expression critique du processus de légalisation en cours sur la zad de nddl
Hola Compas !
Nous t’écrivons pour te tenir au courant de ce qui se passe sur la Zad de Notre Dame des Landes, une zone qui depuis des années veut se libérer de l’emprise de l’état sur les décisions des individu.e.s et des collectifs et cherche comment vivre et s’organiser. S’il y a eu une infinité d’expériences comme gérer le quotidien et les conflits sans autorités et règles étatiques, et qu’une cohabitation de logiques très diverses étaient possible grâce à la taille géographique de la zone qui promettait, dans une certaine mesure, de s’organiser à sa manière sans s’imposer aux autres ; la dégradation de la situation s’accélère rapidement !
Après que l’état ait abandonné le projet de l’aéroport qui réunissait des citoyen.ne.s et des subversi.f.ve.s dans une lutte face à un ennemi commun, il cherche maintenant toutes les raisons pour détruire cette zone qui échappe à son emprise. Comment croire qu’un état pourrait tolérer sur « son territoire » des endroits qui nient, par leur existence, la légitimité des lois qu’il impose.
Plus de 90 lieux coexistaient avec des conflits entre eux et tendaient à trouver des solutions.
Aujourd’hui, certains choix et décisions prises ne peuvent plus cohabiter. La zone en tant que totalité a perdu sa négation du pouvoir de l’état.
L’état français a donné un ultimatum aux occupant.e.s de la zone pour remplir des fiches individuelles de légalisation de projet agricole jusqu’au 23 avril 2018. Avec à la clef une menace d’expulsion si ces fiches comprenant les terres de la zone n’étaient pas remplies et rendues. Il a souligné cette menace en commençant à détruire une trentaine de lieux dans la partie Est de la zone (principalement dans celle non-motorisée).
Beaucoup de gen.te.s utilisent l’argument de l’urgence pour sombrer elleux-même dans une logique de diplomatie et de paternalisme. Ielles se permettent de renforcer à l’intérieur de la zone des mécanismes autoritaires au travers d’attitudes manipulatrices pour faire ce qui leur paraît juste tout en prétendant agir pour le « bien commun » sur la zone. Le phénomène va aussi loin que certain.e.s occupant.e.s ont décidé de signer des fiches qui incluent les terres et lieux d’habitation des gen.te.s qui elleux refusent de faire légaliser « leur » lieu de vie, leur projet, leur quotidien ! Ces fiches ayant parfois été signées dans leur dos, sans aucune consultation.
Il suffit de quelques personnes ou collectifs prêt.e.s à marchander avec l’état pour que celui-ci, avec ses mécanismes d’intoxication médiatique, puissent faire un tri, entre ses citoyen.ne.s qu’il prétend protéger et les « criminel.le.s » qu’il se devrait de réprimer au nom de la sécurité et du bien-être de sa population. N’est ce pas une hypocrisie totale de prétendre sauver une zone du joug de l’état en imposant la légalisation à toutes celles et ceux qui considèrent les lois et l’autorité comme deux facteurs majeurs de leurs oppressions ?!!
Pire que cela : prétendre agir en tant que collectif incluant toute la zone alors que les occupan.te.s / habitant.e.s des lieux déjà détruits ne sont même plus ni pris.es en compte, ni concerté.e.s après l’expulsion et la destruction de « leur » lieu. Et que le refus denégocier et de signer des groupes et des individu.e.s est piétiné et ignoré !
Prétendre protéger la lutte contre l’aéroport ET son monde en devenant propriétaire ou responsable légal est absurde ! La croyance en une victoire bureaucratique est sidérante. On a toujours vu des organisations institutionnelles tenter de récupérer des combats, ce mécanisme est désormais interne à la ZAD.
Croire pouvoir signer des contrats et faire ce qu’on veut derrière est illusoire.
Comment pouvoir croire gagner un jeu dont les règles sont écrites et constamment modifiées par nos adversaires ?
Contrairement à certain.e.s légalistes, nous n’allons pas imposer nos choix aux autres. Mais il serait bien que tou.te.s celleux qui croient pouvoir gagner de la liberté en se soumettant aux conditions de leurs oppresseurs soient conscient.e.s du fait qu’ielles légitiment encore plus la répression contre celleux qui refusent de négocier avec les autorités. Même parmi les signataires, les idées, les raisons sont nombreuses et diverses. Certain.e.s espèrent que ce soit une sortie de secours pour ne pas perdre les lieux de la zad et continuer à créer et expérimenter des modes de vie. D’autres, de récupérer des terres de manière délibérée. D’autres encore, culpabilisent des personnes dubitatives en invoquant un processus de signature collectif qui serait entravé par d’éventuels refus de signature.
En effet, les cabanes et jardins peuvent être détruites parce que l’état détient la puissance militaire pour anéantir des structures physiques et matérielles et pour tuer. Donc une grosse partie des problèmes est là : sauver des idées au risque de perdre des espaces ou sauver des lieux en perdant ses idées.
Compa ! Ce ne sont pas les lieux qui nous font vivre mais nous qui faisons vivre les lieux. Donc même si les autorités internes ou étatiques rongent les espaces, il reste de l’espoir : les luttes contre TOUTE forme d’autorité sont toujours présentes ici à travers de nombreux groupes et individu.e.s. Les ami.e.s du pouvoir peuvent bien essayer de faire croire le contraire. Nous ne sommes pas dupes, à nous de les contrer !
Solidarité aux 4 copa.in.e.s incarcéré.e.s, aux autres et aux personnes coffrées.
Contre tous les placards !
D’innombrables occupant.e.s intemporelles et déterminé.e.s
[Publié sur indymedia]