Après l’annonce du plan pénitentiaire le 12 septembre dernier en conseil des ministres, les arbitrages sur les villes retenues pour la construction de nouvelles prisons viennent de tomber. Le futur programme immobilier a ainsi été présenté aux syndicats de matons le 8 octobre en avant-première par Stéphane Bredin, directeur de l’administration pénitentiaire, et confirmés le 9 octobre en interne par le ministère de la Justice : 7000
places supplémentaires de prison doivent être livrées d’ici 2022 (« plan 2018–2022 ») et 8000 autres sont projetées d’ici 2027 dans un « plan 2022–2027 ». On en trouvera la liste ci-dessous.
Une annonce globale sur les villes choisies sera faite aux médias dans les prochains jours, entre nouvelles constructions, mais aussi rénovations et augmentation de places dans les taules existantes. Autant d’occasions supplémentaires pour s’en prendre à la machine à enfermer (cabinets d’architectes, entreprises de BTP et d’ingénierie, fournisseurs, politiciens, journalistes et syndicats qui en défendent la nécessité).
Pour rappel, au terme de partenariats public-privé (PPP) les groupes suivants conçoivent, possèdent et/ou gèrent déjà de nombreuses prisons depuis une dizaine d’années : Bouygues (Nantes, Réau-Melun, Annoeullin-Lille, Le Havre, Poitiers-Vivonne, Le Mans-Coulaines), Eiffage (Béziers, Roanne, Nancy-Maxéville, Lyon-Corbas) et Spie Batignolles (Valence, Beauvais, Riom). Quant aux deux derniers gros groupes de BTP, ils ne sont pas en reste, puisque c’est Vinci qui s’est occupé de reconstruire La Santé à Paris (réouverture le 7 janvier 2019) et du chantier des Baumettes-2, tandis que c’est Léon-Grosse qui va construire la nouvelle prison alsacienne de Lutterbach. Si les nouvelles taules ne seront plus construites en PPP mais en ayant recours à des « contrats de conception-réalisation », ce sont ces mêmes entreprises qui continueront à s’enrichir sur l’enfermement, au même titre que les fournisseurs Sodexo (en contrat avec 34 prisons françaises plus 60 autres dans le monde) ou Gepsa, filiale d’Engie (ex GDF-Suez), présente dans seize prisons et bon nombre de centres de rétention pour sans-papiers.
Voici donc la liste des Maisons d’Arrêt que l’Etat prévoit finalement de construire avec son « plan 2018–2022», plus les annonces complémentaires de sites officiellement abandonnés. D’autres types de prisons doivent encore venir la compléter, notamment les prisons-SAS (structure d’accompagnement vers la sortie) ou les prisons entièrement dédiées au travail (dites insertion/formation).
Que chacun exprime à sa manière ce qu’il pense de ces chantiers programmés,
Feu à toutes les prisons,
Liberté pour toutes et tous…
Nouvelles prisons (Maisons d’Arrêt, MA) programmées :
* Début de chantier en octobre 2018
Lutterbach (Alsace, 520 places, en remplacement des taules de Colmar et Mulhouse). Responsables : SCAU architecture, Constructeur Léon Grosse, Bureaux d’études : Beteg/BG Ingénieurs-conseils/EODD ingénieurs-conseils, Assistant à maîtrise d’ouvrage : Groupement Voxoa (mandataire)/Ixans, Carig/Archambault conseil/BETR
* Début du chantier en 2019
Caen (sur la commune d’Ifs, 282 places, en remplacement de l’actuelle MA), Avignon (400), Melun (700), Tremblay en France (700), Toulouse-Muret (600) + Angers, où la MA sera fermée pour être transférée sur le site de la Bodinière, à Trélazé (choix de l’architecte en 2019). + un CP (centre pénitentiaire) de 500 places en Guyane
* Début du chantier en 2020
Nice (650 places), Val de Marne (700 places), Alès (500), Var (600)
* Début du chantier en 2021
Rennes (a priori sur la commune de Liffré, 450 places), Val d’Oise (600), Strasbourg-Illkirch (500), Perpignan (500)
* Rénovation/agrandissement/extension (liste non complète. A noter qu’à l’exception des prisons de Colmar, Mulhouse, Caen et Angers, aucune autre ne fermera comme annoncé dans le plan-prison de 2017.)
Coutances et Cherbourg (Manche), Nîmes (agrandie de 120 places), La Talaudière (Loire), Gradignan (Gironde, démolition/reconstruction, début des travaux en 2019, 600 places), Lille-Loos (démolition/reconstruction, début des travaux en 2018, 840 places),…
Et sont annulés les projets de 2017 annoncés sous le précédent gouvernement (plan Urvoas) : Ajaccio, Nantes-Bouguenais, Lure (Haute-Saône), Dommartin-lès-Toul (Meurthe&Moselle), Saint-Bonnet-les-Oules (Loire), La Roche-sur-Yon ou Fontenay-le-Comte (Vendée), Vannes (Morbihan), Donchery (Ardennes), Saint-Lô ou Cherbourg (Manche), Saint-Laurent-Blangy (Pas de Calais),…
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