Chili : Un autre texte de compagnon-ne-s sur la révolte d’octobre

Une révolte peut-elle être capturée dans toute sa magnitude au travers d’un simple article sur ce site? Est-il possible ne serait-ce que de faire comprendre tout ce qui s’est passé depuis une semaine sur le territoire dominé par l’État Chilien? Peut-on calculer ou énumérer les innombrables incendies, caillassages, pillages, destructions de l’infrastructure de l’État, du capital et de l’autorité?

Pourrions-nous décrire en quelques mots la quantité d’affrontements, d’embuscades, d’attaques contre les forces répressives, des militaires, aux flics et autres agents de la PDI ?

Nous pensons sincèrement que c’est impossible, mais cherchant à rendre compte et à diffuser, nous avons publié un bref récit des événements.

Après la hausse du tarif du métro, le secteur le plus insurgé des élèves du secondaire a décidé de désobéir au nouveau noeud mis au cou de celles et ceux qui survivent à Santiago, c’est de cette manière qu’ont commencé à s’organiser des fraudes massives dans différentes stations de métro. Ces beaux gestes de révolte n’étaient pas seulement individuels ou sectoriels, mais cherchaient aussi à étendre les complicités en ouvrant la porte à ce que quiconque puisse frauder.

Comme on pouvait s’y attendre, la répression s’est abattue avec brutalité, en même temps que les fraudes massives commençaient à se multiplier et à dépasser le protagonisme intial des compagnon-ne-s du secondaire.

L’État a décidé de réprimer la moindre de ces expressions, allant jusqu’à se ramasser dans son objectif de mantenir le fonctionnement normal du métro. De nombreuses stations ont été fermées par la répression ou la surveillance des flics à l’intérieur des métros, provoquant des affrontements à tout moment.

C’est le vendredi 18 octobre que de bonne heure les affrontements ont commencé à se produire dans toutes les avenues principales de Santiago et surtout aux alentours des métros. Et le soir venu, nous nous trouvions dans un contexte de révolte généralisée, diverses structures du capital étaient spontanément attaquées par les révolté-e-s dont le nombre avait augmenté. Tout ce qui nous opprime, où que ce soit, s’est transformé en cible.

La ville entière a brûlé, la révolte est devenue reproductible et contagieuse. Des centaines de banques cramées, des institutions financières, des bureaux gouvernementaux, des bâtiments entiers destinés au saccage de l’environnement sont partis en flammes, plusieurs stations de métro ont été attaquées et quelques-unes complètement incendiées.

La police était débordée et au cours de la nuit du 18 au 19 octobre, le gouvernement a décrété l’État d’Urgence, remettant à l’Armée la tâche de contrôler la révolte. Mais le 19 et le 20, les émeutes sont restées incontrôlables, détruisant tout ce qui a l’odeur du capital et de l’État, la révolte se répandant cette fois au niveau national, alors que ce n’était déjà guère ou plus du tout l’augmentation du tarif du métro qui importait, mais les conditions de vie misérables sous le capitalisme.

À partir de là, le gouvernement et le général Iturriaga (en charge de la zone métropolitaine [de Santiago]) ont décrété le Couvre-feu et l’interdiction pour l’ensemble de la population de circuler dans les rues pendant certaines heures. Le couvre-feu a été enfreint dès le début et jusqu’aux derniers jours (27 octobre) où il a été appliqué.

La répression a généré un nombre incalculable de personnes blessées, arrêtées, torturées, agressées sexuellement et disparues. Nous n’avons confiance ni dans les chiffres du gouvernement, ni dans ceux des Instituts de Droits Humains, nous savons qu’il y en a beaucoup plus ….

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas parler de la fin de la révolte, même si celle-ci a pris davantage une tournure de protestation généralisée après les trois premières journées de soulèvement. Nous ne savons pas comment tout cela va continuer, mais nous savons que ce n’est pas terminé, nous avons pu le voir ces derniers jours avec d’énormes manifestations dans le centre dévasté de la capitale, avec de longs affrontements contre les forces répressives (Militaires, carabiniers ou agents de la PDI).

De Noticias de la Guerra Social, nous reconnaissons que personne ne peut s’attribuer les révoltes généralisées, tout simplement parce qu’elles appartiennent à toutes celles et ceux qui ont été dans la rue. À partir de maintenant, nous continuerons à oeuvrer à la diffusion de celles et ceux qui défient et attaquent l’autorité.

La révolte est reproductible et contagieuse!

[Traduction d’un texte de Noticias de la Guerra Social publié le 28.10.2019, reçue par mail]

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