Depuis plus d’une semaine une grève dure des matons touche une grosse partie des prisons françaises. Dans l’après-midi du mardi 23 janvier, à différents endroits de Toulouse, pendant quelques moments, la circulation a été perturbé avec le déploiement d’une banderole et une distribution de tracts dont le texte est reproduit ici.
Nous vous bloquons quelques instants.
Quelques instants, c’est pas grand-chose par rapport à celles et ceux qui sont bloquées 24h sur 24 et qui depuis une semaine subissent des conditions encore plus dures. Par rapport à ces personnes qui sont cloisonnées à à peine 25 km d’ici et partout en France. Pas grand-chose face à la réalité des prisonnier.e.s.
Depuis une semaine, à la télé, à la radio ou dans la presse, on n’entend plus que les matons se plaindre de leurs conditions. À les écouter, les prisons seraient aux mains des détenu.e.s qui n’en feraient qu’à leurs têtes et ils risqueraient leurs vies chaque jour.
Jamais ils ne disent (et pour cause !) que ce sont eux qui ont le tout pouvoir au sein des taules, que ce sont eux qui mènent la danse et font filer droit, que le règlement et leur hiérarchie leur donnent toujours raison. Jamais ils ne parlent de ça, ni des sanctions disciplinaires, du mitard, des brimades et des 1001 humiliations de l’enfermement… Non ! Ils pleurnichent et se fâchent tout rouge même, car voyez-vous, ils voudraient « pouvoir travailler dans de bonnes conditions ». Alors, ils demandent « plus de moyens », « plus de personnels », et « plus de sécurité » histoire de s’assurer d’avoir le monopole de la violence en prison et de pouvoir exercer leur sale besogne sans être contestés. Mais la répression ne parvient pas toujours à casser l’esprit de révolte.
Que ce soit clair, nous ne sommes pas contre les grèves ou autres formes de contestations ! Au contraire, nous pensons même qu’elles sont nécessaires pour se débarrasser de ce monde qui nous tient par le fric et nous montent les unes contre les autres au nom d’une origine, d’une couleur de peau ou de l’appartenance à un sexe.
Mais là, pour tout vous dire, on s’en fout de leurs condtions de travail. La prison est une abomination qui sert à maintenir les privilèges des riches et la morale dominante. Les matons, en exerçant la répression, se sont mis de son côté. Il n’y a pas de solidarité possible avec ceux qui écrasent les autres pour s’en sortir.
Pour les détenu.e.s et leurs proches, ces grèves sont une galère sans nom. Souvent les blocages menés par les matons impliquent la suppression des parloirs, des promenades (2 x 1h par jour), des activités, mais aussi dans certains cas des douches et des repas chauds !
Face à cela, des grognes et des rébellions commencent à éclater dans les prisons. De ce que laisse percer la presse, ce sont les prisonniers de Maubeuge qui ont eu la bonne idée d’ouvrir le bal. Samedi une bonne vingtaine de taulards refusent de rentrer de promenade tandis qu’au même moment les serrures de 70 cellules sont bouchées avec les moyens du bord et empêchent le retour en cellules. Dimanche, rebelote à Maubeuge où une cinquantaine de détenus refusent de rentrer de promenade, savonnent le sol pour rendre difficile les interventions de délogement et s’adonnent à un peu de casse. À Séquedin, ce sont 160 prisonniers qui refusent de rentrer en cellules, suivis de près (120 détenus) par Fleury.
Ne les laissons pas seul.e.s
Pour un monde sans prison !
[Publié sur IAATA.info, jeudi 25 janvier 2018]