Les révoltes et résistances des prisonniers se poursuivent un peu partout, contre les nouvelles mesures prises par l’État dans le cadre de la crise du coronavirus (suspension des parloirs, des activités socioculturelles, de sport et d’enseignement, restriction du temps de promenade, impossibilité de cantiner…). Des révoltes ont éclaté dans plusieurs prisons la semaine dernière, comme à Grasse (Alpes-Maritimes) où plusieurs feux ont été allumés.
- Dimanche 22 mars.
A Uzerche (Corrèze), une révolte éclate au centre de détention et devient vite hors de contrôle, des prisonniers parvenant à monter sur les toits (cf photo ci-contre). « Des scènes de guerre » selon les matons, auxquelles auraient pris part 88 détenus (selon l’AP). « Il était aux environs de 16h30 quand quelques détenus ont refusé de rentrer après la promenade. « Ils ont très vite arraché une poutre dans la cour pour se servir de bélier et défoncer les portes des deux bâtiments C et D du centre de détention. Ils ont mis le feu, détruit les couloirs, nos bureaux, le bureau du directeur, tous les dossiers des détenus ont brûlé, la partie informatique a explosé… ces deux bâtiments sont totalement aujourd’hui détruits. Il va falloir un à deux ans de boulot pour tout reconstruire […] » poursuit Dimitry Frère (syndicat UFAP UNSA Justice). Au total, deux bâtiments ont été détruits par le feu et 333 détenus ont dû être transférés (Source: France3 Aquitaine, 23.03.2020)
Selon le syndicat FO, près de 250 cellules sont rendues inutilisables, ce qui a nécessité toute la nuit des extractions de détenus vers d’autres prisons de la région Aquitaine. Un hélico a été mobilisé pour survoler la taule, tandis que des dizaines de fourgons de gendarmes mobiles sont venus épauler les Eris pour mater la révolte. (Source: Parisien)
A Maubeuge (Nord), une mutinerie éclate en début d’après-midi. Plus de 80 détenus y prennent part. Tout part du refus de remonter en cellule à l’issue de la promenade de quelques détenus. Un détenu se serait saisi de quatre pieds de table avec lesquels il aurait dégradé le grillage donnant accès au patio et ouvrant ainsi des brèches pour le soulèvement. « [Les prisonniers] ont réussi à accéder à la salle de réunion qu’ils ont incendiée. D’autres feux ont été allumés un peu partout dans l’établissement sous les cris d’encouragement de la foule. De nombreuses fenêtres de l’établissement ont volé en éclats. » Face à cette soudaine explosion de rage des détenus, on apprend que l’armurerie de la taule a exceptionnellement été ouverte aux matons, qui se sont armés de fusils à pompe en attendant l’arrivée des Eris, GM et policiers en provenance de Lille. Lundi 23 mars, de nombreux dégâts sont bien visibles dans certaines ailes de la prison et les promenades ont été supprimées. (VoixduNord, 23.03.2020)
A la prison de Longuenesse (Pas-de-Calais), une trentaine de détenus refuse de retourner en cellule l’issue de la promenade peu avant 14h et bloque les accès. Visés par des projectiles, les matons (dont celui en charge de la surveillance de la promenade) sont contraints de déguerpir. Toutes les vitres du rez-de-chaussée et du premier étage, donnant notamment sur les salles d’activités, sont brisées. Le poste de surveillance de la promenade, où se tient la personne en charge de surveiller les détenus lorsqu’ils sont dehors, est fracturé. Une vingtaine d’agents des Eris, une quinzaine d’agents du Pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ) ainsi que plusieurs surveillants sont appelés en renfort. L’ordre est rétabli vers 17h.
D’autres mouvements de contestation ont éclaté dans les prisons de Meaux, Nantes, Carcassonne, Moulins, Limoges, à Rennes-Vezin et Saint-Malo (dans ces deux, deux détenus placés en quartier disciplinaire), Nice ou encore Fleury-Mérogis. A Meaux, un détenu a tenté de s’évader, mais il a malheureusement été rattrapé et placé en garde à vue.
- Samedi 21 mars 2020.
Neuvic (Dordogne). Dans la matinée, une révolte éclate au centre de détention. Au moins trois détenus bloquent une aile au troisième étage. Au même moment, un feu se déclare dans une des cuisines du 2e étage. Le temps de l’intervention, un détenu est intoxiqué par les fumées. Il a dû être transporté à l’hôpital. Après que les Eris sont intervenues, un détenu a été transféré à Bordeaux, les deux autres ont été placés en quartier disciplinaire.
A Draguignan (Var), une émeute éclate à la prison. Une quarantaine de détenus bloque la cour de promenade, casse une table en béton qu’ils ont utilisé pour bloquer une porte d’accès. Plusieurs caméras de surveillance sont détruites, ainsi que des guérites de surveillance. En début de soirée, des équipes régionales d’intervention et de sécurité (Eris) en provenance de Marseille interviennent pour mater la révolte.
Coulaines (Sarthe). Une petite trentaine de détenus refuse de nouveau de remonter en cellule à la suite de la promenade aux alentours de 17h. Cette fois, ils cassent le grillage de l’une des quatre cours de promenade de la prison, se promenant ainsi dans la zone neutre, située entre les bâtiments et le mur d’enceinte de la taule (zone strictement interdite aux détenus et où les surveillants ne sont pas équipés pour intervenir). Une équipe régionale d’intervention et de sécurité (Eris) est par conséquent appelée et intervient sur place un peu avant 19 h.
Des désordres similaires ont lieu dans les prisons de Roanne, Marseille et Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), où les détenus refusent de remonter en cellule pendant plus d’une heure. À Nanterre, 30 détenus auraient pris part au mouvement de contestation ; ils seraient 18 à Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire). Plusieurs mutins sont placés en quartier disciplinaire.
A Béziers (Hérault), près de 80 détenus de la prison du Gasquinoy se révoltent au moment de la promenade (une trentaine du centre de détention 1 et une cinquantaine de la maison d’arrêt). Les Eris de Toulouse ont été envoyés sur place. 5 détenus sont placés en garde à vue, dont trois pour « dégradations d’un bien d’utilité publique et commises en réunion », et deux autres pour « violences aggravées pour des jets de pierre et des crachats sur des agents pénitentiaires ». De plus, trois autres détenus sont placés en quartier disciplinaire et passeront en commission de discipline en début de semaine.
A la prison de Sequedin, près de Lille (Nord), une soixantaine de détenus refuse de regagner leurs cellules à l’issue de la promenade. Après l’intervention des Eris, quatre d’entre eux sont placés en quartier disciplinaire, d’autres seront jugés en comparution immédiate lundi 23 mars. Au total, onze détenus en France comparaîtront devant la justice pour les révoltes de cette journée.
- Vendredi 20 mars 2020.
Coulaines (Sarthe). A la Maison d’Arrêt « Les Croisettes », près du Mans, 28 détenus refusent de rejoindre leurs cellules après la promenade, peu avant 17h. La situation est revenue à la normale vers 18h30.