l’unité d’élite de la police nationale, qui sont intervenues vers  dans deux quartiers, à Villejean, et avenue du Canada, au Blosne, pour interpeller à leur domicile deux hommes âgés d’une trentaine d’années. Ils sont soupçonnés de dégradations dans le cadre d’une manifestation du mouvement des Gilets jaunes, à Rennes, samedi 2 février. Après 48h de GaV, ils ont été relâchés et placés sous contrôle judiciaire, avec obligation de pointer chaque semaine au commissariat de
Rennes. Les deux trentenaires, au casier judiciaire vierge, sont convoqués devant le tribunal correctionnel le 11 juillet 2019.


Casseurs pas payeurs

L’Assemblée nationale prendra à sa charge les frais occasionnés par les dégradations sur les domiciles ou les voitures des députés, selon le journal Le Parisien le 18 février. Une décision prise par les questeurs du Palais Bourbon pour les parlementaires victimes de vandalisme ces derniers mois.

Le journal rappelle que, depuis septembre 2017, l’Assemblée avait déjà mis en place un système permettant de rembourser les frais liés à des dégradations sur les permanences des parlementaires, quand les assurances ne le faisaient pas ou qu’ils avaient à s’acquitter d’une franchise. Le système s’étend donc aux logements et aux véhicules.

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