Dans la nuit du 4 au 5 septembre, une patrouille de police a été attirée par quelques lueurs de flammes dans l’obscurité de la ville de Brême. Vers 02h45, les flics ont découvert un autocar de la Bundeswehr en feu, garé en plein centre-ville, sur le Breitenweg. L’incendie a été revendiqué sur internet [communiqué traduit en intégralité de l’allemand ci-dessous].
La police a évalué les dégâts à 15 000 euros. L’origine de l’incendie est clairement volontaire. Ce 8 septembre 2019, l’attaque a été revendiquée par des « anonymes » sur de.indymedia.org.
Le bus de douze mètres de long était orné de trois bandes aux couleurs du drapeau allemand, ainsi que l’inscription en énorme : « Bundeswehr. Wir. Dienen. Deutschland. » [« Bundeswehr. Nous. Servons. L’Allemagne »].
Désarmement nocturne dans le centre-ville de Brême
Nous savons que la seule chose qui soit plus forte que la tension vers la liberté, c’est la haine envers celles et ceux qui nous la prennent.
La gare centrale de Brême a été équipée de 52 caméras haute-gamme et d’un commissariat tout neuf. Les personnes qui ne correspondent pas à l’image assainie de consommatrices et de voyageuses sont harcelées, criminalisées et refoulées par les flics fédéraux et la police municipale. Même sous la coalition rouge-vert-rouge [1], la présence des flics continue d’augmenter.
Cette évolution n’est pas un hasard. A travers l’image de flics bien équipés et lourdement armés, nous devrions nous habituer à la force supposée du pouvoir de l’ordre étatique. Nous devrions ressentir la présence des uniformes comme quelque chose de normal, que ce soit celle de la police municipale, de la protection des biens et des locaux, des flics ou des soldats. Aussi normal que la publicité pour les assassins et les fascistes de l’armée allemande qui nous entoure chaque jour. Nous sommes censé.e.s laisser beaucoup de place aux flics dans nos têtes afin que nous soyons le plus contrôlé possible et que nos vies soient disciplinées.
Votre normalité tue !
Il s’agit de lutter contre cette normalité des autorités qui provoquent peur et culpabilité, celle des uniformes qui supposent une obéissance incorporée, celle des monstres de la technologie qui s’autonomisent et qui conduisent à une (auto)surveillance permanente. Cette normalité s’oppose à une vie auto-déterminée, à la mise sur pied de structures collectives et de projets non-commerciaux.
L’armée allemande (Bundeswehr) fait partie de cette normalité de merde qui tue, patriarcale et autoritaire. C’est pourquoi nous avons incendié un autocar de l’armée à la gare centrale (nuit du 4 au 5 septembre 2019).
Ce signal de fumée va aux personnes enfermées. Salutations solidaires aux :
trois de « banc public », aux trois de l’autoroute, au compagnon Loïc, aux 18 de Bâle, au compagnon de Zurich, Andreas Krebs, à Lisa.
Nous pensons à vous et continuons de mener nos luttes communes.
NdT:
[1] Coalition des trois principaux partis de gôche
[Repris de la presse allemande, 05.09.2019]