Zurich, Suisse : Récit de la manif sauvage devant la prison de l’aéroport de Kloten – 24 juin 2017

Samedi 24 juin, une foule s’est rendue à la taule de l’aéroport de Zurich. Il y a eu des tags, une banderole accrochée à la clôture, une caméra de surveillance détruite, des lancers de feux d’artifice et des échanges avec les prisonniers par slogans interposés. En plus des « FUCK COPS, FUCK SWISS », un prisonnier criait sans relâche « Liberté ! Liberté ». Un trou a également été fait dans la clôture double épaisseur en faisant voler quelques pierres sur la façade et les fenêtres de la prison. Sur le chemin du retour, les flics ont ensuite rappliqué avec leurs gyrophares et ont patrouillé.

Nous sommes venus parce que des personnes sont enfermées ici et que nous sommes contre les prisons. Parce que le pouvoir suisse, de gauche comme de droite, se prononce pour la reconduite à la frontière des gens.

Parce que le fait d’enfermer des gens est un moyen pour maintenir l’état actuel d’exploitation et de mort.

Parce que la captivité peut épuiser, tuer les gens, aussi bien de manière vraiment lente que rapide.

Parce que la prison est une des expressions la plus flagrante de l’autorité.

Parce que les mots d’une lettre ont franchi les murs de la prison et montré l’importance de la solidarité depuis l’extérieur.

Parce que ça peut filer de la pêche aux prisonniers à l’intérieur. Que la solidarité signifie relier et soutenir les luttes des rebelles, d’entretenir les contacts depuis l’extérieur à l’intérieur et inversement, et de former des actions en conséquence. Ça peut se faire par écrit sous forme de lettre, en publiant des textes, en allant rendre visite aux détenus, en faisant des manifs devant les taules ou des actions directes comme par exemple à Bâle contre la prison de Bässlergut et tous ses collabos.

Vous trouverez ci-dessous la lettre :

« La prison de l’aéroport est la plus grande du canton de Zurich avec une capacité de 200 places (94 pour la détention, 106 pour la rétention administrative). Les contrôles à l’entrée et les fouilles sont assurés par BASIC Security, un service de DELTA Security. Les adresses sont mentionnées ci-dessous.

Texte cité de la page internet de la prison de l’aéroport :

« Le service de rétention administrative de la prison de l’aéroport constitue la première et aussi la plus grosse institution dans ce secteur partout en Suisse, mais a aussi, en raison de sa proximité avec l’aéroport de Kloten de Zurich, une importance hors-pair »

En s’adressant aux entreprises en tant que clients potentiels, ils vantent le travail obligatoire : « Peu importe dans quel service vous avez besoin de nos prestations, nous parvenons à vous satisfaire et nous vous proposons des solutions personnalisées. Une conception des prix attrayante, une fiabilité et une conscience axée sur la qualité comptent parmi nos points forts. Pour nous, un gros volume de travail représente même moins un problème qu’un traitement de commande rapide. »

En détention comme dans l’aile de rétention administrative de la taule de l’aéroport, des gens sont retenus prisonniers jusqu’à 18 mois. Dans la taule de rétention administrative, de nombreuses personnes illégales se trouvent en attente d’expulsion sous forme de peines qui se succèdent. Cette rétention peut sans cesse être prolongée, jusqu’à 18 mois, ce qui ressemble à une torture psychique. En plus de cela, la détention provisoire est également un moyen, tout comme l’est la détention, pour briser les individus et en même temps de les pousser par exemple à avouer ou à quitter « volontairement » le pays.

Ne laissons pas isolées les personnes enfermées derrière les couches de béton.

Nous sommes conscients aussi que les taules sont construites pour tous ceux qui ne correspondent pas à cette société antisociale aliénée des gouvernants. Qu’elles sont construites contre tous ceux qui passent à travers les mailles du système, qui ne paient pas leurs factures. Contre ceux qui n’ont pas de papiers, ou qui en ont des faux. Contre ceux qui n’obéissent pas, et contre les rebelles qui s’apprêtent à attaquer les diverses formes d’oppression selon leurs propres idées.

Tant qu’il y aura des dominants, il y aura des rébellions.

Feu aux prisons et à toutes les institutions et les entreprises qui y participent !

Pour la liberté et les actions qui vont dans ce sens !


Lettre du 29 avril 2017 depuis la taule de l’aéroport intitulée « Loud & Clear » (voir en fin d’article)


La boîte de sécurité à l’entrée de la prison de l’aéroport :

DELTA Security AG

  • Filiale Zürich

Haldenstrasse 23

8306 Brüttisellen

  • Filiale Bern

Rütiweg 89

3072 Ostermundigen

  • Filiale Basel

Kaiserstrasse 5a

4310 Rheinfelden

  • Filiale Tessin

Via C. Maderno 9

6900 Lugano

[Traduit de l’allemand de Barrikade.info, 27. Juni 2017]

*****

Lettre publiée sur le site Aus dem Herzen der Festung, elle-même reprise du journal anarchiste zurichois „Dissonanz“ n° 47.

[Note de rédaction de « Dissonanz »: La lettre suivante nous a été envoyée le 29 avril depuis la prison de l’aéroport de Zürich avec une demande pour publication. Nous l’avons traduite de l’anglais.]

« Haut et fort¹

Un bruit venant du ciel de la liberté, un bruit de révolte et de résistance de l’extérieur de la prison, derrière les cellules de l’aile de rétention de la prison de l’aéroport zurichois. Tous les migrants et les réfugiés de différents pays ont pu l’entendre. Une musique de soutien et de solidarité avec ces prisonniers. Des feux d’artifice pouvant être un espoir adressé aux personnes à l’intérieur par des personnes de l’extérieur. Cela peut être bien plus qu’un simple spectacle dans le ciel, une lumière magnifique qui dit : « Nique la prison, nous sommes ici ! » et qui montre que nous ne sommes pas seuls dans cette lutte contre le racisme, la répression, les expulsions… qui n’ont aucune influence sur nos rêves d’une vie en liberté, sans prisons et sans frontières, qui tuent chaque jour nos frères et sœurs ! Des feux d’artifice qui montrent le message : « Du fond de notre cœur, nous sommes à vos côtés » afin de garder l’espoir de sortir un jour et d’être libres dans nos vies et dans nos têtes.

Heureusement, en voyant les feux d’artifice, les migrants se sont mis à crier et à parler haut et fort avec les camarades dehors, en exprimant leurs sentiments de rage et de révolte contre ce système. Un système qui tente de briser la force et les rêves de ces personnes à l’intérieur. NOUS AVONS KIFFE CETTE NUIT ! Croyez-moi, je ressentais de la tristesse de ne pas pouvoir admirer ce spectacle dans le ciel car j’étais de l’autre côté de la prison mais j’étais d’autant plus heureux d’entendre en même temps les cris des réfugiés et le bruit des feux d’artifice. C’était un magnifique moment de solidarité à de multiples égards et je sais désormais ce que ça fait de voir une action de solidarité avec les prisonniers. Je peux dire « Merci à vous tous ». De l’intérieur, tous les prisonniers vous remercient ; « refaites-en encore et encore ! ». « Refaites-en de manière encore plus bruyante et encore plus claire à chaque fois que vous pourrez ! »

Ni prisons, ni frontières, ni Etats, ni pays !

NdT:

¹Les traducteurs vers l’allemand ont fait le choix de conserver le titre en anglais, « loud and clear ».

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