Dans l’après-midi du dimanche 8 mars à Mexico, une manifestation contre les violences sexistes et patriarcales a réuni plusieurs dizaines de milliers de femmes. Parmi cette foule immense qui a pris les rues, plusieurs centaines de manifestantes étaient venues avec une toute autre intention que de rester dans leur rôle de victimes ou de défiler sagement au milieu des projecteurs médiatiques. Vêtues de noir et cagoulées, elles ont dû à plusieurs reprises faire face à l’indignation citoyenne des orgas et autres défenseuses de la paix sociale à chaque fois qu’elles détruisaient une partie de ce qui les opprime.
Selon les médias, des altercations ont eu lieu entre révoltées et pacificatrices à plusieurs moments, comme lorsque des non-violentes ont fait une chaîne humaine devant les rangées de flics, en se tournant vers les enragées.
A un autre endroit, des catholiques et militantes anti-avortement qui formaient une chaîne humaine autour de la cathédrale métropolitaine pour empêcher des manifestantes d’y pénétrer se sont mangé du gaz lacrymogène dans la tronche. Parmi les monuments historiques tagués lors de cette manif, on compte l’Hemiciclo a Juárez, le Monte de Piedad, ou encore le bâtiment des Beaux-Arts sur l’Avenida Juárez.
Après avoir démonté les plaques de protection autour de l’Église ‘Corpus Christi’, à quelques mètres du Palacio Nacional, un groupe d’encapuchadas a brisé des vitraux puis aspergé la porte principale d’essence avant de la faire flamber.
Puis dans la foulée, un escadron de police (composé uniquement de femmes) est intervenu et a encerclé une partie des assaillantes, certaines sont parvenues à s’échapper. Un autre groupe d’encapuchadas est arrivé tout de suite après pour libérer leurs camarades/compagnonnes encerclées.
Pendant ce temps, d’autres enragées ont tagué plusieurs barricades qui protégeaient plusieurs institutions de la ville. D’autres encore sont allées incendier le bâtiment de la Banque de Mexico, elle aussi barricadée. De l’autre côté, des encapuchadas ont brisé les vitres d’un hôtel et du bar ‘El Popular’, après avoir arraché leurs plaques de protection. Plusieurs banques et l’office du tourisme (avec départ de feu) ont été saccagées, au moins une supérette exproprié (avec vitres brisées à la sortie), des camions de pompiers ainsi que plusieurs véhicules de la mairie vandalisés. Le siège de la municipalité s’est fait taguer et péter ses vitres. Alors que des rangées de policières protégeaient la ‘Puerta Mariana’ du Palais National [1], quatre cocktails Molotov ont volé en direction du bâtiment d’État. Un des engins a atterri sur une journaflic, enflammant un court instant ces vêtements. Malheureusement, une femme a été identifiée et arrêtée pour participation à cette attaque incendiaire (précisément pour le jet d’un engin incendiaire).
Selon le secrétariat de la sécurité urbaine de la ville de Mexico, au total 18 policières auraient été blessées lors de l’émeute de ce dimanche. Dans la soirée, au moins 6 personnes ont été arrêtées pour les affrontements devant la cathédrale métropolitaine sur la ‘Plaza de la Constitución’.
La révolte contre la violence patriarcale s’est exprimée dans plusieurs villes du Mexique. En voici un rapide aperçu.
A Nezahualcoyotl (Edomex), un cortège en noir était présent dans la manif. Outres des tags sur les murs et divers bâtiments (comme « le quartier sera féministe ou ne le sera pas »), des distributeurs de billets de banque ont été détruits.
A Morelia (Michoacán), l’église ‘Cristo Rey‘ a été taguée, et il y a eu quelques accrochages avec les cathos.
A Pachuca (Hidalgo), des dizaines de femmes cagoulées ont attaqué la préfecture : des slogans ont été tagués sur la façade (comme « y’en a marre ! » ou encore « Pas une de plus ») et des vitres brisées.
[Reformulé de divers articles des médias mexicains, 08 et 09.03.2020]