Avis de tempêtes – bulletin anarchiste pour la guerre sociale n°24 (décembre 2019) vient de sortir.
« Le plus insupportable dans tout cela est peut-être en fin de compte l’hyperbole du nous qui infeste les discours radicaux. « Nous les salariés », « nos colères », « c’est dans toutes les têtes ». Mais quel est ce « nous » dont ils parlent ? De la condition d’exploité que l’on partage (de force, pas de gré) ? De l’opposition « commune » qu’on aurait contre « la réforme », bien qu’en étant aussi large elle rassemble forcément une foule et des intérêts des plus hétérogènes ?
C’est le refrain de toujours, de la convergence comme de la composition ou des alliances objectives, celui qui a toujours mené vers les mêmes impasses : la fameuse condition qui créerait la conscience. Pourtant, il semble plutôt que la conscience, c’est le rejet de la condition… et de son monde.
L’exploité qui ne veut plus être exploité ne revendique pas une retraite, il revendique la fin du salariat. L’opprimé qui ne veut plus être commandé ne suit pas les mots d’ordres venus d’en haut, il chante sa propre chanson. Le sujet qui ne veut plus être gouverné, ne revendique pas davantage d’État, mais le repousse toujours au loin en l’acculant et le désorganisant pour finalement l’anéantir. Il n’y a aucune dialectique de funambule qui peut casser un raisonnement aussi limpide que celui-ci : tout ce qui renforce l’État nous éloigne de sa destruction. »
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