Le 22 janvier 2019 au matin, 4 perquisitions ont eu lieu chez des camarades des milieux anarchiste et féministe de Grenoble. Elles ont été menées dans le cadre d’une enquête sur les incendies des gendarmeries de Grenoble et Meylan survenus en septembre et octobre 2017.
Un appartement squatté, un appartement loué et une maison squattée à Grenoble aini qu’un local associatif à Fontaine ont fait l’objet de recherches plus ou moins poussées.
L’effectif présent était d’une vingtaine de gendarmes, de policiers, du psig (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie), d’officiers de police judiciaire et de sections de recherches dans chaque lieu.
Ce texte a pour but de raconter en détail les perquisitions qu’ont subies les camarades et les questions qui leur ont été posées.
D’abord, il a été assez compliqué d’avoir accès aux commissions rogatoires. Les flics ne laissaient pas le temps de lire la commission en entier et aucune copie n’a été obtenue suite à la perquisition. Les commissions rogatoires concernaient des personnes et non des lieux. Toutes les personnes perquisitionnées l’ont été en tant que témoins* dans l’enquête pour « la manifestation de la vérité » comme ils disent ! Elles ont été interrogées sur place mais personne n’a été fouillée ni embarquée. On pense qu’elles ont été entendues en audition libre. Pour la plupart d’entre elles, les camarades n’ont rien déclaré.
Les véhicules des personnes nommées ont aussi été perquisitionnés. Les fouilles des véhicules ont été rapides et n’ont donné lieu à aucune saisie.
Dans chaque lieu, le matériel informatique a été systématiquement saisi (ordis, téléphones et smartphones, disques durs, clés usb et MP3), c’était clairement leur premier objectif, et avec en plus la saisie d’un coupe boulon. Ils ont pris des photos d’affiches, stickers, brochures, livres, cds, en particulier tout ce qui apparaissait comme anti-flics ou organisationnel (planning, agenda mural).
La fouille était minutieuse dans certain·e·s lieux et pièces : livres feuilletés, courrier personnel lu, tous les contenants ouverts, canapés retournés, matelas soulevés, tout est passé sous leurs yeux. Selon les lieux, tout a été parquisitionné ou seules les personnes qui était nommées sur les commissions rogatoires ont eu leur chambre perquisitionnée en plus des espaces collectifs. Pour d’autres encore, il a fallu leur rappeler qu’ils ne pouvaient pas perquisitionner les chambres des gens qui n’étaient pas nommés pour qu’ils s’arrêtent.
Les personnes qui n’avaient rien à voir avec la perquisition se sont fait contrôler (ou pas) et leurs affaires fouillées (et embarquées si ça se trouvait dans les espaces collectifs) mais elles n’ont pas été obligées de rester jusqu’au bout de la perquisition.
Les questions posées lors des interrogatoires ont été différentes suivant les camarades interrogé·e·s. Nous en avons fait une compilation de mémoire et certainement on en a oubliées.
– Est-ce que le véhicule xxxx est bien le vôtre ?
– Est-ce que votre véhicule était bien garé le [date] à [heure] avenue Léon Blum (note : c’est la rue de la gendarmerie de Grenoble et d’une maison anciennement squattée)
– Comment vous déplacez-vous en ville ? Vous déplacez-vous à vélo ? Vous êtes sûre que vous ne vous déplacez pas à vélo ?
– Est-ce que vous habitiez bien au xx avenue Léon Blum ?
– Connaissez-vous [liste de personnes] ? Est-ce qu’elles habitaient au XX avenue Léon Blum ?
– Est-ce que ceci est bien votre numéro de téléphone ?
– êtes-vous utilisatrice du numéro XXXXXXXX ? Savez-vous à qui il appartient ? Savez-vous pourquoi il a émis à l’antenne relais d’Esmonin à 1 heure du matin le 21 septembre 2017 ?
– Etes vous proches des milieux/idées féministes et/ou anarchistes ?
– Avez-vous une aversion pour la police ?
Après avoir menacé d’enfoncer les portes des endroits squattés, les perquisitions se sont déroulées plutôt tranquillement. Dans certains lieux, les camarades pouvaient se déplacer, causer entre elles,… Des notes ont pu être prises sur le moment de tout le matériel saisi. Par contre aucun procès verbal de persquisition ni de liste d’objets saisis n’ont pu être obtenues malgré l’insistance.
Durant ces interrogatoires et pendant les persquisitions il était assez clair que les camarades ont fait l’objet d’une surveillance dans le cadre de ces enquêtes, que ce soit des téléphones ou de leurs allées et venues.
Il ne serait pas surprenant que d’autres lieux et personnes puissent être sous surveillance. C’est pour ça qu’il nous semble important de transmettre ce qu’ont vécu les camarades.
On se rappelle que des flics ont été spécialement missionnés sur cette enquête, une instruction judiciaire est ouverte. Sans tomber dans la parano, il nous parait important de faire attention, de garder en tête qu’une surveillance est en cours dans les mileux anarchistes et féministes. Pour autant la répression n’arrêtera pas nos luttes !
* Le statut de témoin veut dire que les personnes ne sont pas mises en cause pour le moment dans l’enquête mais qu’elles peuvent apporter des éléments permettant la fameuse manifestation de la vérité. Ce statut ne permet pas d’avoir accès au dossier d’instruction.