Pour l’acte XX, samedi 30 mars, des rassemblements régionaux ont une nouvelle fois eu lieu à Caen (Calvados), Rennes (Ille-et-Vilaine), Saint-Étienne (Loire), Bordeaux (avec une forte présence des GJ toulousains qui avaient appelé à y converger), Avignon (Vaucluse), Épinal (Vosges)… D’autres manifs ont eu lieu à Niort, Montpellier (Hérault), Lyon (Rhône), Besançon (Doubs), Lille (Nord)…
Si dans toutes ces villes ont éclaté des affrontements avec les sbires en uniforme du pouvoir, seules quelques-unes de ces manifs ont vu des individus passer à l’attaque de la propriété des riches et du capital, comme à Caen, Rennes, Sainté et Bordeaux. Le lendemain à Bruxelles (Belgique), des centaines de personnes, avec et sans gilet jaune, ont brisé la paix sociale tant chérie par les soce-dém’ de la marche dominicale pour le climat.
Ailleurs, comme à Dijon (Côte-d’Or), d’autres ont préférer attendre le calme de la nuit pour attaquer. Ainsi, peu avant 2h, des cocktails Molotov ont été jetés sur la préfecture, endommageant un bout de bâche d’une partie du bâtiment en chantier (n°55). A un autre accès au bâtiment (n°53), deux de ces engins incendiaires n’ont pas explosé. C’est un passant, constatant le départ de feu, qui a prévenu les forces de l’ordre. « L’incendie a été rapidement éteint, il n’y a pas de dommages sur la façade du bâtiment », a précisé à France 3 Bourgogne Frédéric Sampson, le directeur de cabinet du préfet. Une enquête est en cours. La police procède notamment à l’analyse des images de vidéo-surveillance.
Récit de cette journée à Caen [reçu par mail] :
« L’acte 20 était une sorte d’inter-villes régionales. Et il semblerait qu’il soit aujourd’hui bien difficile de retirer de l’argent dans le centre-ville…
Un premier rendez-vous a eu lieu à 10h. Un millier de personnes défile longuement dans un calme relatif, ponctué de beaux gestes : le vent de la colère soufflera plusieurs vitrines de commerce et de banques, ainsi que des panneaux de signalisation.
Après un pique-nique place du théâtre, un deuxième rendez-vous à 14h rassemble jusqu’à 2500/3000 personnes. Les banques sont systématiquement attaquées. Distributeurs de billets, caméras et vitrines sont détruits et/ou tagués. Quelques rares personnes manifestent leur mécontentement, des dizaines de personnes gueulent « anticapitalistes » lors des destructions. Le chantier du tram, de nouveau, est aussi attaqué. Des horodateurs sont mis hors d’état de nuire. Des poubelles sont enflammées. Les flics gazent et chargent au niveau du château. Après un beau début, une jonction se fait finalement avec la manif syndicale de l’éducation nationale. Comme d’habitude, les profs signeront la fin de la récré, entraînant le cortège rue Saint-Pierre tandis que de belles barricades se montaient avec le matériel du chantier du tram…
Toutefois, les inévitables prises de parole qui devaient avoir lieu place Saint-sauveur ne trouvent guère preneurs. Beaucoup de gens continuent vers 17h, mais trouvent face à eux un mur de CRS. Tandis que le centre-ville suffoque sous les gaz, une vitrine d’agence immobilière tombe sous les coups. Les CRS repoussent les gens, pendant que les gardes-mobiles arrivés en renfort arrivent par une autre rue. Vers 17h30, la plupart des manifestants et manifestantes s’est évacuée, mais le reste du cortège va se retrouver nassé du côté de l’espace gardin. Le maire de Caen annonce avoir demandé à la Pref l’interdiction de toute manifestation les samedis à venir. Comme si on allait demander la permission… La Préf annonce 18 interpellations.
Mort aux lois et vive l’anarchie ! »
A Rennes, plus de 700 personnes ont pris part à ce vingtième acte. Voici ce qu’en dit Le Télégramme (30.03.2019) :
« Un groupe d’environ 300 manifestants se sont rassemblés vers 14h au niveau de l’esplanade Charles de Gaulle avant de défiler pour rejoindre d’autres gilets jaunes réunis sur le quai François-Mitterrand. La manifestation forte d’environ 700 personnes a ensuite déambulé dans les rues de la ville sous l’étroite surveillance des policiers. Après avoir été bloqués au niveau du boulevard Magenta, les gilets jaunes ont rejoint l’avenue Janvier. C’est là, vers 16h, que quelques dizaines d’individus masqués ont alors intégré les premiers rangs de la manifestation, visiblement pour affronter les forces de l’ordre. Rapidement, les policiers ont chargé pour disperser ce groupe et procéder à des interpellations. Par la suite, quelques personnes ont continué d’arpenter les rues allumant des feux de poubelles et brisant les vitrines d’une banque et d’une agence immobilière sur leur passage. Vers 17h une partie des manifestants s’était égaillée dans le parc du Thabor alors quelques dizaines d’autres ont poursuivi leur périple dans le centre-ville. Vers 17h30, ils étaient encore une cinquantaine réunie dans le calme au niveau de la place de la République. La manifestation s’est finalement dispersée sans autre incident vers 19h. Au total, huit personnes ont été interpellées au cours de l’après-midi ».
A Bordeaux, le nouveau maire, Nicolas Florian, remplaçant d’Alain Juppé, avait interdit tout rassemblement et manifestation partout dans le centre-ville. Il avait également appelé à « une ville morte », c’est-à-dire à une ville déserte, musées, bibliothèques ou commerces fermés et barricadés, dans l’optique de faciliter la répression des flics. « À 15h45, le cortège arrive place de la Victoire, dans une zone qui était pourtant interdite à la manifestation. Sur le Cours de la Marne, une agence bancaire de la CIC protégée par des plaques en bois est attaquée. Une fois son éco-mur de protection troué et arraché, la vitrine est enfoncée par quelques enragés. Vers 16h éclatent les premiers affrontements avec les bleus après que le cortège de plusieurs milliers de personnes a traversé la longue artère commerciale du centre, la rue Sainte-Catherine. Vers 17h, les combats de rue continuent sur la place des Capucins. Une demi-heure plus tard, des émeutiers érigent des barricades Cours de l’Yser. À 19h, la préfecture indique que 59 personnes ont été interpellées dans le cadre de la manifestation, « pour détention de matériels offensifs, ports d’armes prohibées, jets de projectiles sur les forces de l’ordre, et outrages sur personne dépositaire de l’autorité publique ».
A Saint-Etienne, outre la manifestation régionale des Gilets jaunes, deux autres rassemblements étaient prévus : l’un sur le chantier de Steel [incendié fin décembre 2018; l’action sera revendiquée quelques jours plus tard] pour protester contre les « projets inutiles », et un autre devant le fabricant d’armes Verney-Carron. Tout le centre-ville était bouclé par les forces de l’ordre déployées en masse (723 policiers et gendarmes) et équipées d’un hélico. Le siège du fabricant d’armes était lui aussi surprotégé par des dizaines de gendarmes mobiles. Les premiers affrontements qui éclatent n’ont pas lieu avec les flics, mais avec des Gilets jaunes. Rue André-Malraux, les premières barricades et poubelles sont enflammées lorsque quelques citoyens en jaune usent de leurs mains pour stopper l’élan de révolte en cours. Toutefois, leurs ardeurs d’ordre seront très vite calmées par d’autres enragés. Sur le passage de la manif, rien n’est épargné, ou presque. Des écrans publicitaires et leurs abribus sont explosés, des poubelles et chantier incendiés, tout comme la végétation longeant les voies SNCF. Les affrontements dureront jusqu’en fin d’après-midi et se solderont par quatre flics blessés (dont l’un de la BAC « gravement touché à la main »)
Alors que tout semblait être revenu à la normale en début de soirée, des enragés ont décidé de frapper au moment et à l’endroit où ils n’étaient pas attendus : un groupe d’individus masqués et munis de marteaux a déboulé au McDonalds de Saint-Priest-en Jarez vers 21h20. En moins de deux minutes, ils ont détruit plusieurs machines de commande, écrans tactiles, caisses, mobilier et déverser des poubelles à l’intérieur du restaurant, avant de repartir sauvagement par les cuisines. Voici ce qu’en disent les journaflics du Progrès, qui n’ont pas tardé à recracher mot pour mot les petits papiers de la flicaille en civil : « Une véritable tornade : bornes tactiles détruites, vitrines brisées, poubelles renversées… Les casseurs sont ensuite passés par les cuisines pour tout saccager. Avant de filer comme si de rien n’était. Une enquête a été ouverte par la Sûreté départementale mais l’identification des auteurs sera difficile. Il semble néanmoins que le groupe de casseurs fasse partie de l’ultragauche présente, samedi après-midi, dans le cortège de l’acte XX des Gilets jaunes à Saint-Étienne […] » Ce saccage a causé plusieurs dizaines de milliers d’euros de dégâts, et le gérant a indiqué prévoir « une réouverture complète d’ici mercredi, au terme des réparations en cours ». (Francetvinfo, 01.04.2019)
A Lille, peu de choses sont sorties dans la presse (contrairement aux semaines précédentes) mais il semblerait que l’après-midi ait été bien ensoleillé, et plutôt déter …
Le lendemain à Bruxelles se tenait la troisième marche pour le Climat, organisée par des ONG et toute la faune sociale-démocrate, citoyenniste et réformiste, afin de demander aux gouvernants « d’agir davantage pour l’écologie et contre le réchauffement climatique ». Cette fois-ci, leur défilé de collabos ne s’est pas passé comme prévu, puisque des centaines de personnes (en gilet jaune ou noir) sont venues leur rappeler la signification du mot lutter, en exprimant leur rage contre les responsables du désastre écologique, ces mêmes crapules auxquelles s’adressent nos marcheurs du dimanche pour le climat.
La conscience du bobo est heurtée dès qu’on touche à la propriété des riches et des institutions. C’est ce qui s’est produit un peu plus d’une heure après le début de la manifestation partie de la gare du Nord, lorsque des dizaines de personnes masquées sont sorties du cortège pour détruire les vitres d’un bâtiment de la Commission Européenne, situé rue de la Loi (ça ne s’invente pas!). Celui-ci servait de point-info sur les thèmes de la santé, de l’éducation, et notamment de l’action pour le climat. Des centaines de marcheurs se sont montrés d’un coup très réactifs quand il a été question de mater ces blasphémateurs du dimanche saint-Climat. Après avoir arrêté la marche et pris la parole publiquement pour condamner ces bris de vitre, la grande majorité des marcheurs est passée derrière les rangées de flics afin « d’isoler les casseurs » et faciliter les arrestations (cf vidéo street politics).
Notons qu’un flic en civil présent dans le cortège offensif s’est fait dégager après avoir été désarmé.
Au total, près de 70 personnes ont été interpellées, dont une grande majorité de gilets jaunes.
Petit florilège des déclarations de citoyens-flics et politicards de demain :
Anuna De Wever, l’une des porte-paroles de Youth for Climate, politicienne en herbe : « C’est dommage que des casseurs viennent détruire des choses car nous avons toujours manifesté de manière propre et pacifique. Nous nous distancions totalement de ces actes ».
Kim Lê Quang de l’organisation Rise for Climate :
« La police a fait son travail et a pu isoler les fauteurs de troubles. Heureusement, il n’y a pas eu de blessés parmi nos manifestants ».