Acte XII des Gilets Jaunes : Les brèves du samedi 2 février [Mis-à-jour,6 février 2019]

Le samedi, ça déborde et ça dégrade !

Ce douzième samedi a encore fait des dégâts dans les centres marchands de plusieurs villes. Si à Toulouse, ville en tête du désordre depuis le début du mouvement, on compte moins de vitrines par terre et de commerces saccagés que les samedis précédents, pas mal de tags et quelques dégradations ont été recensés d’après les journaux. A Bordeaux, Rennes et Rouen, il y a eu une nouvelle fois bon nombre de dégâts.

A Rennes, des centaines de personnes sont descendues dans les rues en dépit de l’interdiction de toute manifestation au centre-ville décrétée par la préfète, Michèle Kirry. Vers 15h45, la manif « Gilets Jaunes » a rejoint le cortège contre la loi Asile et Immigration pour se diriger vers la préfecture où des poubelles ont été incendiées. Vers 16h30, des dizaines de personnes cagoulées ont fait irruption dans le centre-ville, détruisant agences bancaires et immobilières, mais aussi des vitrines d’une lingerie féminine, d’un chocolatier et d’un vendeur d’illustrateur rue Jules Simon (source: Rennes Infos Autrement)

Voici un extrait du communiqué de la préfète: “Mobilisées en nombre important, les forces de l’ordre ont été confrontées à près de trois cents individus très hostiles et agressifs”, note la préfète dans un communiqué. “Ces derniers, extrêmement mobiles et équipés pour casser, ont brisé des vitres de l’Hôtel de Ville, des commerces, tagué des slogans et incendié des poubelles.”

Sur la place de la République, des groupes ont affronté les forces de l’ordre jusqu’à 18h30. Cinq personnes ont été interpellées, d’après la maire de la ville. Le centre ville de Rennes a connu un 3ème samedi de débordements et de dégradations”, a regretté la maire de Rennes, Nathalie Appéré.

A Bordeaux, les dégâts se sont concentrés une fois de plus autour du cours Pasteur. On apprend en lisant Sud Ouest de ce lundi 4 février que « l’agence Foncia qui fait le coin du cours Pasteur a été saccagée. Vitres brisées, bureaux vandalisés, fils d’ordinateurs qui traînent… Et un agent de sécurité pour veiller à ce qui reste dans les courants d’air ».

Chaque samedi, le cours Pasteur n’en finit pas de porter les stigmates des manifs. C’est précisément à cet endroit, après les premiers affrontements à Pey-Berland, que se déroulent les affrontements avec les policiers. « Ce samedi n’a pas manqué à la règle. Les services de nettoyage ont eu beau enlever le plus gros tout de suite après, il reste encore des traces. C’est bien simple. Tout ce qui porte l’appellation « agence », bancaire ou immobilière, est désormais protégé par des planches en bois. Plus ou moins.

Samedi, on a en effet vu des manifestants arracher certaines de ces palissades pour en faire des boucliers. L’agence de voyage Globe Travel a même dû murer une partie de sa vitrine après avoir été entièrement saccagée le 12 janvier. C’était la 3e attaque qu’elle subissait. Banques ou agences immobilières ont parfois connu plusieurs dégradations au fil des manifs. Comme cette agence d’intérim vandalisée samedi. Ordinateur et… chaussures de sécurité ont été emportés. Sans compter les marches et bordures de trottoir attaquées au marteau pour fournir des pavés. Un peu plus loin, place Pey-Berland, les habitants d’un des immeubles au-dessus des trémies du parking partagent leur entrée avec la Caisse d’épargne, désormais abritée par des planches en bois. « Fraternité. Ici, vivent des familles, des retraités, des étudiants… Merci » ont-ils écrit… » (Sud Ouest, 04.02.2019) Ah, mais cachez donc cette guerre sociale que les citoyen.ne.nes ne sauraient voir…

« La nouveauté de l’acte XII, c’est l’abondance des tags. La rue Sainte-Catherine, (artère principale du centre-ville, NdSAD) en a reçu son lot. Mais c’est encore cours Pasteur que les tagueurs se sont déchaînés. Parfois avec « humour » : « on veut du meilleur tofu », ont-ils écrit sur la vitrine d’une épicerie bio. […] Tandis que, sur les abris de la station de tram de la place Pey-Berland, des employés de la propreté s’efforçaient d’effacer des insultes envers la police, un énorme « poulets aujourd’hui, nuggets demain » s’étalait encore dimanche matin sur la façade du musée d’Aquitaine. Lors de son dernier chiffrage, à la mi-janvier, la mairie de Bordeaux avait évalué à 7 500 euros le coût de l’effacement des graffitis sur neuf samedis. L’ensemble des dégâts atteignait alors un million.

Dix-neuf émeutiers présumés ont été interpellés et placés en garde à vue au commissariat central de Bordeaux. Dimanche soir, il n’en restait plus que deux, qui se sont vus prolonger leur GAV de 24h supplémentaires.

A Toulouse, la préfecture dresse le bilan de ce douzième acte : « deux agences dégradées rue Bayard, des tags sur des devantures de magasin, des tirs de mortiers et des jets de projectiles en direction des forces de l’ordre, des feux de barricades et de poubelles ainsi que des dégradations de mobilier urbain ».

A Rouen, il y a eu des affrontements avec les forces armées de l’Etat et quelques attaques de banques, comme celle de la Société Générale de la rue Jeanne d’Arc. Au total, six personnes ont été interpellées. (source: Rouen dans la Rue)

A la veille de l’acte 9, la métropole de Rouen estimait alors les dégâts commis en marge des manifestations de gilets jaunes dans la ville à 850.000 euros. Mais ça, c’était il y a trois semaines…

A Nantes, il y a eu quelques actes de destruction, contre des panneaux publicitaires notamment, avec des messages de solidarité avec Simon, violemment tabassé par les flics de la BAC lors de son arrestation le samedi précédent (26.01) et envoyé en taule pour six mois ferme. Il avait été interpellé en possession d’une massette et s’était fait casser le nez par les cognes.

Les manifs ont été tendues en Bretagne, alors que cette journée était placée sous le signe de « dénonciation des violences policières ». Certain.e.s n’ont pas fait que dénoncer mais se sont vengé.e.s directement, ce qui est assez rare pour ne pas être signalé.

A Morlaix, un CRS s’est fait démolir la tronche. Il a définitivement perdu plusieurs dents. Quatre manifestants ont été interpellés, dont l’agresseur présumé du policier blessé. Certains manifestants ont tenté d’envahir le commissariat et « de nombreux jets de projectiles, d’engins explosifs ont été constatés et des feux de palettes et de poubelles ont été allumés juste à côté.

A Quimper, c’est une bouteille remplie d’acide chlorydrique qui a giclé sur les yeux d’un agent des forces de l’ordre. Il a du être hospitalisé.

A Dijon, Toulon, Besançon, des affrontements ont aussi eu lieu. A Strasbourg, plusieurs centaines de personnes ont défilé dans le centre-ville, où des barricades ont été érigées et des projectiles ont volé sur les flics. Des abriibus et panneaux publicitaires ont volé en éclats, tandis que quelques vitrines de magasins ont été étoilées. Dans un communiqué publié le sir-même, le maire de Strasbourg, Roland Ries (PS), fait part de son indignation quant aux dégradations de l’après-midi. Il fait la liste des dégâts au centre-ville et déplore l’impact néfaste sur l’économie locale, en raison notamment des vitrines brisées et de l’interruption du tramway. On apprend que le centre administratif de la place de l’Étoile a été vandalisé.

A Valence (Drôme) était prévu une manif régionale des Gilets Jaunes. Plusieurs milluers de personnes s’y sont retrouvées, dans une ville sous état de siège, complètement bouclée par les flics: pas de transports en commun, sorties d’autoroutes tout autour de la ville fermées, commerces barricadés, des centaines d’hommes en uniformes quadrillant la ville, ses gares… Quelques tags ont été réalisés le long du parcours. En voici quelques-uns:


La nuit pour les sauvages !

Plus tard, de joyeuses déambulations nocturnes et sauvages étaient programmées dans plusieurs villes le soir venu. Mais on sait depuis que les interdictions préfectorales de manifestations sont tombées à la pelle (ce qui signifie un quadrillage policier des villes) et qu’à certains endroits (Rouen par exemple) cette « Nuit jaune » n’a pas eu lieu.

Et pourtant, on apprend qu’à Bayonne, cette première nocturne a été plus fun qu’ailleurs… « Le cortège parti vers 21 h de la faculté, a traversé le centre-ville via la cathédrale et la mairie avant de se rendre à la sous-préfecture. C’est là que les débordements ont commencé, avec des tags sur des façades, des jets de cailloux sur les camions de policiers, des vitrines d’agences d’assurances et bancaires vandalisées [ainsi que leurs DABs]. Puis c’est le commissariat de Bayonne qui a été la cible de ces quelques individus : ils ont détruit la caméra de surveillance, caillassé le bâtiment, tenté d’allumer un feu de poubelle devant les grilles de l’entrée.  » (France Bleu Pays Basque, 03.02.2019)

Cinq personnes ont été interpellées dans la soirée. Elles ont toutes été séquestrées pendant 48h pour « dégradations volontaires aggravées, en réunion, avec visage dissimulé ». 


La rue ne sera jamais aux fachos !

A Paris, les fascistes des « Zouaves » et du SO des « Gilets jaunes » (auto-proclamé ou non, peu importe), dont font partie plusieurs néonazis notoires (des membres d’orgas telles que « l’Oeuvre Française » ou des miliciens tels que Victor Lenta, ancien de la légion et ex-membre de « Génération Identitaire Toulouse », se sont faits chasser de la manif par des antifascistes. Certains d’entre eux ont mangé l’asphalte avant de quitter la manif. Samedi 26 lors de l’acte XI, les « Zouaves » avaient attaqué un cortège d’extrême-gauche. Sans oublier que régulièrement ces mêmes samedis, leur présence donne lieu à des ratonnades et une volonté de maintien de l’ordre interne (fasciste) aux manifs GJ. 

A Toulouse, les fascistes du « Média pour tous » (c’est-à-dire le journafaf Vincent Lapierre qui se présente comme « journaliste indépendant », encore proche de Soral et E&R il y a peu, ainsi que ses quatre gardes du corps et son cadreur), ont connu quelques mésaventures à la manif de l’acte 12. Traînant un peu trop du cortège anticapitaliste et anarchiste, plusieurs personnes leur sont tombés dessus et les ont roués de coups. Cette raclure de bidet, qui fait sa victime sur sa chaîne youtube, a fait un petit tour par l’hôpital.

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