Bologne, Italie : Parloir sauvage à la prison de la Dozza – 16 avril 2020

Le 16 avril au matin, en réponse à l’appel des proches de détenus de Rome et des gens solidaires qui les ont soutenus pour retourner publiquement à la prison de Rebibbia, une dizaine de compas ont atteint les murs de la prison de la Dozza, à Bologne, pour saluer les prisonniers et apprendre de leur bouche comment évolue la situation entre les murs, plus d’un mois après la révolte.

Les compas ont réussi à parler à quelques personnes enfermées : certaines d’entre elles se trouvent dans la section AS3 qui, après la mort de Vincenzo par le covid-19 le 2 avril, a dû être fermée pour faire de la place aux détenus de la section judiciaire (celle dévastée au cours de la révolte). Les transferts prévus pour vider l’AS3 ont été interrompus probablement après l’annonce des contaminations qui ont suivi. En effet, au cours des dernières semaines, plus de 30 détenus ont été transférés dans les prisons de San Gimignano et de Tolmezzo. Pour ces prisons, il est impossible d’imaginer une amélioration des conditions d’incarcération (si on arrive seulement à les imaginer). Les détenus ont été testés positifs au virus alors que les transferts avaient déjà eu lieu, et en toute logique, cela a déclenché la colère des autres personnes emprisonnées. Quel protocole suivent le DAP [Département de l’Administration Pénitentiaire] et compagnie pour protéger la santé des détenus pendant les transferts ? Aucun, évidemment, parce que préserver la santé des détenus n’est pas une chose importante pour ces messieurs : nous le savions déjà et nous ne sommes pas étonnés.

Depuis l’intérieur, les voix ont remercié pour la présence et ont parlé de conditions désespérées. Les détenus ont signalé que nombre d’entre eux étaient malades et qu’ils n’avaient pas encore reçu de masque. Par ailleurs, nous savions déjà que Roberto Ragazzi, chef de la médecine pénitentiaire du Secteur de la Santé de la province bolognaise, dans une circulaire interne du 24 février, avait donné comme instruction à tous les professionnels de santé de ne pas utiliser de masque lors des visites aux détenus, à l’infirmerie et dans les cabinets médicaux de la Dozza, de peur de générer des inquiétudes et des tensions au sein de l’établissement. De l’intérieur, les prisonniers ont signalé aussi qu’ils sont tous privés de promenade depuis des semaines, qu’ils n’ont pas accès à des appels vidéo pour remplacer les parloirs mais seulement à un appel téléphonique de 10 minutes par semaine – à leur frais.

Après 15 minutes environ, le groupe de compas a été rejoint par un déploiement disproportionné de la Digos, de matons, voitures et flics anti-émeutes. Les compas ont tous et toutes été contrôlés et fouillées, avec en prime une amende pour violation du décret (les compas avec des gants et des masques, les flics sans la distance de sécurité, décidément moins soucieux de la « prévention ») . Ce contrôle a eu lieu à un endroit visible depuis les cellules : c’est pourquoi un soutien de la part des détenus s’est manifesté avec des cris et des insultes contre les flics, en inversant les rôles dont nous avons l’habitude.

ON NE CESSERA PAS DE LE RÉPÉTER AUJOURD’HUI : LA SEULE SÉCURITÉ, C’EST LA LIBERTÉ !

– Texte publié sur roundrobin.info, le 18 avril 2020

[Traduction reçue par mail]

Ce contenu a été publié dans Feu aux prisons, solidarité, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.