[Les lourdes peines continuent de tomber sur les zadistes. On apprend que mercredi 25 avril, le tribunal de Saint-Nazaire a condamné une personne solidaire d’origine belge a 4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt (dont deux avec sursis). Les faits qui lui sont reprochés sont : « possession de 7 paquets de pétards et un couteau-marteau multi-lames ». Venu sur la ZAD en auto-stop depuis Bruxelles, il a été interpellé par les gendarmes mardi 17 avril alors qu’il traversait un champ près d’une zone d’affrontement. D’autres lourdes condamnations sont tombées dans ce contexte d’affrontements sur la ZAD.
Ci-dessous, quelques infos au sujet de la composition du CMDO avec les citoyennistes sur la ZAD et le processus de légalisation des terres. Ou comment de « Camille » on est passé à des « producteurs du bio » et autres capitalistes alternatifs.]
Quelques éléments chiffrés pour mieux comprendre la composition du CMDO avec les citoyennistes et les conséquences de leur partage légaliste des terres :
* sur les 1650 hectares de la ZAD, 600 hectares étaient déjà sous un statut de COP (convention occupation précaire), signée par des paysans installés en dehors de la zone – une trentaine d’exploitants expropriés qui ont demandé à récupérer leurs terres et devront rembourser les indemnités compensatoires reçues à l’époque. Il y avait donc déjà des COP (sur près de 35% de la ZAD), sans que ça ne dérange trop de monde et ne soit farouchement contesté.
* Hier mardi 24 avril, quatre exploitants laitiers (Hervé Bézier, Joël Bizeul, Sylvie Thébault, Sylvain Fresneau pour le Gaec des pommiers) qui avaient refusé de quitter la zone et toute indemnisation, viennent à leur tour de signer avec la préfète devant les caméras une COP jusqu’à décembre 2018 avec l’Etat, portant sur 300 hectares. Ils deviennent donc locataires de l’Etat, et pourront par la suite redevenir propriétaires de leur ferme et du bâti, comme avant.
Ceux-là sont les alliés du CMDO, à travers l’ACIPA et la Conf, et pour ces parcelles-là, l’idée de propriété collective comme au Larzac a bien vite disparu. Ca ne dérange pas le CMDO que 4 personnes aient réclamé et obtenu à elles seules plus de surface que leurs 41 projets réunis, puisque ce sont des amis !
* tout le forcing légaliste du CMDO consiste donc à tenter de s’approprier les 270 ha qui restaient hors COP en trahissant la lutte…, qui plus est en légitimant à travers leur acceptation de ce processus que la plus grande partie des terres de la ZAD aille à d’autres locataires, les tous très légitimes éleveurs/cultivateurs pour l’agro-industrie (600 ha à d’ex signataires avec Vinci, et 300 ha aux quatre éleveurs alliés). Là où l’occupation concernait potentiellement toute la ZAD en fonction de critères liés à la lutte elle-même et pas à la loi, le partage légal des terres accepté et négocié avec l’Etat donnera entre 18% de la ZAD aux proches de l’ACIPA et potentiellement 16% pour les autoritaires. Tout ça pour ça. Dans un vieux bouquin, ils parlaient déjà de se vendre pour un plat de lentilles, mais gageons qu’en récoltant du fric de la solidarité, ils pourront tout de même péniblement agrandir leur parcelles en réussissant à louer des bouts à d’autres.
Cela signifie en tout cas, que non seulement l’Etat peut continuer à expulser les squatters au nom de la propriété ou des nouveaux droits locatifs d’autrui (ceux des paysans et éleveurs), mais que cela pourra aussi être le cas demain lorsqu’il aura fait le tri dans les 41 projets (28 agricoles, 8 artisanaux, 7 culturels et 3 de distribution) de zadistes couvrant le reste. A moins que les futurs signataires de ces ultimes COP ne fassent eux-même le ménage pour le compte de Etat, vu que sinon ce dernier pourrait résilier leurs conventions pour non conformité à l’usage signé… Enfin, n’oublions pas que l’Etat actuellement propriétaire des hectares de la Zad, n’a pas vocation à le rester, et que le futur proprio (comme le Département qui les réclame) pourra tout à loisir modifier ou ne pas renouveler ces baux ! Ou comment passer d’histoires de lutte et de vie, à de sordides marécages de lois et de conflits entre petits proprios ou entre néo-locataires légalisés et squatters qui refusent de quitter leur terrain…
Enfin, c’est fou le nombre de gens qui tout à coup ne s’appellent plus « Camille », comme ce Willem Doedens, 30 ans, « squattant actuellement 36 hectares de terres, [et qui] espère à terme pouvoir disposer du double » pour sa laiterie bio, « un des tous premiers zadistes à avoir adhéré à la mutuelle sociale agricole (MSA), dès janvier 2016 » (contrairement aux mensonges de Lundi Matin). Ce gentil William-de-la-ZAD ne râle pas que contre les gendarmes qui l’empêchent de travailler, mais aussi contre d’autres méchants : « On a dû jeter 750 litres de lait dans les foins et j’espère que dans les jours à venir, on n’aura pas à nouveau des barricades sur les routes ».