Dans les premières heures de ce lundi 18 mai 2020, trois pylônes de télécommunication, dont deux relais TDF, ont été incendiés dans les environs de Grenoble. Ce triple sabotage coordonné a eu lieu vers 3 heures à Seyssinet-Pariset, à Jarrie et à Herbeys.
« Des Chauve-souris transmettant le feu » ont revendiqué l’attaque du pylône à Jarrie (cf en fin d’article) quelques heures après et un autre groupe celle de Seyssinet-Pariset le 29 mai 2020.
Des centaines de milliers de personnes sont privées de téléphone mobile, de télévision et de radio, notamment dans toute la partie sud de la métropole grenobloise. Le local technique du relais TDF de la Tour-Sans-Venin à Seyssinet-Pariset a été incendié vers 2h45. Plusieurs départs de feu ont ensuite touché des locaux TDF sur la commune de Jarrie vers 3h21. Pour l’attaque à Herbeys, « les mêmes dégradations sur les grillages ont été constatées, dans le même créneau horaire et selon le même mode opératoire » que les deux autres, a précisé à l’AFP le procureur de la République de Grenoble. »
A Seyssinet-Pariset, au sud-ouest de Grenoble, le feu est parti au pied de l’antenne avant de remonter le long des câbles électriques sur plusieurs mètres de hauteur. Le relais de la Tour-Sans-Venin accueille notamment les opérateurs mobiles Bouygues, SFR et Free, ainsi que la TNT et la radio. A Jarrie, les incendiaires ont découpé le grillage pour accéder à l’installation qu’ils ont incendiée depuis l’extérieur. Une porte de local technique a été par ailleurs défoncée et un cocktail Molotov aurait été jeté à l’intérieur. A Herbeys, au sud-est de la ville, le même mode opératoire aurait été utilisé qu’à Jarrie.
« Beaucoup d’habitants de Grenoble vont se retrouver privés de TNT », prévient une source au sein de TDF, sans pouvoir estimer combien à ce stade. Selon la direction technique de France Télévisions, 100 000 téléspectateurs se retrouveraient privés d’émissions. La couverture mobile peut également être impactée.
« Dans le Vercors et l’agglomération grenobloise, 430.000 personnes peuvent recevoir la TNT et la radio via l’émetteur de Seyssinet-Pariset. Certains de ces habitants continuent toutefois de recevoir certaines chaines de télé grâce au signal de l’émetteur de Chamrousse. TDF (Télédiffusion de France), le propriétaire du site, indique tout mettre en oeuvre pour réparer au plus vite. Il faudra d’abord évaluer les dégâts. Ce lundi, le site est resté bouclé une bonne partie de la journée de lundi par les enquêteurs pour y mener des investigations techniques. » (FranceBleu, 18/05/20)
Et pour l’antenne de Jarrie, il s’agit du deuxième incendie en moins de deux ans. Les travaux venaient de se terminer.
« Ces dégradations perturbent la diffusion de plusieurs stations de radio. Une bonne partie du sud de Grenoble est également privée de téléphone et d’internet mobile, en raison de ces incendies. Les feux volontaires de relais de téléphonie et de relais radio/télé se sont multipliés ces derniers mois entre Isère et Drôme. Ces incendies sont attribués à la mouvance anarchiste, sans preuve ni aboutissement d’enquête pour l’instant ».
[Via la presse régionale, 18.05.20]
Attaques coordonnées d’antennes-relais
Attaques incendiaires autour de Grenoble
Sous-vie ou insoumission ?
Chaque jour de ta vie, ton corps dit des choses. Et ton corps ne peut pas mentir.
Entends-tu le bruit des moteurs, le vrombissement des drones, des hélicoptères ? la tention électrique des néons, des lampadaires ?
Combien d’heures par jour passées face à un écran télé, un écran d’ordinateur ? de tablette ? de smartphone ? derrière une fenêtre ? un pare-brise ?
Est-ce que cela t’ennuie quand les fenêtres ne s’ouvrent pas ? Est-ce que l’air conditionné résout le problème ?
Est-ce que des programmes, des applis, des algorithmes guident ta vie ?
Combien d’heures par jour dors-tu ? et surtout de quelle qualité est ton sommeil ?
As-tu encore conscience des stimulis qui t’entourent ?
Comment réagis-tu au son ? à la lumière ? à la chaleur ? au toucher ?
Est-ce que la musique est un moyen de combler le silence ou de provoquer des émotions ?
Combien de tes émotions ont besoin d’alcool ou d’autres drogues pour s’exprimer ?
Effectues-tu beaucoup de mouvements différents avec ton corps ? En découvres-tu des nouveaux, des nouvelles amplitudes ?
Comment te sens-tu affecté par les situations de passivité forcée ?
Comment te sens-tu affectée par les assauts incessants de sons ? de voix artificielles ? de vidéos ? d’annonces ? de slogans publicitaires ?
Quels sentiments perpétuels d’urgence créent-ils ?
As-tu besoin de moments de contemplation ? Te souviens-tu de la sensation que cela procure ?
Jusqu’où peut porter ton regard ? Si ce n’est qu’à quelques dizaines de mètres quel état d’esprit crois-tu que cela engendre ?
Comment te sens-tu affecté par la foule ? De combien d’espace ton corps a-t-il besoin ? Comment te sens-tu affectée par la taille de la pièce dans laquelle tu vis ? par son nombre d’angles droits ? de lignes parallèles, de formes carrées, géométriques ?
As-tu besoin de voir le ciel ? de voir de l’eau ? de voir des arbres ? des animaux ?
Es-ce que c’est pour cela que tu as un chien ? un chat ? des plantes en pots ? un balcon ? que tu vas au parc ?
D’où provient ta nourriture ? quel est ton rapport à elle ? Penses-tu que ce que tu ingères est bon pour toi ?
Te souviens-tu de la dernière fois que tu as mangé quelque chose qui ne provenait pas d’un supermarché ?
Combien de temps arrives-tu à passer sans savoir l’heure qu’il est ?
Comment te sens-tu affecté par l’attente ? Attendre dans la file, attendre dans les bouchons, attendre pour pisser, attendre pour apprendre à discipliner tes besoins ?
Comment te sens-tu affectée par la répression de tes désirs ? par le formatage, le déni ou la frustration sexuelle depuis l’enfance ? la peur ou la compétition avec les gens du même sexe que toi ? la sexualité comme moyen de reproduction/de contrôle ?
Est-ce que le plaisir est dangereux ? Est-ce que le danger peut être joyeux ?
Ressens-tu parfois encore en toi une nature sauvage ? une vie animale ?
Ressens-tu un vide, un manque de sens si fort que les mots peinent à l’exprimer ?
Te sens-tu parfois au bord de complètement partir en vrille ?
Ne penses-tu pas que ça aurait dû être le signal ?
Dans la nuit du 17 au 18 mai 2020, nous avons incendié l’antenne-relais de Haute-Jarrie.
Au moins deux autres antennes-relais ont été attaquées simultanément autour de Grenoble.
Les antennes-relais figurent parmi tous les intrus qui défigurent les paysages. Elles servent à la communication de masse, bientôt jusque dans les endroits les plus reculés. Actuellement les installations de la 5G sont déployées dans ce but.
Les babillages et bavardages des masses et le matraquage publicitaire perpétuel révèlent le véritable vide communicationnel autant que l’absence de communications véritables. Mais il ne peut exister de communications véritables sans « relations sociales » véritables. Les simulacres de relations sociales des réseaux sociaux en atteste sans surprise.
Le vide existentiel d’une époque peut ainsi se mesurer, notamment, à l’incessant vide communicationnel qui l’emplit.
Mais nous ne voulons pas d’un monde où la garantie de pouvoir communiquer à distance sans cesse et partout, s’échange contre le fait de pouvoir être surveillés et contrôlées constamment.
Hors les imbéciles qui se réjouissent d’un monde et d’une vie « augmentés » ne s’aperçoivent pas – ou l’acceptent – qu’ils échangent une quantité de contraintes continuellement croissante contre une qualité de vie constamment plus consternante. Ce n’est rien d’autre que l’existence habillée des haïssables haillons de la sous-vie.
Dans le monde de la sous-vie, en plus d’être colonisée par les êtres humains, d’être couverte de balafres bitumées, en plus de la destruction de tant d’autres formes de vie qu’elle abrite, etc., la terre, à travers toutes ses étendues, est équipée et quadrillée (parmi beaucoup d’autres) par les installations de télécommunications. Même à travers le ciel, de toute part tailladé par tant de trajets en transports aériens, ce n’est plus seulement des constellations d’étoiles mais des constellations de satellites qui sillonnent l’espace.
La radioactivité, les ondes électromagnétiques, les pollutions et virus en tous genres sont l’oxygène toujours davantage vicié du XXIe siècle.
Qu’avec la conscience de tout ça ce monde fasse penser à une prison à ciel « ouvert », ceci n’a rien d’étonnant. D’autant moins quand la pandémie en cours a permis et permettra encore à l’Etat de nous mettre, par le confinement, au mitard – certes personnalisé pour la plupart.
Pour les personnes qui en doutaient encore, le système carcéral est donc bien l’aspect punitif de cette organisation gouvernementale de la vie. Organisation qui bientôt induira surveillance et contrôle généralisés des masses grâce à l’intelligence artificielle, aux caméras et smartphones avec reconnaissance faciale, le tout via l’étroit maillage d’internet.
Le confinement a assez montré que les télécommunications sont centrales dans la vie des « gens » au point d’accepter de s’autoenfermer.
Alors que certaines personnes, avec leurs fumisteries de fenêtres (« cortège », « manif »…), ont choisi son simulacre, d’autres ont (continué à) propagé(r) la révolte en taggant, brisant, collant sabotant, incendiant…
Car quels choix reste-t-il dans ce monde-ci ?
Celui de la sous-vie dont les préoccupations sont le nouveau gadget à acheter, la nouvelle appli à télécharger… ?
Ou celui de l’insoumission et de la révolte dont les préoccupations sont les expériences sensibles vécues selon ses idées, l’épanouissement individuel épuré d’un maximum de contraintes sociétales… ?
S’insoummettre c’est se soustraire à cette sous-vie.
Des chauves-souris transmettant le feu
[Publié sur indymedia nantes, 19.05.2020]