[Quelques-mises-à-jour, 5. Mai 2020]
Freudenstadt et Bitburg : attaques de comicos – 1er mai 2020
Dans la soirée, des individus masqués ont attaqué le commissariat de Freudenstadt (Bade-Wurtemberg) vers 21h15: ils ont lancé deux cocktails Molotov en direction du comico. Une des bouteilles enflammées s’est écrasée au sol à quelques mètres du poste de police et s’est éteinte toute seule. L’autre s’est coincé dans un arbre et a atterri devant l’entrée d’un café-restaurant. On suppose que les auteurs ont lancé les engins incendiaires depuis un parking à étages. Ils ont pu prendre la fuite sans être interpellés. Les flics se sont mis à leurs trousses, avec plus d’une vingtaine de patrouilles et un hélicoptère, mais sont rentrés bredouille.
A Bitburg (Rhénanie-Palatinat), un individu masqué a lancé un engin pyrotechnique dans l’entrée du poste de police à Eifel. La police a précisé qu’il y a eu une détonation et provoqué de grosses fumées rouges. Il y a eu quelques dégâts. Deux suspects ont été arrêtés temporairement. Des preuves auraient été saisies parmi des jeunes de la zone d’Eifel. Les bureaux ont été enfumées et les pompiers ont dû intervenir pour ventiler l’endroit.
Saarbruck : la CDU perd toutes ses vitres – 1er mai
Le local de la CDU à Saarbrück se fait péter ses vitres, y compris celles de la porte d’entrée. C’est un passant qui signale les faits vers 5h. « Les raisons ne sont jusqu’à présent pas établies, mais une motivation politique n’est pas à exclure », d’après les flics.
Hambourg : voiture de société immobilière incendiée – 30 avril 2020
« En pensant aux rebelles et personnes impactées par l’état de siège des flics dans le quartier de Friedrichshain [de Berlin], nous avons livré aux flammes une voiture de la société immobilière ‘Pott & Harms’ dans la nuit du 29 au 30 avril. » Dans le communiqué, le(s) incendiaire(s) exprime(nt) leur solidarité avec le Hausprojekt Liebig34 menacé d’expulsion et conclu(en)t par : « Car attaquer est nécessaire et est toujours possible ».
Dresde : attaque du pôle emploi – 30 avril 2020
« Nous avons profité de la nuit de Walpurgis pour nous rendre au pôle emploi de la rue de Budapest en dehors d’un rendez-vous. Non pas parce qu’on aime y être, mais pour renforcer notre critique par de la peinture et des coups de marteau. Nous avons voulu précisé qu’il est aussi possible de se défendre face aux administrations publiques, de manière solidaire, déterminée, légale ou illégale mais toujours légitime! Le pôle emploi est l’expression d’une contrainte absurde du travail et de la performance. Quiconque a déjà été confronté ne serait-ce qu’une fois à des sanctions (qui menacent notre existence) le sait […] »
Magdebourg : Attaque d’une agence de recouvrement – 30 avril 2020
Dans la nuit du 29 au 30 avril, nous avons attaqué le Creditreform de la rue du Grand Diesdorf. Nous inscrivons l’action dans la cadre des activités multiples qui ont lieu en amont du 1er mai partout dans le monde. Nous pensons qu’il n’est pas nécessaire de formuler des mots pour expliquer les raisons de choisir une agence de recouvrement comme cible. Toute personne qui reçoit des lettres de Creditreform, dont la somme augmente à chaque lettre, ressent au plus profond d’elle-même de l’angoisse et de la rage contre ce système injuste.
Nous avons laissé libre-cours à cette rage en détruisant une vitre avec une hache et en vidant un extincteur rempli de goudron à l’intérieur des bureaux. Nous y avons aussi laissé le message « 1er mai – attaquons les porcs du recouvrement » et détruit les vitres restants par des jets de pierres. Nous espérons que la peinture a rendu les bureaux inutilisables, du moins temporairement et qu’ils ne pourront plus envoyer de lettre pour le moment. […] Pour la révolution sociale »
[à partir de chronik.blackblogs.org]
Leipzig – Nuits de barricades et une voiture de vigiles qui flambe
Dans le quartier de Connewitz, à Leipzig, les nuits ont été agitées à l’approche du 1er mai et après.
Dans la nuit du 29 au 30 avril, les flics sont d’abord intervenus pour éteindre un feu sur la chaussée vers 2h15. Des barres en bois qui entourent les arbres ont été arrachées puis amassées avant d’être incendiées sur la Bornaische Straße. Puis vers 4h15, c’est une voiture du prestaire de services de sécurité Dussmann qui a été incendiée dans la même rue, cette fois-ci à hauteur du Wiedebachpassage. La Ford Fiesta d’une société de vigiles a entièrement brûlé. Pour ce dernier incendie, c’est la section antiterroriste et de défense face à l’extrémisme (PTAZ) de Saxe qui s’est saisie de l’enquête.
La nuit suivante, un feu s’est déclaré peu après 4h sur un chantier au carrefour de la Hammerstraße et de la Bornaische Straße, où des barrières de chantier amassées ont été cramées.
Enfin, dans la nuit du 1er au 2 mai, pour la troisième nuit d’affilée, des barricades faites de planches en bois et divers objets ont été incendiées à quatre endroits différents sur la Bornaische Straße, aux alentours de 23h30. Un arrêt de bus de la LVB (société de transport de Leipzig) a aussi été détruit. Intervenant sous haute protection policière, les pompiers ont fait la découverte peu après minuit de quelques autres incendies, notamment sur la Herderstraße. La police a annoncé avoir arrêté plusieurs personnes (sans préciser le nombre), dont un jeune homme qui aurait sorti un feutre noir devant une patrouille et écrit les lettres ACAB sur le mur d’un immeuble.
Berlin – Feux de voitures et attaques contre les promoteurs de la gentrification
Dans la nuit du 30 avril 1er mai, trois voitures sont incendiées dans le quartier de Kreuzberg. Le feu est mis vers 2h15 à deux voitures, une BMW et une Mercedes, garées dans la même rue (Ritterstraße). Une troisième voiture, une VW, garée devant les deux autres, est légèrement endommagée par les flammes.
Dans la nuit du 1er au 2 mai, un SUV-Mercedes garé dans la Plantagenstr. est incendié peu après 1h dans le quartier de Wedding. Quatre véhicules sont incendiés plus tard sur un parking dans le quartier de Reinickendorf.
Pour la journée du 1er mai, de multiples appels à manifester et à des actions décentralisées avaient circulé. C’est notamment pour cette raison qu’environ 5000 flics étaient déployés dans les rues pour faire respecter l’interdiction de rassemblement de plus de 20 personnes sur l’espace public, une des mesures prises dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus.
Au pont de Kottbuss, devant le parc Görlitz et la place Marianne, plusieurs centaines de manifestant-e-s se sont rassemblé.e.s en début de soirée avec fusées, pétards et fumis. Les flics ont rapidement chargé, arrêté et blessé plusieurs manifestant-e-s, non sans résistance. Au total, il y a eu 50 arrestations et 100 relevés d’identité.
La veille, lors de la nuit de Walpurgis [1] dans le quartier de Friedrichshain, entre 100 et 200 personnes masquées se sont rassemblées sur la Dorfplatz, au carrefour de la Rigaer Straße et de la Liebigstrasse, quartier sous occupation policière quasi-permanente. Tout au fil de la soirée, les patrouilles de flics seront régulièrement attaquées à coups de bouteilles de peinture. Dans un premier temps, des engins pyrotechniques sont allumés d’un balcon d’immeuble de la Liebigstr vers 21h puis 40 minutes plus tard, ce sont des bouteilles remplies de peinture qui sont jetées sur des véhicules de flics. Plus tard, d’autres bouteilles sont jetées sur trois patrouilles, sans succès. Vers 23h30, deux autres patrouilles sont prises pour cible depuis un immeuble de la Rigaerstr., sans que là non plus elles ne soient touchées. Mais quelques heures plus tard, vers 2h50, un des nombreux lancers finit par atteindre sa cible, endommageant un véhicule de police côté conducteur. Au total, 5 personnes sont arrêtées dans le quartier par les flics pour « non-respect de distance physique » (fixée à 1m50).
Au cours de cette même nuit, les fenêtres et la porte d’entrée de la permanence du SPD de la rue de la mairie de Lichtenberg sont sabotées à la mousse expansive, sa façade taguée.
Les vitres du bureau de Aeris, une des entreprises co-responsables de la gentrification à Rummelsbourg, sont brisées et la façade repeinte dans la Bleibtreustraße à Charlottenburg; actions revendiquées contre la gentrification de Friedrichshain et du parking de Rummelsbourg [2].
Vers 3h50, des bombes de peinture verte et bleue sont jetées contre la façade d’un immeuble (Loft) appartenant au groupe Streletzki, situé dans la Köpenicker Straße à Mitte. Dans le même temps, dans la Seumestraße à Friedrichshain, un espace de Co-Living se fait péter plusieurs vitres. Le propriétaire de cet immeuble n’est autre que l’homme d’affaires Padovicz, qui veut expulser depuis plusieurs années l’espace féministe-queer ‘Liebig34’ pour en faire un nouvel immeuble pour bobos. La revendication publiée sur indymedia dit notamment: « l’immeuble appartient à l’entreprise Padovicz, qui fait tout pour mettre à la rue le Liebig34. Le bâtiment au n°1 n’est pas un simple immeuble de logements. Il héberge des apparts meublés et repose sur les concepts de Co-Living, afin de pouvoir louer un deux-pièces à partir de 1600 euros. […] Pour plus d’actions décentralisées. Démolissons l’entreprise Padovicz! »
Dans la soirée du 29 avril, une voiture garée dans l’enceinte d’un chantier à Tempelhof-Schöneberg est livrée aux flammes vers 21h30. Le véhicule est entièrement détruit par le feu. Plus tard dans la nuit, des slogans et des symboles sont tagués le long de la Schönhauser Alle à Prenzlauer Berg. Ces tags réalisés à la peinture noire sont « probablement le fait de l’ultra-gauche » (selon les flics). D’autres tags (« avec un contenu politique ») ont été inscrits sur la façade des locaux du parti ‘Die Linke’, situés dans la Weydingerstr. à Mitte.
NdT:
[1] « Fête néo-païenne en l’honneur de Sainte Walburge (710-779), qui a lieu dans la nuit du 30 avril au 1er mai. Célébrée clandestinement dans toute l’Europe depuis des temps reculés, malgré les interdits et les excommunications de l’Église, elle a été identifiée au sabbat des sorcières. Elle est surtout le symbole de la fin de l’hiver, parfois associée à la plantation de l’arbre de mai ou à l’embrasement de grands feux. » (wikipedia)
[2] Il s’agit d’une zone de l’Est de Berlin située entre Lichtenberg et Friedrichshain, en proie à la spéculation immobilière et à la gentrification.
[Synthèse réalisée à partir des médias allemands et d’indymedia]