Anecdote
Septembre 2018, dans une petite campagne sarthoise de 300 habitant.es.
Pour répondre à l’appel à soutenir financièrement et matériellement la résistance à la poubelle nucléaire à Bure, nous décidons d’organiser une journée de soutien dans notre lieu de vie. Au programme, conférence gesticulée, temps d’échange sur la situation actuelle de la lutte, cantine et concerts.
Jour J, les premières personnes arrivent en début d’après-midi, en voiture, en vélo ou à pied depuis le bourg. (Il est important de noter que le lieu se trouve au bout d’un chemin de 250m bordé d’un champ d’un coté, et d’une haie d’arbres de l’autre côté).
Vers 15h, une des participantes qui est arrivée à pied en empruntant le chemin nous fait remarquer qu’il y a un appareil non identifié au sol dans les herbes. Une des organisatrice décide de l’accompagner pour aller voir. Le dispositif est ramené et analysé. Il s’agit d’une caméra de surveillance à distance de modèle BOLYGUARD MG983G.
Une équipe se monte pour aller vérifier que d’autres appareils ne sont pas planqués. *Bingo*, deux autres sont dénichés dans ce même chemin. L’un fixé à une hauteur d’environ 80cm dans un arbuste, le même que le premier trouvé, et l’autre à environ 1m20 fixé au tronc d’un arbre. Celui-ci ressemble à un drôle de boîtier rectangle mais reste une caméra de surveillance à distance, cette fois-ci de modèle RECONYX HYPERFIRE SM750.
Analyse des dispositifs
Les deux BOLYGUARD étaient recouverts d’un genre de résille de camouflage comme on peut le voir sur la photo. Chaque appareil contient 8 piles rechargeables AA, une carte mémoire SD de 32Go et une carte SIM SFR. La notice de l’appareil, fournie par le fabriquant, peut être téléchargée ici :
Pour le RECONYX, aucun camouflage mais de couleur vert kaki. 12 piles rechargeables AA, une carte mémoire SD de 32Go et une carte SIM SFR. La notice de l’appareil, fournie par le fabriquant, peut être téléchargée ici :
Ce que nous révèle le visionnage des cartes mémoires SD
Les dispositifs ont été installés le jour même très tôt dans la matinée (entre 03h30 et 04h00).
Les trois appareils ont une vision nocturne, deux étaient en mode appareil photo et un en mode vidéo+micro (se déclenchant une dizaine de secondes).
Leurs dispositions permettaient de prendre les plaques d’immatriculations de devant et derrière ainsi que les personnes qui empruntaient le chemin à pied.
L’un d’entre eux était inefficace du fait de feuilles dans le champ de vision (ou plutôt du travail bâclé des RG?).
Les cartes sim permettaient d’envoyer en temps réel l’ensemble des données des cartes SD.
Remarques
L’instruction ouverte depuis peu pour association de malfaiteurs à l’encontre de certain.es militant.es de la lutte anti-CIGEO a sûrement motivé la mise en place de ces dispositifs.
Lors de la recherche des dispositifs, il aurait été approprié de dissimuler son visage et les parties de son corps identifiables (tatouages, piercings,…), voir même de ne pas communiquer oralement entre nous mais plutôt avec un langage des signes.
On imagine que les RG ont agi hors d’un cadre légal et qu’il n’a pas été possible pour eux de venir récup’ leur matos. On s’attendait à en voir au moins un durant la journée mais que nenni !
Malgré que les appareils aient été trouvés assez tôt dans la journée, la prochaine fois on sera beaucoup plus attentives à ce genre de méthodes, et on espère qu’en partageant cette anecdote vous aussi !
Que crève ce vieux monde !
[Repris de Des Oreilles et des yeux]