« Une Stainoise a été condamnée à 15 mois de prison avec sursis pour avoir commis de nombreuses dégradations de bâtiments, en l’occurrence des tags et des incendies. La femme, ancienne Gilet jaune, se revendique des black blocs et dit notamment avoir voulu réveiller le mouvement, qu’elle juge désormais inutile à Étain.
Au cours des mois de juin et juillet 2019, la commune d’Étain déplore de nombreuses dégradations : les façades de la mairie et d’un bureau de tabac ont été taguées de « ACAB », « Anarchie » et « 1312 », fameux slogans anti-police très largement utilisés en manifestation. Un radar automatique a également été dégradé. Un container à vêtements, un véhicule et un feu tricolore ont été incendiés.
Au tribunal de Verdun, Séverine (prénom modifié) est poursuivie pour une dizaine de motifs. Une bombe de peinture noire, similaire à celle ayant servi à tracer les tags, a été retrouvée dans sa voiture, mettant les forces de l’ordre sur la piste d’autres dégradations ayant eu lieu les semaines précédentes, notamment l’incendie de l’ancienne cabane faisant office de QG aux Gilets jaunes du secteur, des tags sur la maison des solidarités et d’autres sur une agence immobilière.
Séverine, ancienne Gilet jaune d’Étain, reconnaît avoir commis plusieurs de ces méfaits, notamment plusieurs graffitis, l’incendie du feu tricolore et de la cabane. « Avant on se battait pour quelque chose », regrette-t-elle à ce sujet. « Après, ils faisaient plus que des barbecues. Oui, c’est de la vengeance, mais y’avait personne dedans ! »
Elle dit avoir fait tout cela pour réveiller les consciences des Stainois, mais aussi pour attirer l’attention du maire, qu’elle sollicite pour des soucis de logement sans, dit-elle, parvenir à lui parler.
La femme trépigne, dit avoir du mal à s’exprimer. « En gros, j’en ai plein le cul, les gens se plaignent mais ils font rien […] J’ai juste voulu me faire entendre, c’est tout ». Elle conteste en revanche avoir écrit certains tags, comme ceux de la maison des solidarités, qui comportaient des insultes et étaient faits au marqueur bleu, non à la peinture noire. « Moi mes mots c’est ACAB ou 1312, c’est pas fils de pute ».
« Quid de demain ? », s’interroge le procureur, qui requiert une forte peine. « Votre mode opératoire, c’est les incendies et les tags. Dans une société normalisée, c’est le bulletin de vote ». Pour la défense, la prévenue est sincère. « En garde à vue, elle est tout de suite passée à table et a reconnu des faits qui ne lui étaient pas encore reprochés. Alors pourquoi mentirait-elle pour ceux-là ? ». Pour l’avocate, « le sursis est une évidence » car Séverine est « fragile, blessée par la vie, elle a le sentiment d’être à contre-courant ». La prévenue écopera finalement de 15 mois avec sursis, et 3 ans de mise à l’épreuve. Elle devra également indemniser les victimes, à hauteur de 1 € pour le bureau de tabac, et 150 € pour la commune.
[Repris de l’Est Républicain, 01.08.2019]