Les petits miracles d’autocombustion d’éolienne comme à Limouzinière (Loire-Atlantique) le 3 janvier ou d’autoincendie de transformateur électrique d’un champ d’éoliennes en activité comme à Rouvray (Morbihan) le 4 janvier, ont un temps. Quelques jours plus tard, on apprenait ainsi qu’un mât de mesure du vent, structure indispensable à toute future implantation d’éoliennes, avait été officiellement saboté sur la commune de Folles (Haute-Vienne). C’est son promoteur Eolise qui l’annonçait dépité, alors que les pandores avaient comme souvent décidé d’observer un silence prudent pour tenter de débusquer en toute discrétion les petites mains habiles et déterminées qui s’en étaient prises à lui.
Mardi 9 janvier, la donne a quelque peu changé : c’est en effet la gendarmerie elle-même qui a directement contacté ses porte-parole officiels (Le Dauphiné et France Bleu) pour annoncer qu’un nouveau mât de mesure avait été frappé, cette fois au col de la Bataille dans le Vercors, portant à quatre le nombre de sabotages d’éoliennes (sur pied ou en projet) depuis le début d’une année qui commence bien. Haut de près de 80 mètres et situé sur la commune de Léoncel (Drôme), ce mât « servait à mesurer les données météo et notamment la vitesse du vent en vue de la création d’un parc éolien » de 6 aérogénérateurs industriels de 150 mètres chaque, pour le compte de la société RES. Forcée de reconnaître que « le geste volontaire ne fait aucun doute car plusieurs haubans -les câbles soutenant le mât- ont été découpés net », la gendarmerie a même fourni bénévolement la photo du résultat aux journaflics, qui ont dûment crédité leur source en légende. Suite à la section de ses haubans, point faible de ce genre de structure, le mât de mesure n’a en effet pas résisté bien longtemps, et a fini par se plier en deux sous l’effet des vents mauvais qui continuent de souffler contre ces monstres d’acier.
Pour qui a un peu de mémoire, on se souvient que ce n’est pas la première fois qu’une infrastructure de la société RES est touchée. La nuit du 31 mai au 1er juin 2018 à Marsanne (Drôme), un incendie avait volontairement et totalement détruit une éolienne et endommagé partiellement une autre, causant plus de deux millions d’euros de dégâts. Un incendie revendiqué quinze jours plus tard par de joyeux anonymes qui précisaient notamment « Nous rêvons, non d’organisation, mais d’individu.es agissant pour leur compte », après avoir détaillé leur méthode enflammée afin d’inspirer d’autres ennemis de la domination.
RES qui est donc touchée pour la seconde fois en six mois est une multinationale anglaise dont le siège social français est basé en Avignon, et qui possède des bureaux de développement à Paris, Lyon et Bordeaux, ainsi que deux centres d’exploitation à Dijon et à Béziers. Elle gère déjà 37 parcs éoliens terrestres, et vient d’être désignée pour en construire un nouveau, cette fois offshore, dans la baie de Saint-Brieuc en Bretagne (62 gigantesques éoliennes de 216 m chacune)*. Pour qui serait intéressé à continuer de mettre des bâtons dans les roues des fournisseurs du jus de ce monde, RES vient également d’inaugurer une centrale photovoltaïque au sol de 2 hectares aux Lauzières, près de Nîmes (Gard), et de démarrer le chantier en novembre d’une seconde centrale à Saint Marcel (Eure, Normandie) sur 18 hectares (+ 16 hectares d’extension, permis de construire en cours). Enfin, pour clarifier à qui peut bien servir toute cette énergie, rajoutons que c’est également RES qui vient d’être choisie par le géant de la sidérurgie et de la guerre ArcelorMittal, pour construire une troisième centrale photovoltaïque au bord du Rhône, cette fois à Laudun-l’Ardoise (Gard) sur rien moins que… 20 hectares (la surface de 28 terrains de football, pour donner une idée).
Face aux éoliennes comme aux autres structures de câbles électriques, de flux d’ondes et de réseaux de données qui alimentent ce monde d’autorité, ces sabotages montrent une fois de plus qu’aucune d’entre elles n’est intouchable : avant leur construction en faisant se fracasser à terre leur études préalables, ou après en leur coupant directement la chique.
Vers une liberté sans mesure débarrassée de tous les barreaux techno-industriels !
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