[Quelques infos sur la révolte au Chili de ces derniers jours. Il est impossible d’en faire une liste exhaustive et certaines brèves ont déjà été évoquées dans le texte « Contre tout pouvoir« .]
Mercredi 30 octobre
En raison de la révolte généralisée qui embrase le pays en ce moment, le chef de l’État chilien Pinera a décidé d’annuler les deux sommets qui devaient se tenir sur le sol chilien d’ici la fin de l’année. Il s’agit des deux sommets de la Coopération Economique pour l’Asie-Pacifique (l’APEC) des 16 et 17 novembre et du climat de la COP25 (du 2 au 13 décembre), qui devaient se tenir à Santiago.
Au moins sept engins de l’industrie forestière ont été brûlés sur la commune de Lumaco, en région d’Araucanie, en territoire Mapuche. Selon les carabiniers et les ouvriers, un groupe d’une dizaine de personnes cagoulées a fait irruption sur la zone et a bouté le feu aux machines. Au total, sept engins de chantier et un camion de la ‘Forestal Mininco’, situés à Capitán Pastene, ont été détruits par les flammes. Un tract du groupe « Natchez Pelantaru », lié à la ‘Coordinadora Arauco Malleco’ (CAM) a été retrouvé sur place. D’autres véhicules de l’industrie forestière ont été incendiés dans la région mapuche d’Arauco quelques jours avant.
Dans la région de Atacama, huit routes ont été coupées dans la matinée par des manifestant.e.s, qui ont érigées des barricades de pneus enflammées: il s’agit de la Ruta 5 Norte, entre Caldera et Copiapó, mais aussi entre Copiapó et Vallenar. Les autres communes impactées dans leur trafic sont Diego de Almagro (ruta C-13), Tierra Amarilla (C-35), Huasco et Freirina (C-46). Les autres routes barricadées dans la commune de Copiapó sont les routes 31, 33, 391 et 397 qui servent d’accès secondaires et de liaisons avec les entreprises minières de la région.
Mardi 29 octobre
A Quilpué, dans la région de Valaparaiso, un incendie a détruit le bâtiment de la Municipalité. Le feu aurait été allumé par des jets de cocktail Molotov alors que des personnes s’affrontaient avec les carabiniers dans le secteur. Le lendemain, on apprend que deux personnes ont été identifiées et condamnées pour cet incendie: une personne majeure a été placée en détention provisoire et une autre, mineure, assignée à résidence.
A Santiago, des pillages et des affrontements on eu lieu ce mardi soir : cinq personnes ont été arrêtées pour le pillage du magasins de fringues ‘Tricot’ à Alameda. Au cours de la nuit, un magasin ‘Claro’ a été pillé puis incendié à Paseo Estado…
A Copiapó, si la manif du matin a été calme, celle de l’après-midi a été tout autre: des groupes d’encapuchadxs se sont mis à ériger des barricades, à affronter les carabiniers, à péter les vitrines de magasins à coups de pierres et à les piller. 70 personnes ont été arrêtées.
Lundi 28 octobre
A Santiago, outre l’incendie des stations de métro de Santa Lucía et Baquedano, de nombreux commerces ont été attaqués (pillés), comme le Fashion’s Park et le MacDonalds au niveau de ‘Santa Rosa’. Juste à côté, le centre médical ‘Integramédica’ a été incendié. Non loin, un restaurant de la chaîne ‘Piccola Italia’ a été pillé par des inconnus, le rez-de-chaussée complètement dévasté. Au même moment, les bureaux du Secrétariat régional du Ministère de la Santé (SEREMI de Salud) ont été livrés aux flammes. Après avoir forcé le rideau métallique, des individus cagoulés ont pillé et retourné les trois étages d’un centre commercial, qui ensuite a été livré aux flammes.
En outre, une manifestation a bloqué deux voies de circulation à hauteur du 34ème kilomètre sur autoroute 5 à hauteur de Buin, où des camions remplis de marchandises ont été pillés.
A Antofagasta, au nord du pays, un camion-trémie a déchargé son tas de gravats et de rochers au milieu de la route, coupant le trafic. Le conducteur de l’engin, interpellé par la police, a expliqué que des individus l’avaient forcé, sous la menace, à décharger son camion.
La mairesse Karen Rojo a déploré les actes de destruction et de violences commis par des groupes qui s’organisent pour déstabiliser les municipalités, les villes. »
A Concepcion, outre les saccages de magasins comme celui de ‘Abcdin’ ou de la chaîne ‘Johnson’, où mannequins, bicyclettes et appareils électro-ménagers ont fini dans le feu des barricades, la salle de répétition de l’orchestre de Concepcion est partie en fumée. Le bâtiment de la Compagnie Générale d’Electricité est lui aussi attaqué.
Non loin, à Coronel, des pillages ont été commis contre un centre commercial, ainsi qu’un hypermarché ‘Lider’, où les carabiniers ont très vite rappliqué pour mettre fin à cette action d’expropriation colllective. La journée s’est soldée par près de 80 arrestations.
A Valparaiso, après une marche massive qui a de nouveau tenté d’atteindre le siège du pouvoir législatif, les carabiniers ont gazé la foule dans le secteur de ‘Parque Italia’, au milieu de l’avenue ‘Pedro Montt’. Durant la nuit, des barricades ont été érigées à divers endroits de l’avenue Errázuriz. A cela se sont ajoutés plusieurs pillages dans les supermarchés de Los Andes et de La Calera. Il en a été de même pour les bureaux de l’Inspection du travail, où un des véhicules de l’État a été brûlé.
A Nogales, dans la région de Valparaiso, un camion sur l’autoroute bloquée est pillé juste avant la tombée de la nuit.
A Quillota, toujours dans la même région, 25 commerces de la ‘Feria Modelo del Parque Aconcagua’ ont été touchés par un incendie: 17 d’entre eux ont complètement brûlé. Un groupe de plus de 200 enragés s’est dispersé dans le centre-ville, coupant les rues par des barricades en feu, pillant des magasins comme celui de ABCDin ou encore en incendiant une succursale de la Banco Santander. Tandis que les routes (5 Nord et la route 60) étaient barricadées, un centre commercial ‘Open Plaza de la Calera’ a quant lui été pillé. Sur la Plaza de Armas, une agence bancaire de la ‘Scotiabank’ a été dévastée, avec un début d’incendie.
A Maule (province de Talca), 21 personnes ont été arrêtées, 17 blessées, 3 policiers et 2 pompiers blessés; 2 péages brûlés, des pillages, des tentatives d’incendie de banque et une attaque contre un bureau parlementaire, tel est le bilan de la journée de manifestation de lundi et en début de journée de mardi.
A Temuco, des barricades sont érigées en face de la Universidad de la Frontera (ci ci-contre). Pendant ce temps-là, la statue Pedro de Valdivia, conquistador espagnol au XVIème sc., est détruite par un groupe de manifestant.e.s.
A Arica, un mineur de 13 ans a reçu une balle dans la tête au cours des émeutes de la nuit de lundi à mardi 29 octobre. (par un commerçant excédé ou un carabinier…? les médias ne disent pas d’où elle est partie)
A Iquique, la journée de lundi s’est terminée par des barricades incendiées et des affrontements avec les carabiniers, ainsi que de nombreux pillages de magasins et de pharmacies. 52 personnes ont été arrêtées.
A Punta Arenas, en territoire Mapuche, la foule s’est donnée rendez-vous sur la Plaza Muñoz Gamero et a défilé à travers le centre-ville. La situation est devenue incontrôlable à partir de 20h après la dispersion. Un groupe de personnes masquées, pour la plupart jeunes, a convergé au carrefour de la rue Pedro Montt et Magallanes où il a allumé une barricade. Puis une autre barricade est montée au croisement des rues Chiloé et Errázuriz. Une agence de la Banco Santander et le Work Café ont leurs vitres et caméras brisées. Puis les carabiniers sont intervenus, dispersant les émeutiers à travers le centre-ville : la Caja de Compensación Los Héroes, ainsi qu’une agence de la banque Itau sont saccagées et le supermarché Unimarc pillé. Mais vers 22h, les destructions se sont intensifiées un peu partout dans la ville : feux et panneaux de signalisation défoncés, vitrines de commerces détruites à coups de pierres… Une dizaine de coupures de courant ont été recensées dans plusieurs quartiers de la ville (le centre et le quartier du Prat), faisant en sorte que les désordres se poursuivent bien après minuit…
Des scènes de désordre (barricades et affrontements, pillages, saccages, incendie) ont entre autres été enregistrées à Copiapó, Talca, Coquimbo, La Serena, Rancagua et Osorno.