Pour le troisième jour d’affilée, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes du Liban contre les responsables de la misère (banques, politiciens..) toujours plus grande alrs que le déconfinement a été amorcé à partir de lundi. A la différence de la veille, les manifestations et les émeutes ont éclaté à la nuit tombée un peu partout, comme à Tripoli).
À Tripoli, épicentre du mouvement, des centaines de manifestant-e-s se sont une nouvelle fois affronté-e-s aux militaires au rond-point de Mina. Les émeutier-e-s ont jeté des pierres et des pétards sur les soldats qui ont riposté en lançant des bombes lacrymogènes et en tirant des balles en caoutchouc pour les disperser. Les manifestant-e-s ont ensuite coupé la route à l’aide de pneus enflammés au niveau de la place al-Nour, réclamant la libération des personnes arrêtées la veille (au nombre d’une vingtaine). Par ailleurs, une patrouille de flics en civil a arrêté un émeutier présumé, accusé d’actes de vandalisme dans la ville.
L’armée a de son côté indiqué que 23 soldats ont été blessés lors des heurts à Tripoli (Nord) et à Saïda (Sud), dont un militaire qui a dû être amputé de plusieurs doigts. 24 personnes ont été arrêtées seln l’armée, dont deux ressortissants syriens et deux autres palestiniens, pour avoir lancé des pétards, des pierres et des cocktails Molotov contre les militaires, et d’avoir provoqué des actes de vandalisme et des attaques contre des propriétés privées et publiques ». L’armée ne précise pas où ont eu lieu ces arrestations.
Toujours dans le Nord, des affrontements ont aussi eu lieu à Beddaoui entre protestataires et militaires, selon la chaîne LBCI. Les soldats sont intervenus à bord de véhicules blindés et ont essuyé des jets de cocktails Molotov, de pétards et de pierres. Un poste militaire a été attaqué par les manifestants et l’un des véhicules de l’armée a été endommagé.
Mais c’est surtout à Saïda (sud) que la situation a le plus chauffé : des révolté-e-s, criant « Saïda, soulève-toi ! », ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles contre le bâtiment de la Banque Du Liban et ont saccagé des agences bancaires dans la rue des banques. La situation restait tendue peu avant minuit alors que l’armée poursuivait les contestataires dans une tentative de les disperser.
À Choueifate, à quelques kilomètres au sud de Beyrouth, des cocktails Molotov ont été lancés sur l’agence de la Byblos Bank dans la soirée.
A Taalabaya (Békaa), à l’est de Beyrouth, des protestataires ont coupé la route dans les deux directions. A Jeb Jannine, dans la Békaa-Ouest, des manifestants ont protesté devant le domicile du vice-président du Parlement libanais, Elie Ferzli. A Beyrouth, la route a été coupée à Kaskas dans les deux directions.
Par ailleurs, un groupe de manifestant-e-s a pénétré dans le bâtiment abritant les locaux de la direction de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), au niveau du rond-point de Adlié. « On en a marre des monopoles et des vols commis par les commerçants », ont scandé les manifestants sur place. Plus au nord, des protestataires ont coupé l’autoroute qui relie Tripoli à Beyrouth, au niveau du pont Palma à l’aide de gravats. Ils manifestaient contre l’inflation et l’effondrement de la monnaie locale.
Au sud-est du pays, les services de renseignement de l’armée ont arrêté plusieurs activistes de la localité de Marj qui ont pris part aux dernières manifestations.
D’autres manifestations se sont tenues dans plusieurs villes du sud du pays, notamment à Hasbaya, à Tyr ou encore à Nabatiyé, où la foule scandait « Révolte-toi Nabatiyé ».
Durant ces quatre derniers jours de révolte, l’armée a fait un mort et plus d’une centaine de blessées.
Le mouvement de révolte, qui couve depuis plusieurs mois dans plusieurs régions, a repris de plus belle ces derniers jours avant le « déconfinement » progressif à partir de lundi dernier.
Affrontements à Saïda, soirée du mercredi 29 avril:
[A partir des agences de presse iranienne via L’Orient-LeJour, 29 et 30.04.20]