Ce lundi 14 mai, la grève à la SNCF a été plus importante que ces dernières semaines, mais un fait nouveau est venu perturber davantage la circulation des flux: le sabotage, sous de multiples formes, parfois avec de lourds dégâts matériels. Comme tout le temps dans de pareilles circonstances, les syndicats n’ont mis que quelques heures pour se dissocier (certes moins directement que d’habitude) de ces actes de sabotage.
« Plus d’une cinquantaine d’exactions diverses et variées » ont été répertoriées sur l’ensemble du territoire par la direction de la société ferroviaire.
En Normandie, les axes Paris-Caen-Cherbourg et Paris-Rouen-Le Havre ont été paralysés pendant plusieurs heures en début de matinée. A Heudebouville, dans l’Eure (entre Vironvay et Fontaine-Bellanger), un câble de stabilisation d’une caténaire a été sectionné « très proprement » entre Gaillon et Pont-de-l’Arche, au kilomètre 103, sur la voie 2: le sabotage se serait déroulé dans la nuit de dimanche à lundi aux alentours de 2h du matin. La caténaire a ensuite été arrachée et la circulation sur l’axe Paris-Rouen-Le Havre interrompue.
D’autres sabotages ont eu lieu en Seine-Maritime et dans le Calvados. A Gonfreville l’ Orcher, c’est la guérite du pont à niveau numéro 69 qui a été ouverte, ses installations ont été démontées, ce qui a déclenché le signal d’alerte. A Bréauté, ce sont des aiguillages qui ont été débranchés, entrainant un ralentissement des trains. A Bellengreville (Calvados), entre Mézidon et Lisieux, une fermeture des feux rouges a été actionnée manuellement. Hormis les trains annulés en raison de la grève (seulement 1 train sur 4 en circulation pour les TER et 1 sur 6 pour les intercités), le sabotage en a supprimé ou retardé 15 de plus qui étaient censés rouler ce lundi. A Lille (Nord), on apprend aussi qu’un aiguillage a été bloqué.
Dans le sud-ouest, plusieurs sabotages ont également impacté le trafic: les trains entre Toulouse et Montauban ainsi qu’entre Toulouse et Saint-Sulpice (Tarn). Selon la direction, des pétards disposés sur les voies se sont déclenchés sur ces deux lignes au passage du premier train tôt le matin. A d’autres endroits du réseau régional, des sémaphores ont été intentionnellement actionnés, imposant l’arrêt des trains. Une procédure de contrôle des voies a dû être lancée, certains trains étant bloqués en pleine voie.
A Marseille, une caténaire (câble d’alimentation électrique) s’est rompue lors de la mise sous tension du train. Une coupure d’alimentation générale de la gare a été enclenchée, empêchant toute arrivée ou départ à St Charles le temps de pouvoir réaliser les premières opérations de maintenance. La rupture du câble serait le fruit d’un acte de sabotage. Puis peu après 7h, des actions de blocage de voie ont été organisées par des groupes de manifestant-e-s, compliquant la reprise de l’exploitation normale de la gare. Plusieurs TGV ont subi des retards supérieurs à 1h, un TER a été supprimé et plusieurs ont accusé des retards importants.
Dans la nuit du 14 au 15 mai, veille de deuxième jour de grève, cinq locomotives sont sabotées au dépôt SNCF de la gare de Mantes-la-Jolie: plusieurs câbles électriques qui alimentent le système de freinage des motrices ont été sectionnés, les rendant inutilisables. D’après les enquêteurs, « Il n’y a pas eu d’effraction, les auteurs disposaient manifestement des clés qui permettent d’accéder aux machines ». Ce sabotage a entraîné la suppression de quatre trains entre 7 heures et 10 heures, sur la ligne J, qui relie Mantes-la-Jolie à Paris Saint-Lazare.
Au Mans, deuxième jour de grève, plusieurs trains qui devaient circuler ce mardi 15 mai en dépit de la grève sont restés à quai: six jeux de clés, qui permettent la mise en service des trains (ouverture et démarrage des locomotives), ont disparu dans la nuit de lundi à mardi. Les six rames TER sont donc restées à quai en gare du Mans à partir de 5h47 mais au total ce sont quatorze trains qui ont été supprimés dans la région par ricochet dont sept en Sarthe car certains TER faisaient l’aller retour entre la capitale sarthoise et Alençon, Sablé ou Laval. « Les agents SNCF ont immédiatement pris les dispositions pour faire acheminer des clés de remplacement et procéder à la mise en service des rames », précise le communiqué de la SNCF.
Mercredi 16 mai en fin d’après-midi dans la banlieue nord de Paris, un sabotage a été commis au niveau de l’arrêt Cergy-Préfecture: des câbles de signalisation ferroviaires ont été détruits par le feu à l’aide d’un fumigène. Le trafic a été totalement interrompu sur le RER A et la ligne L entre les stations Conflans-Fin-d’Oise (Yvelines) et Cergy-le-Haut (Val-d’Oise), et ce jusqu’au lendemain matin au moins.
Le 24 avril dernier dans l’Aisne, jour de grève également, un train de marchandises a été saboté en pleine voie entre Tergnier et Chauny, paralyant momentanément le trafic Compiègne et Paris.