Silence radio, à propos de sabotage, de répression et de signaux de fumée
depuis la clandestinité (Zurich, 2016) , ed. Sans Patrie, juin 2017, 20 p., A5
A la mi-juillet 2016, le feu a été mis à une antenne-relais de Zurich, la sabotant ainsi pour plusieurs jours (et causant plus de 100 000 francs suisses de dégât). Cette antenne-relais servant d’antenne radio de secours pour la police municipale de Zurich est une infrastructure indispensable pour cette dernière, garantissant à la fois sa communication interne et contribuant au maintien de son contrôle et de l’autorité à l’extérieur.
Le lendemain de l’acte de sabotage, la police a procédé à plusieurs perquisitions dans différentes villes suisses. Selon les mandats de perquisitions, une « personne expressément suspecte » était recherchée, « des objets lui appartenant personnellement ayant été trouvés ». Cependant, les flics ont dû quitter les lieux les mains vides.
Depuis lors, la personne recherchée internationalement, un compagnon anarchiste, s’est envolée.
Avec la brochure suivante Silence radio, nous avons voulu rassembler par ordre chronologique différents articles déjà publiés en lien avec l’affaire évoquée ci-dessus, et qui pour la plupart sont tirés du journal anarchiste Dissonanz de Zurich. En ces temps frénétiques et saturés d’informations qu’il nous est donné de vivre, il n’est pas rare que des événements radicaux soient absorbés par le rythme de l’époque.
Silence radio signifie ici s’arrêter un moment, échapper au flux de faits-divers omniprésent, regarder en arrière, comprendre, réfléchir. L’intention va donc bien au-delà d’une rétrospective de quelques feuilles A4 destinée à informer toutes celles et ceux qui n’ont pas encore entendu parler de cette histoire. Tout en ayant conscience du risque de faire remonter la douleur paralysante liée au fait qu’un compagnon ne soit plus là, nous voulons néanmoins nous y confronter. Justement pour cela. Nous recherchons en effet un point de vue rétrospectif, le regard ouvert, plein de solidarité, de colère et de détermination, afin de suggérer à tou-te-s les irréconciliables avec la domination qu’agir aujourd’hui et maintenant est l’unique option dans une perspective subversive.
Silence radio signifie ici réunir les articles liés à l’affaire avec d’autres textes anarchistes publiés ailleurs et à d’autres moments afin de discuter d’une proposition pratique : l’attaque décentralisée, auto-organisée et anonyme contre des infrastructures de l’exploitation, du contrôle et de l’oppression. Afin de saboter la reproduction sociale du pouvoir – à travers ses infrastructures. Afin de faire remonter à la surface les conflits couvant dans la société et d’agir en leur sein. Afin de soutenir et d’alimenter les révoltes et les luttes locales ou de les prolonger, dans la perspective d’une extension sociale.
Pour cela, il est indispensable de se poser et d’approfondir les questions des méthodes et des moyens à choisir, du où et du quand, comme de l’avant et de l’après, qu’implique une telle pratique de l’attaque.
En effet, là où les idées anarchistes fermentent et invitent à comploter sur des projets, des actes précis devraient suivre afin d’accélérer le cycle subversif lancé, tout en l’approfondissant – bien au-delà d’un silence radio …
Nous souhaitons le meilleur au compagnon, où qu’il se trouve…
[Introduction traduite de l’allemand de Funkstille – Von Sabotage, Repression und Rauchzeichen aus der Klandestinität, Zurich (Suisse), avril 2017, 28 p.]