Dans la vieille Europe, l’arrivée du Covid-19 n’a fait jusqu’à maintenant que révéler le pire de ce monde : auto-enfermement des esclaves bien dressés par toute une vie passée dans les casernes de la soumission citoyenne sur ordre des maîtres ; intensification de l’usage policier des chaînes électroniques que chacun s’était déjà passées au poignet ; suppression des brins de libertés formelles qui n’engageaient que ceux qui y croyaient ; démonstration implacable des dégâts de la métropolisation et de l’industrialisation de la planète auxquels tous étaient jusqu’à hier encore si attachés (par l’absurde, avec l’arrêt temporaire de nombreuses activités nocives, et in vivo avec l’arrivée de ce genre de virus).
A présent que la masse se confine quand elle ne continue pas (en traînant des pieds) de faire tourner l’économie la plus critique du capital ; à présent que les braves militants pragmatiques tentent as usual de rapiécer les oripeaux de l’Etat-providence en renvoyant toute conflictualité à plus tard, nous faisons le pari inverse : documenter le côté d’où nous sommes, celui des irresponsables, des voyous et des irrécupérables de toujours. Le côté qui ne cédera pas aux injonctions de l’État sans se battre, quel que soit le prétexte du moment invoqué par ce dernier pour resserrer la vis. Le côté qui n’applaudit personne, mais agit par soi-même, parce que la tension individuelle vers la liberté reste la base de toute vie qui en vaille la peine. Un pari aussi, parce que rien ne dit que tous les calculs des puissants pour gérer la situation actuelle ne puissent être déjoués (de pillages en affrontement avec les uniformes), à l’image des taulards qui ont commencé à saccager les cages aux quatre coins de la planète.
Ce blog n’a pas l’intention de durer dans le temps, juste celui du Grand Confinement dont les dégâts sont déjà visibles dans nombre de cœurs fanés et d’esprits chagrins, et ce afin d’encourager les non-résigné.e.s… à ne rien lâcher de leur antagonisme contre tout pouvoir. Bien qu’en temps « de crise » ou « de guerre » il puisse être un peu plus difficile de trouver des traces de désordre, c’est pourtant à cette tâche que nous entendons nous atteler, car il ne fait aucun doute que la guerre sociale ne connaît pas de trêve, comme on le disait au 20e siècle. Et qu’il revient à chacun.e d’y contribuer à sa façon, malgré les difficultés du moment.
S’il y aura bien un avant et un après, enfin, c’est entre ceux qui se seront volontairement enfermés à la demande et selon les modalités du pouvoir en laissant les révoltés à découvert, ceux qui auront collaboré à l’ignoble unité nationale en appelant explicitement à ne pas briser le confinement, et les autres. Les autres ? Celles et ceux qui rompent les rangs non par simple désinvolture ou pour mener à bien leur petit ou grand business, mais parce que ce n’est qu’en continuant d’attaquer à la source cet existant de misère et d’empoisonnement généralisé qu’on pourra définitivement y mettre fin.
Ici et ailleurs,
25 mars 2020
PS : Ne pas oublier en lisant ces brèves que les journaux sont les porte-parole des flics et du pouvoir.
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[Reçu par mail, 2 avril 2020]