[Un aperçu du grabuge dans les rues entre le 8 et le 12 janvier dans le cadre du mouvement « contre la retraite à points », avec quelques crasses syndicales (dont de la CGT) répertoriées dans la chrono.]
Dimanche 12 janvier.
A Poitiers (Vienne), la permanence de campagne municipale du politicien LREM Anthony Brottier s’est fait attaquer dans la nuit de samedi à dimanche. La vitrine principale du local a été brisée.
Samedi 11 janvier.
A Paris, 150.000 personnes ont manifesté selon la CGT. Un black bloc s’est constitué en tête de cortège avec des gilets jaunes et n’a pris que quelques minutes pour s’échauffer: des vitrines de banques HSBC et BNP ou d’agence intérim Adecco sont tombées en miettes sur le trajet, des projectiles jetés en direction des forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Plusieurs magasins ont été saccagés sur le parcours. La plupart des heurts et de la casse ont eu lieu dans le 12ème arrondissement.
Sur des vidéos, on voit notamment de nombreux panneaux publicitaires explosés, ainsi qu’un panneau 4X3 entièrement en flammes sur l’avenue Daumesnil (et des partisans de la paix sociale en train de tenter d’éteindre ces flammes libératrices à l’extincteur).
En fin d’après-midi, des centaines d’enragé.e.s se retrouvent sur la place de la république et s’affrontent aux flics anti-émeute, les faisant reculer sous une pluie de projectiles : des magasins de meubles sont expropriés et les barricadier.e.s se chauffent au bois de sapin. A 18h45, la préfecture faisait état de 19 interpellations.
A Strasbourg, la vitre du QG de campagne du premier adjoint au maire et candidat LREM Alain Fontanel, situé sur le quai des Bateliers, a été brisée. La police a interpellé en fin de manifestation et placé en garde à vue une quarantaine d’heures un homme qu’elle soupçonne d’être l’auteur des faits. Déféré le 13 janvier pour le chef de « dégradation volontaire de biens privés », ce manifestant a été convoqué en justice pour le 10 mars, indique une source policière. Ce n’est pas la première fois que ce local, « La Fabrique de la ville heureuse », est pris pour cible ces dernières semaines: il a notamment été tagué.
A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), une vingtaine de personnes (dont plusieurs le visage dissimulé) sont venues gâcher le lancement de campagne du candidat LREM pour les prochaines municipales, en faisant irruption dans le local puis en détruisant leur matériel de propagande.
A Rouen (Seine-Maritime), des tensions sont apparues au moment des deux passages rue Jeanne-d’Arc, où quelques affrontements ont eu lieu avec la flicaille. « Au sein d’un groupe de 100 manifestants « assez virulents », certains ont tenté de commettre des dégradations, empêchés par le service d’ordre syndical. La police est intervenue et a lancé des grenades lacrymogènes. Il n’y a pas eu d’interpellation. » (France3 Normandie). En fin d’après-midi, une partie des manifestants est partie en sauvage et ont laissé derrière eux divers feux (de sapins et de poubelles) sur la chaussée.
A Caen (Calvados), « une ambiance giletjaunesque dans les rues », alors que dans de nombreuses villes de province les syndicats récupèrent même cette journée en bons politiciens de la lutte. Voici un récit, intitulé « pour un autre usage des chaises » (reçu par mail) :
« ce samedi, une ambiance giletjaunesque dans les rues de Caen. L’intersyndicale appelait à une manif à 14h30 en centre-ville. 3000 personnes environ. Un groupe de quelques dizaines de personnes font fermer Monoprix dès le départ, tout en distribuant un texte appelant à s’auto-organiser, à dépasser la réforme des retraites et à perturber cette première journée des soldes. La manif traîne-savates se déroule ensuite dans un profond ennui. Sauf qu’il semblerait que des tas de gens en aient marre qu’il ne se passe rien… A la fin de cette manif et après une longue attente, vers 16h30, c’est à peu près 1/3 des gens qui décident de continuer après la Pref, fin de la manif officielle. Les slogans se font bien plus offensifs et bien plus globaux que les psaumes sur cette énième réforme. La brigade d’intervention s’est déployée pour empêcher l’accès à l’hypercentre. Le cortège se dirige droit dessus.
Après moult hésitations, le cortège décide de passer. Les flics reculent, pressés par la foule. Le dispositif est petit, les gens déterminés. Des chaises des terrasses rebondissent sur les casques et les boucliers. Une grenade lacrymogène semble vouloir changer de camp et s’évade de la main d’un policier, aidée par un téméraire. Les flics parviennent à la récupérer de justesse. Une dernière volée de chaises les pousse à inonder le centre-ville de gaz lacrymogène. S’en suit une longue manif sauvage dans l’hypercentre, faisant fermer les magasins, incendiant les poubelles, et étoilant quelques façades de banques, le tout jusqu’à 19h. Une bien belle journée, sans interpell’. Une assemblée de lutte est appelée mercredi à 18h (galerie vitrée, campus 1). »
A Nantes, des affrontements ont eu lieu très vite entre forces de l’ordre et manifestants. Deux canons à eau ont notamment été utilisés au niveau de la préfecture, ce qui n’a pas pour autant dispersé les manifestants, puisque d’autres affrontements ont ensuite éclaté à l’entrée de la rue de Strasbourg, et au niveau de Commerce et de Bouffay. Le calme n’est revenu que vers 19h.
A Saint-Dizier (Haute-Marne), le local du candidat LREM aux prochaines élections municipales, Laurent Daval, est recouvert d’une « série de tags » lors de la manifestation contre la réforme des retraites.
A Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), une soixantaine de personnes ont tenté de s’inviter à la cérémonie des vœux d’Eric Faidy, le candidat investi par LREM aux prochaines élections municipales à Clermont-Ferrand. Slogans et quolibets fusent tandis que le politicien et sa garde rapprochée sont bousculés.
A Marseille, la CGT joue encore de la gazeuse. Un récit ici.
Vendredi 10 janvier.
Au cours de la nuit, à Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire), la permanence de campagne d’Ensemble Chalon, liste conduite par Alain Rousselot-Pailley (candidat investi par LREM pour les municipales), située au 20 Rue aux Fèvres, a été prise pour cible. Sa vitrine principale a été détruite, « peut-être dus à un ou plusieurs projectiles voire des coups de masses portés » (cf photo ci-contre).
Au Havre (Seine-Martime), environ 150 personnes perturbent la cérémonie des voeux du maire des Républicains, Jean-Baptiste Gastinne. Elles envahissent les locaux de l’Hôtel de Ville après avoir forcé les grilles. La municipalité a fait état de « dégradations », et indiqué que « l’état des salons ne permettait pas d’organiser la cérémonie prévue », car « les salons étaient en désordre. Certaines personnes se sont servies dans les petits fours et les bouteilles d’alcool », a précisé la municipalité. Le maire a déposé plainte.
Des blocus se sont poursuivis dans plusieurs lycées. A Montélimar (Drôme), les deux entrées du lycée polyvalent des Catalins ont été bloquées par des barricades composées de sapins et de palettes. Une action qui aurait été « perturbée par un feu de container sur le parking de l’établissement, comme le regrettaient ces enseignants mobilisés » d’après LeDauphiné.
A Besançon (Doubs), ce sont les entrées du lycée Jules Haag qui ont été bloquées par plusieurs centaines d’élèves et de soutiens. Aucun élève n’était à l’internat, car tous le personnel était en grève.
A Marseille, « alors qu’une délégation de la CGT était reçue au Medef en bas de la Canebière, environ 300 personnes se sont rassemblées devant le bâtiment. Le rassemblement a ensuite été rejoint par la manifestation de soutien aux délogé.e.s du boulevard Dadah. Après plusieurs tentatives d’arrachage et porté.e.s par les slogans « Retrait, retrait, retrait de la banderole« , la grande bâche « Retraites non aux blocages, oui au dialogue » a finalement été incendiée. La façade a quand à elle été copieusement arrosée de peinture » (source : Marseille-Infos.org).
Jeudi 9 janvier.
452 000 personnes ont manifesté dans plus de 80 villes contre la réforme des retraites, selon le ministère de l’intérieur. Contre 615 000 manifestants pour la mobilisation du 17 décembre.
Au 36e jour de grève, la circulation des trains et des transports publics parisiens reste très perturbée − à la SNCF, le taux de grévistes a grimpé à 32,9 % (contre 6,8 % mercredi) et les deux tiers des conducteurs sont en grève.
La direction générale de l’aviation civile (DGAC) anticipe également des « perturbations et des retards » possibles dans l’aérien. Dans l’éducation nationale, 18,8 % des personnels étaient en grève en primaire et de 16,5 % dans les collèges et lycées selon le ministère, et respectivement 40 et 50 % selon les syndicats.
A Paris, 44000 personnes ont manifesté et c’est vers la fin, en arrivant vers la place Saint-Augustin que la situation s’est agitée. Plusieurs vitrines de commerces (comme celles de la parfumerie Marionnaud et celles d’un Starbucks) et des abris bus dans une rue menant à la place ont été fracassées, des affrontements avec les flics se sont produits, charges et gazages répondant aux jets de projectiles. La boutique d’une enseigne MAAF, après s’être fait briser ses vitres, a également été vidée de son mobilier. Des tensions sont apparues dans le secteur de la gare Saint-Lazare.
Entre 100 et 200 personnes sont parvenues à partir en manif sauvage depuis la place de St-Augustin, en direction de l’Élysée.
A Lille la manif, à laquelle 6000 à 15000 personnes ont pris part, a été plutôt speed. Plusieurs vitrines de banques (Caisse d’Epargne) et d’agences immobilières (Orpi, Citya Immobilier) de la rue Nationale ont été brisées et taguées, tandis que les flics ont essuyé des jets de projectiles au niveau de la Grand’Place et à l’entrée de la rue Esquirmoise. Plusieurs personnes ont été interpellées mais la préfecture s’est refusée à donner de chiffres exactes.
À Dunkerque, 2 000 personnes ont défilé selon la police. Certain.e.s manifestant.e.s ont envahi les voies ferrées à la gare, ce qui a paralysé le trafic des trains.
A Nantes, des heurts avec les gendarmes mobiles se sont produits en fin de parcours aux abords de la préfecture, en bas du cours Saint-Pierre. Gaz lacrymo contre jets de pierres. 12.000 personnes ont participé à la manif.
A Saint-Nazaire, 300 lycéen.ne.s ont bloqué partiellement le lycée Aristide Briand dès 7h. Après des discussions et un feu de poubelle (éteint par des lycéens eux-mêmes), le cortège est parti grossir les rangs de la manif syndicale. « Les policiers de la Bac ont procédé à deux interpellations, à l’angle de l’avenue de la République et de la rue de la Paix, à 12 h 30 peu après la dislocation du cortège. Les deux jeunes, âgés de 21 et 32 ans, issus de la mouvance anarchiste, dont un fiché S, étaient tous les deux porteurs de bombe aérosol, peinture et marqueurs. Car en marge du cortège, plusieurs murs ont été tagués : rue Henri-Gautier, rue de Gaulle, la façade de la Société Générale. Des messages à connotation anarchiste et certains violents à l’encontre de la police. Après l’interpellation, des manifestants syndicalistes sont venus devant le commissariat en soutien. Mais pour Damien Girard, responsable de l’union locale CGT, on se dissocie du contenu du message, ça nous dérange. Les deux individus ont été interpellés grâce au signalement de plusieurs témoins. Ils ont été libérés mais l’enquête se poursuit. » (Ouest-France).
A Rennes, ça a été chaud avec les bleus dès le départ. Les CRS ont reçu des projectiles quelques minutes après le début, et ces derniers ont répliqué par des tirs de canon à eau. Huit interpellations ont eu lieu avant 14h ; six autres ont eu lieu en début d’après-midi, portant le nombre total d’interpellations à 14.
A Angers (Mayenne), une cinquantaine de personnes, dont principalement « des gilets jaunes et des anarchistes » (selon Ouest-France), ont voulu faire un after après la manif syndicale, en ne manquant pas de conspuer les responsables syndicaux restés sur la place du ralliement. Les manifestant.e.s ont tenté de rentrer dans des commerces rue Lenepveu et place Mondain-Chanlouineau à Fleur d’Eau notamment, afin de s’opposer à la société de consommation. Les flics anti-émeute sont intervenus en nombre, gazé et interpellé deux personnes.
A Besançon (Doubs), après la classique promenade syndicale inoffensive, une action de blocage se tient vers 15h à Micropolis. Une centaine de personnes investit les deux voies pour bloquer le trafic, et notamment les camions. Très rapidement, des barricades de sapins, de palettes et de poubelles sont érigées puis incendiées. Les flics en surnombre et très réactifs, se sont rués pour déblayer la route. Après une déambulation dans Planoise, le cortège a bloqué les voies du tramway au noveau de la station ‘Allende’ avec des palettes et des rondins de bois. Plus l’étau des flics s’est resserré sur le cortège. Ces derniers ont pourchassé les manifestant.e.s jusqu’à la piscine municipale ‘Lafayette’, où un groupe de 50 personnes s’est fait contrôler leurs identités. D’autres, qui avaient échappé à la nasse, ont aussi été arrêtés par des groupes de flics à pied et à moto patrouillant en nombre dans le secteur. Quatorze personnes ont été interpellées et emmenées au poste, dont sept d’entre elles placées en garde à vue, poursuivies pour « entraves à la circulation ». Parmi les gardées à vue, trois d’entre elles sont en plus accusées de feux de poubelles. Un procès est fixé pour le 17 février prochain pour au moins deux manifestants.
A Dijon, un cortège de « gilets jaunes et d’anarchistes » joue les prolongations après le défilé encadré par les syndicats. Selon FranceBleu, « un cordon de policiers a bloqué la rue de la Liberté, principale rue piétonne commerciale de Dijon, avant de faire usage de lacrymogènes pour disperser une centaine de personnes ». Selon la préfecture, « des groupes hostiles aux forces de l’ordre ont jeté des projectiles sur celles-ci et brisé des vitres sur le Palais des Ducs en fin de manifestation« .
A Saint-Étienne (Loire), la devanture de la permanence du candidat maire des Républicains Gaël Perdriau, située place de l’Hôtel-de-Ville s’est mangé des œufs de peinture lors du passage du cortège de la manif.
Au nord de Toulouse (Haute-Garonne), un double incendie volontaire crame à deux endroits différents des câbles de fibre optique et des câbles de signalisation le long des voies ferrées. Résultats: internet et des télécommunications coupées pour des milliers de personnes (dont de nombreuses entreprises), des trains entre Toulouse et Montauban paralysés.
Mardi 8 janvier.
A Besançon (Doubs), la permanence de campagne municipale d’Alexandra Cordier, ancienne élue LREM soutenue par le maire sortant, est taguée pendant la nuit : « Dégage à la retraite ! (A) ».