Vendredi 28 septembre vers 8h30, un incendie s’est déclaré au parc éolien de Sauveterre situé près du col de Salettes sur les sommets de la Montagne Noire à près de 1 000 mètres d’altitude. Un communiqué revendiquant l’incendie de l’éolienne a été publié sur indymedia le jour même:
Sabotage d’éolienne, acte 3
La montagne noire
La stupeur, malicieusement j’imagine, d’une promeneuse ou d’un chasseur qui, aux premières lueurs, découvrira le spectacle d’un pâle mât sans pale. C’est que le sentier de Grande Randonnée n7 passe par ici, pour le plus grand bonheur, aux dires des investisseurs, de cet aliéné si particulier qu’on appelle le touriste. Je ne doute pas qu’en face d’un aérogénérateur, il sorte son Smartphone, sans se soucier de la faune, pour capturer la machine, afin de la partager, merci la 4G, à ses faux amis connectés.
Lesdites machines sont au nombre de trente dans les alentours, réparties en trois centrales de part et d’autre du Roc Peyremaux. Elles se disputent les couloirs aériens, aux dépends d’ingénus volatiles ne valant, économiquement, rien. Nous assistons, en ces contrées, à une faramineuse multiplication de centrales et transformateurs électriques branchés sur des kilomètres d’innervations à haute tension.
Je renvoie, celles et ceux qui me lisent, aux différents livres, brochures et documentaires relatif à la duperie de l’éolienne industrielle pour mieux la comprendre. Pour les sceptiques et/ou sensibles à la connaissance empirique, je leur suggère de se rendre une fois au pied de l’une de ces infernales machines. Allez-y plutôt de nuit, sous une vive lune, lorsque le ciel est gros de turbulences.
J’ai cru entendre, sur les ondes, qu’EDF allait s’offrir ces jours-ci une opération marketing nationale classiquement nommée « portes ouvertes ». Je m’amuse de la fortuite synchronie de cet événement avec mon acte d’effraction d’un aérogénérateur, fétiche d’EDF en matière d’autopromotion et de mystification.
Autre cocasse coïncidence, quelques jours avant mon méfait incendiaire, l’annuelle fête du vent avait lieu un peu plus au nord, dans les environs de St Affrique, contre un projet de transformateur et d’une centrale éolienne. L’expansion industrielle de l’énergie semble, là-bas, défier l’imagination rassis des plus ambitieux technocrates. Bien que partageant la volonté de me battre contre les aérogénérateurs, je tiens à dire ici mon antipathie pour les politiciens et politiciennes invisibles qui gèrent autoritairement cette lutte. Puisqu’ils et elles parlent volontiers de stratégie, je vais, en peu de mots, exprimer celle que désormais j’adopte.
Je ne crois pas, ou pour être exact, je ne crois plus, à l’organisation d’une force capable de subvertir cette société, ou un quelconque segment de sa matérialité. Je pense qu’on ne peut pragmatiquement rien défendre (qu’on ne me parle pas de NDDL) car notre faiblesse numérique et technique est proportionnelle à la puissance militaire ennemie. Une stratégie plus humble, mais plus lucide, consiste plutôt à s’affranchir de nos postures de réaction, d’obstruction, pour mener l’offensive selon nos propres désirs et temporalités, contre les dominants, leurs rapports sociaux, et leurs machineries. Mal avisés serions-nous de considérer cette faiblesse numérique et technique comme un défaut provisoire, escomptant s’organiser militairement plus tard. Cette faiblesse nous est constitutive, d’elle doit découler notre force. Mobilité, furtivité et imprévisibilité peuvent alors s’articuler dans cette stratégie que d’autres ont théorisé et pratiqué sous le nom de guérilla. J’insiste, pas plus qu’une autre cette stratégie ne sapera l’édifice social existant, cette guérilla est une guérilla du désespoir. Elle se moque des lendemains qui ne chanteront jamais, elle s’éprouve partout, maintenant, et sans appel.
Je souhaite dissiper toute fascination pour moi ou pour l’incendie que j’ai commis cette nuit. Une action doit avant tout sa réussite à une patiente préparation et à une solide détermination. Dernière chose encore, c’est plein de tristesse que j’ai appris récemment l’arrestation de plusieurs personnes à Lille. Elles sont suspectées d’avoir participé à plusieurs actes de vandalisme anti-spécistes contre des boucheries et restaurants, notamment. Je leur envoie toute ma solidarité. Bravo et courage.