Chili : Quelques notes sur le week-end de révolte – 26 et 27 octobre 2019

Ci-dessous un rapide aperçu de la révolte en cours au Chili à divers endroits du week-end des 26 et 27 octobre, réalisé à partir de la presse chilienne :

Dimanche 27 octobre, il y a eu des barricades incendiaires et des affrontements lors des marches dans une multitude de villes, comme à Talca, Antofagasta, Concepcion, Punta Arenas …

A Santiago, un bus Transantiago est incendié dans la soirée, dans le secteur de Peñalolén. Un groupe d’une vingtaine d’encapuchadxs ont stoppé le bus et ont fait descendre le chauffeur, avant d’y mettre le feu. Le bus ne transportait aucun passager. Un autre bus, cette fois de la société Express, est brûlé par une vingtaine de manifestants dans le même secteur.

A Conchalí, ville au nord de Santiago, deux supermarchés ‘Cottus’ et ‘Sodimac’ situés au carrefour de Pedro Fontova et Vespucio Norte sont incendiés. Concernant la magasin Cottus, il s’agit du deuxième incendie en une semaine, après des pillages répétés.

Plus de 100.000 personnes ont défilé entre Viña del Mar et Valparaíso.

A Valparaiso, une pharmarcie ‘Cruz Verde’, située à l’angle de Bellavista et Condell, est pillée avant d’être incendiée.

A Concepcion, un incendie s’est déclaré aux troisième et quatrième étages d’un bâtiment de la Caja Los Andes (caisse de pension).

A Punta Arenas, à l’extrême-sud du pays, des barricades sont érigées dans le centre de la ville, illuminant la nuit et interrompant la circulation. Les carabiniers ont très vite rappliqué et gazé la foule, qui a riposté par des jets de divers proectiles. Des émeutiers se sont ensuite attaqué à plusieurs agences d’entreprises de téléphone, en détruisant le mobilier à l’intérieur et en le sortant dans la rue (cf vidéo)  : une boutique de la société télécom ‘Movistar’ située à l’angle de Colón et de Bories, une autre de ‘Claro’ au même endroit, ainsi qu’une deuxième agence de ‘Claro’ localisée à Mejicana la cual sont littéralement défoncées ; la dernière des trois a même subi un pillage en règle. Au cours de la manifestation de vendredi, la statue de Fernand de Magellan, érigée au centre de la Plaza Benjamín Muñoz Gamero, a été vandalisée par de la peinture rouge et diverses rayures.

 

Samedi 26 octobre, de grosses émeutes ont éclaté en fin de manifestation à Concepcion, épicentre de la révolte en cours, et ce depuis le 18 octobre. Dès la fin d’après-midi, des enragés se sont notamment attaqué à un organe de la propagande d’État, matérialisée par les locaux de la radio Bio Bio, qui a vu les vitres de son bâtiment voler en éclats. 80 personnes auraient pris part à l’attaque, selon les médias.

Le bâtiment patrimonial du gouvernement n’a pas échappé aux jets de lourds pavés qui ont brisé ses vitres blindées.

Au total, près de 71 cas de vandalisme ont été recensés sur l’ensemble de la journée par le maire de la ville A. Ortiz : de nombreuses agences bancaires et divers magasins ont été détruits, et il s’en est fallu de peu pour que le supermarché Unimarc de la rue Caupolicán ne se fasse piller (tentative avortée par l’intervention rapide des carabiniers).

Selon le chef de la Défense Nationale dans la région de Bio Bio, Carlos Huber, « bien que la manifestation de samedi ait été pacifique, elle s’est de nouveau soldée par des affrontements dirigés par des groupes minoritaires violents. Huber a expliqué « qu’il y a eu beaucoup de destructions de biens publics et privés dans le secteur de la Plaza Independencia jusqu’à 22h, des affrontements ont eu lieu avec les Carabiniers et les Forces Armées qui protégeaient principalement les infrastructures critiques telles la préfecture régionale (Gobernacion) et la Municipalité qui, à un moment donné, étaient en danger. »

Au total, 74 personnes ont été arrêtées et plusieurs carabiniers blessés à la tête par des jets de pierre.

Des affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu dans d’autres villes, comme à Punta Arenas, à Santiago ou encore à Valparaiso, où la cathédrale a de nouveau été saccagée lors de la manifestation de ce samedi. Le Diocèse évalue les destructions commises à l’intérieur et à l’extérieur de la cathédrale à plus de 20 millions de pesos (25.000 euros). Un cul-béni du coin raconte à une radio locale que « samedi après-midi, un groupe de personnes a forcé les barreaux de la cathédrale, brisé une nouvelle fois les portes et sortir les bancs dans les rues afin de les brûler ». Il a également précisé que le groupe d’iconoclastes a cassé un vase d’eau bénite, brûlé les portes et détruit une vingtaine de bancs. Le week-end précédent, la cathédrale avait déjà été prise pour cible, la porte principale incendiée et sa façade taguée. Pour rappel, et comme à chaque fois que les pauvres et opprimés s’insurgent contre cet existant misérable, le pape s’est fendu d’un appel à la population insurgée « d’arrêter les violences et de prendre la voie de la négociation », alors même que des centaines de personnes étaient déjà enfermées, mutilées, torturées et certaines tuées par les gardiens de l’ordre.

 

A Rancagua, des barricades ont été érigées et incendiées à la nuit tombée, après la marche qui fut plutôt pacifiée. Les locaux du secrétariat régional ministériel du logement (SEREMI de Vivienda) ont été attaqués (dégâts matériels et pillage partiel), ainsi qu’une station-service COPEC et une agence de la société chilienne de télécommunication TVR (dégâts matériels). 28 personnes ont été arrêtées par les flics.

 

A Vitacura (région métropolitaine de Santiago), vers 22h samedi, la prese rapporte qu’un individu a jeté un cocktail Molotov en direction de la concession automobile ‘Wcar’ : quatre véhicules tout neufs ont été fortement endommagés.

Ce samedi, quelques chiffres concernant l’impact de la révolte sur l’économie ont été publiés dans la presse du pays. Les principales municipalités de la région métropolitaine (Santiago) ont chiffré à plus de 20 milliards de pesos (24.830.000 euros) de dégâts causés rien qu’au mobilier urbain (« biens publics ») lors des dix derniers jours de manifestations. Ces pertes correspondent à la destruction de feux de signalisation, sièges et bancs, poteaux, monuments, éclairages, panneaux publicitaires, etc.

 

A Puente Alto, dans la banlieue sud de Santiago, est l’une des villes les plus saccagées de la région métropolitaine avec un total de neuf milliards de pesos (11.173.500 euros) de dégâts causés principalement aux caméras de sécurité, panneaux publicitaires et arrêts de bus, installations du métro.

Dans le même temps, le ministère des Cultures, des Arts et du Patrimoine a signalé qu’à ce jour (26.10.2019), une dizaine de bâtiments (à savoir les musées des Beaux-Arts, de l’Histoire Naturelle de Valparaiso et Régionale de Magallanes, ainsi que la Bibliothèque Nationale et la Severin) ont eu leurs façades dégradées.

Tout au sud du pays, on apprend ce lundi 28 octobre que 11 véhicules de police ont été endommagés à Punta Arenas (Région de Magallanes et de l’Antarctique chilien), la plupart pour des fenêtres et pare-brises cassés. Deux d’entre eux ont du être retiré du trafic, les autres continuent de circuler avec leurs vitres pétées. D’après un flic interviewé, « certains de ces véhicules endommagés sont haut-de-gamme, seulement mis en service en juillet dernier […] ».

Magasin pillé à Rancagua

Le concessionaire automobile de luxe attaqué dans la banlieue de Santiago

Les bureaux du média ‘Biobio Chile’ de Concepcion

La cathédrale de Valparaiso de l’extérieur et d’un seul côté

La cathédrale de l’intérieur

 

 

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