La nuit dernière [8.4.20], un bureau de profiteur de prisons a été attaqué à Brême.
« Il y en a tellement derrière les barreaux dont nous avons besoin dehors. »
Vitres détruites et bureau dégueulassé. Hier soir [8.4.20], nous avons montré avec vigueur aux architectes de GSP ce que nous pensons des profiteurs du système carcéral. Sur son site, le cabinet GSP (Gerlach Schneider und Partner Architekten) parraine la construction et la modernisation de plusieurs prisons, notamment la prison de Brême et celle de Tegel à Berlin. Veiller à ce que les gens soient enfermés à l’aide des mesures de sécurité les plus modernes est au cœur du métier de GSP. Quant au fait de s’assurer que leur propre infrastructure soit protégée, il n’y parvienne apparemment pas.
« GSP signifie construire de manière sensible et contemporaine. »
La taule, ce système clos par excellence, agit quasiment comme une relique des siècles derniers dans le monde formidable du numérique innovant. Néanmoins, la prison remplit toujours différents aspects qui forment la condition préalable à une société structurellement capitaliste et autoritaire. L’objectif de l’enfermement est d’isoler, de discipliner et de (re)socialiser pour en faire une main-d’œuvre fonctionnelle. Par ailleurs, ces mesures ont pour but d’effrayer les personnes qui sont « dehors » et de les inciter à continuer de s’auto-exploiter et/ou de se faire exploiter. L’architecture d’une prison manifeste la tentative de discipliner et de surveiller totalement le corps humain.
En revanche, les nouvelles méthodes de surveillance numérique, de contrôle et de punition sont plus difficile à saisir que les vieux ennemi.e.s du mouvement anti-autoritaire. Caméras, drones, traçage, technologie portable [1], évaluation sociale par un système à points (comme en Chine), évaluation des cookies, des applis et des analyses de données complexes généralisent le système de contrôle hors des murs de la taule. Elles s’appliquent souvent dans des domaines qui nous sont invisibles et créent une asymétrie fondamentale entre la personne qui surveille et celle qui est surveillée. De plus, les gens n’ont aujourd’hui guère besoin d’un scénario de menace pour avoir recours au profilage commercial et à l’auto-discipline : être seul.e et en même temps surveillé.e en permanence était autrefois un cauchemar. Au 21ème siècle, cela est devenu une promesse. Il y a toujours quelqu’un, dans la petite boîte noire, qui t’aperçois et s’adresse à toi. La peur d’être enfermé.e est remplacée par celle d’être exclu.e des bulles sociales (virtuelles), ce qui est considéré par tant de gens comme la pire menace à la sécurité existentielle.
Retour aux sources
Dans la situation de crise actuelle, nous pouvons voir sur quelle jambe se tient l’État, en étant le plus assuré, comme garant du monopole de la violence. Tous les mots chaleureux, les appels à la raison et les appels à la solidarité (limitée à celle nationale) pour faire face à la pandémie sont étayés par des contrôles de police en masse et l’intervention de l’armée pour maintenir l’ordre à l’intérieur du pays. Au 21ème siècle, les tirs de LBD et les prisons ont également un bien meilleur impact que n’importe quel algorithme. Ceci nous montre par ailleurs que les nouvelles méthodes améliorées de contrôle ne remplacent pas forcément les anciennes, mais elles élargissent plutôt l’arsenal.
Dans cet esprit, la lutte contre la prison et l’enfermement reste bien importante, même si le monde dehors prend de plus en plus l’allure d’une prison.
Nous regardons attentivement vers l’Italie, la France, l’Espagne et le Brésil où des révoltes éclatent dans plusieurs prisons avec pour fond l’aggravation de nos conditions causée par la quarantaine avec le soutien venant de l’extérieur, ensemble contre l’oppression du pouvoir d’État. […]
Nous détestons autant les prisons que les méthodes technologiques de surveillance et de contrôle plus modernes. Nous continuerons à sortir dans les rues et à attaquer ceux qui travaillent à l’amélioration des systèmes de contrôle de l’État.
Contre l’État et son appareil de violence ! Rasons les prisons !
Liberté pour les trois du banc public, pour Lisa, pour les 18 de Bâle et pour tou.te.s les autres prisonnier.e.s. On ne vous oublie pas !
[Traduit de l’allemand de indymedia, 09.04.20]
NdT :
[1] C’est ce qu’on appelle en français « technologie portable », c’est-à-dire toute sorte de vêtement ou d’accessoires qui contient des éléments de l’innovation technologique. L’un des exemples les plus connus sont les « Google Glass » ou les montres connectées…