Ce lundi 10 décembre, le mouvement lycéen entame sa deuxième semaine de blocus et d’affrontements. Et ce après une première semaine de répression féroce qui s’est abattue sur les jeunes révolté.e.s (des centaines de blessé.e.s et pour certains hospitalisé.e.s dans un état grave; plus de 700 arrestations pour la journée de jeudi 6 décembre, dont 148 rien qu’à Mantes-la-Jolie). Parmi les raisons de la colère: Parcoursup, réforme du BAC, service national universel… Mais aussi la domestication du lycée, qui prépare à l’insertion dans cette société moisie, faite d’exploitation et d’oppression. Petit tour d’horizon du mouvement en cours avant la grande journée de « Mardi noir » dans les lycées.
Ce lundi, six bahuts sont bloqués à Lyon et ses environs: Alfred de Musset (Villeurbanne), Robert Doisneau (Vaulx), Albert Camus (Rillieux-la-Pape), Hélène Boucher (Vénissieux), Lumière (Lyon), Colbert (Lyon). Aux lycées Jean-Paul Sartre, Condorcet, Faÿs, Broselette les lycéens ont été empêchés de bloquer par la police. A Saint-Etienne, Avignon, Lens, Beauvais, Hénin-Beaumont, Liévin (lycée Darras), Paris XIX (lycée Diderot), Nîmes (lycée Camus), Toulouse (lycée des Arènes),au lycée Aimée Césaire à Clisson (44), ça bloque et parfois ça s’affronte à la flicaille à coups de pavés. Plusieurs lycéen.ne.s ont été blessé.e.s et interpellé.e.s.
Par ailleurs, les flics ont mis en place de nombreux dispositifs de surveillance (à Lyon, cf ci-dessus): à Nice, les flics étaient présents avant 8h devant le lycée d’Estienne d’Orves, comme devant tous les établissements de la ville. Malgré leur présence, une trentaine de lycéen.ne.s ont barricadé l’entrée de poubelles, mais les flics sont très vite intervenus pour lever le blocus. Quelques jets de pétard ont été signalés, et une poubelle a été incendiée. 5 lycéens ont été interpellés. À Guillaume-Apollinaire, une tentative de blocage a rapidement été levée tandis que deux jeunes ont été interpellés devant Thierry-Maulnier en possession d’une barre de fer et d’un lance-projectiles, selon une source policière.
Des barricades ont été érigées à l’entrée de plusieurs lycées ce lundi aux quatre coins de Nantes : aux Bourdonnières au sud ; Livet dans le centre; à Camus, à l’Ouest ; à Monge, au Nord ; à la Colinière à l’Est. Mais aussi à Jean-Perrin, à Rezé. Mais c’est sur l’île de Nantes que la situation a été la plus tendue au lycée Nelson-Mandela. Une trentaine de jeunes ont mis le feu aux poubelles et ont jeté des projectiles sur les forces de l’ordre.
A plusieurs endroits, des gilets jaunes et des syndicalistes de FO et de la CGT cherchent à pacifier la situation, tentent coûte que coûte d’éteindre la rage, comme à Besançon mardi 4 décembre, où des gilets jaunes se sont ramenés pour faire la police, bien que ça n’ait eu aucun effet. La seule contribution des centrales syndicales au mouvement social en cours, c’est de proposer de mettre à disposition des Gilets jaunes leurs services d’ordre pour maintenir l’ordre dans les cortèges, à Paris comme en Province (Le Parisien, 1er décembre). Leur objectif est de « Sécuriser les cortèges de Gilets Jaunes et les protéger des casseurs » […] « On a fait la démonstration le samedi 1er décembre dans notre défilé de République à Bastille que quandd une organisation syndicale est là, les choses se passent bien« , souligne un haut cadre de la CGT, rappelant sa longue tradition de collaboration des syndicats avec le pouvoir. Le 6 décembre, alors que la répression bat son plein, les centrales syndicales (dont la CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, FSU…) ont pondu un communiqué immonde qui se concluait par ces deux phrases: « le dialogue et l’écoute doivent retrouver leur place dans le pays. C’est pourquoi nos organisations dénoncent toutes formes de violences dans l’expression des revendications. » Tout simplement à gerber. Cependant, il n’y a rien d’exceptionnel dans leurs positionnements du côté des dominants. C’est une constante depuis toujours, lors de chaque mouvement qui déborde les dispositifs policiers et va au-delà de simples revendications sectorielles (bien qu’on en soit loin actuellement, le fait de revendiquer, c’est déjà entrer dans un rapport de dialogue (même musclé) avec le pouvoir en place, et en partie éteindre les flammes de la révolte contre ce monde une fois les revendications obtenues).
A Marseille et à Noisy-le-Sec, les dealers viennent aussi mater la révolte, puisque les blocus nuisent à leur trafic. Dans les quartiers nord de Marseille, des lycéens de Saint-Exupéry ont été attaqués à coups de paintball par la pègre locale, tandis que la veille à Noisy-le-Sec (93), au lendemain d’un blocage sauvage, des dealers ont remplacé les flics en tabassant un lycéen devant son bahut et la direction en raison de sa participation au mouvement. Mais parfois, ces pacificateurs et agents bénévoles de la répression reçoivent un peu de la monnaie de leur pièce. Ce lundi 10 décembre, un gilet jaune s’est mangé un coup de poing en pleine face devant un lycée de Beauvais: « j’ai demandé aux lycéens de se calmer et de ne rien casser. D’un seul coup, il y en a qui m’a mis un coup de poing », rapporte Gregory, gilet jaune.
La semaine dernière, des centaines de lycées ont été bloqués, blocus ponctués d’affrontements avec les flics, de barricades en feu et de destructions de biens de l’Etat et de bagnoles, etc… Durant la semaine, le ministère de l’Education Nationale a recensé chaque jour entre 150 et 200 établissements bloqués ou fortement perturbés.
Courage et solidarité avec les lycéen.ne.s en révolte, qui font face à la répression sous diverses formes !
[Reformulé de la presse]