A partir de 15h, plusieurs dizaines de personnes commencent à se rassembler autour de la fontaine des Réformés.
Deux banderoles sont déployées (« Ni prisons Ni frontières, Liberté pour toutes et tous » et « Ni de leurs guerres, ni de leur paix, révolte contre tous les pouvoirs »), tandis que quelques conseils en cas de garde-à-vue et d’arrestation sont diffusés, ainsi qu’un texte contre l’enfermement, la militarisation et la machine à expulser.
Le départ se trouve compliqué par la présence massive des flics dont on comprendra – plus tard – qu’ils sont là pour la manif des gilets jaunes, qui passe juste à côté en créant un « appel d’air ».
Après quelques hésitations, le cortège s’élance sur les allées Gambetta, aux cris de « Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons/les centres de rétention », « Liberté pour toutes, avec ou sans papiers ! », « A bas l’État, à bas les flics, feu aux prisons, aux centres de rétention », « De l’air ! de l’air !, brûlons les frontières », « A bas les taules, la PAF et les frontières ! ».
Une cinquantaine de personnes essaye de se frayer un chemin à travers les rues de Belsunce, coupant les défilés des camions de keufs, continuant à porter leurs contenus dans une situation joyeusement bordélique mais très -trop- confuse, jusqu’à se trouver mêlée à la manif des gilets jaunes.
À ce moment-là, la présence de drapeaux français pousse quelques-un-e-s des participant-e-s à réagir contre le nationalisme sous toutes ses couleurs (« A bas la France ! », « Crame ton drapeau ! »), et d’autres à quitter le cortège.
Après avoir raté plusieurs occasions de prendre la tangente, nous nous retrouvons éparpillé-es dans le cortège des gilets jaunes sur la Canebière, et plusieurs personnes manifestent l’envie de se joindre à celui-ci, ce qui non seulement ne fait pas consensus, mais surtout n’était pas le but de cette manifestation pensée comme autonome.
Après un temps d’arrêt pour un hommage rendu à Zineb Redouane, et une dernière tentative de reformer un cortège pour repartir vers la porte d’Aix, le mot tourne d’en finir là, avec pas mal d’amertume et l’impression de ne pas avoir saisi l’espace laissé par la flicaille.
S’il ressort que la communication et les manières de s’accorder ont manqué tout du long, nous préférons retenir l’énergie partagée sur ce -trop- court parcours, et l’envie de porter dans la rue un refus clair et net de la machine à enfermer et à expulser, en échos aux nombreuses révoltes et évasions dans les CRA ces derniers temps.
Refus qui peut prendre de nombreuses formes, des manifs annoncées comme celle qui a été tentée ici, aux balades « sauvages », en passant par des attaques et sabotages contre les responsables et les rouages du contrôle social, de la mise en camps et des expulsions.
D’autres initiatives peuvent fleurir, toujours dans une démarche d’autonomie, et avec la même perspective : la liberté.
À la revoyure !
Des manifestant.e.s
[Publié sur Mars-infos, 28.05.2019]