Argentine : Un regard anarchiste et révolutionnaire – Au sujet du rassemblement émeutier devant le consulat chilien – 21 octobre 2019

[Lundi 21 octobre, des centaines de personnes se sont rassemblées devant les consulats du Chili à Buenos Aires et à Mendoza [1]. Dans la capitale, des centaines de personnes ont tenu à manifester devant le consulat chilien situé Av. Presidente Roque Sáenz Peña, afin de montrer leur solidarité avec la révolte en cours dans le pays voisin. Parmi les manifestants, il y avait beaucoup de membres d’organisations de gauche et d’extrême-gauche, mais aussi des anarchistes et anti-autoritaires qui ont donné de la voix et pris à partie les portes-paroles de la domination que sont les journalistes, bien collants et agressifs. Ces laquais de l’ordre ont été chassés aux cris (entre autres) de “la presse bourgeoise ne nous intéressent pas”: un chroniqueur et deux caméramans ont été blessés. Un des journalistes dégagés, travaillant pour Crónica TV, a parlé d’un “groupe d’infiltrés qui a crié “Mort à l’Etat””. Des poubelles ont ensuite été incendiés (13 containers), du mobilier urbain retourné, des caméras de surveillance détruites et les flics antiémeute attaqués à coups de projectiles et de bombes incendiaires. Les organes de presse parlent de 6 à 11 arrestations à la suite des affrontements pour “violences et dégradations” principalement. Ci-dessous un texte de compagnon.ne.s anarchistes au sujet de ce rassemblement émeutier et solidaire]

ARGENTINE: à propos des « incidents » devant le consulat chilien à Buenos Aires le 21/10. Un regard anarchiste et révolutionnaire.

De nouveau, le spectacle médiatique hausse sa voix indignée, on parle d’infiltrés, de kichnerisme et de la gauche, de n’importe quel sujet permettant de détourner l’attention du conflit, les excuses abondent en vue des élections, encore les maudites élections, mais jamais la rebellion, jamais la liberté, nous le savons tous et toutes, de l’autre côté de la cordillère ils sont en train d’assassiner nos compagnon-ne-s, les rebelles qui affrontent policiers et militaires les visant directement avec les fusils et mitraillettes qu’ils ont à disposition, ils et elles font le choix d’ériger des barricades, de prendre des pierres, de l’essence et de se masquer.

Face à ce climat nous avons décidé de faire un pas en avant, d’affronter face à face celles et ceux qui volent notre vie au quotidien Ont-ils déjà oublié que la police tue un-e jeune chaque 24 heures en Argentine ? Il est tout à fait hypocrite que les mêmes qui disent se solidariser avec une révolte sociale, défendent la police, les banques et la presse, de quelle solidarité parlent-ils ? Il ne s’agit de rien de plus que de l’utilisation politique des circonstances, d’accrocher de nouveau leurs drapeaux , avant de retourner le lendemain dans leurs quartiers aisés et à leurs logiques hiérarchiques.

La révolte ne connait pas de frontières parce que l’essence des États est la même, celle de la domination et de l’exploitation, celles et ceux qui disent que le contexte n’est pas le même ne parlent qu’à partir du privilège, ils et elles ne savent pas ce que c’est de voir disparaître son salaire en deux minutes, de gâcher sa vie au travail et de baisser la tête chaque fois qu’il faut passer la SUBE [carte de transport en vigueur dans la province de Buenos Aires] sur le tourniquet, ils et elles ne savent pas ce que c’est d’être aspergé de produits toxiques, de manger du poison ou de se faire coincer par les keufs.

Ces mots sont pour les rebelles qui rêvent encore d’un monde réellement différent, pas pour celles et ceux qui chantent “les balles seront rendues” et défendent ensuite la presse bourgeoise qui nous ment et criminalise tous les jours, allant jusqu’à les appeler “travailleurs de la TV”. De quelle opposition sont-ils en train de nous parler ? Ces mots sont pour celles et ceux qui veulent reprendre leurs vies en main, ni les drapeaux, ni la représentativité ne nous intéressent, au contraire nous croyons dans la révolte autonome, sans leaders ni dirigeants, et face à tout ces discours vides prétendant être “anti keufs”, nous nous réaffirmons, nous le mettons en action et nous disons qu’attaquer la police est totalement justifié par cette vie de misère à laquelle ils nous soumettent.

CONTRE L’ÉTAT, LE CAPITAL ET LEURS FAUX CRITIQUES !
NOUS NE SOMMES PAS DES INFILTRÉ-E-S, NOUS SOMMES LA RAGE, NOUS SOMMES LA SOLIDARITÉ QUI DÉPASSE LES FRONTIÈRES !

QUE VIVE LA RÉVOLTE SANS PARTIS

[Traduit de l’espagnol de Anarquia.info, 22.10.2019] 

NdSAD:
[1] Des scènes similaires se sont produites à Mendoza, où les flics ont été attaqués, des véhicules vandalisés et des barricades érigées, perturbant la circulation du tramway… 19 personnes ont été arrêtées.

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