C’est à l’occasion d’un procès qui s’est tenu jeudi 19 septembre 2019 au tribunal correctionnel de Vannes, qu’on en apprend un peu plus sur le sabotage du parc éolien en Lanouée, près de Ploërmel (Morbihan). La nuit du 3 au 4 janvier 2019, au lieu-dit Rouvray, son transformateur électrique de 20 000 volts avait en effet été incendié par un groupe de gilets jaunes, provoquant de gros dégâts et son arrêt. Si plusieurs des sept arrêtés le 11 mars (suite à un « renseignement anonyme », hum, bien qu’ils aient pensé à laisser ailleurs leurs téléphones portables) ont parlé en garde à vue et certainement lâché ou confirmé des noms, puis ont reconnu les faits et les ont renié lors du procès, on peut tout de même souligner quelques faits :
* tout d’abord qu’il s’agit là d’un exemple de plus parmi les nombreux déjà listés, que des groupes auto-organisés de gilets jaunes (ici sept personnes âgées de 24 à 39 ans) ont non seulement entrepris des sabotages en dehors des émeutes du samedi, mais aussi qu’ils ont identifié des structures d’énergie ou de communication comme étant des cibles intéressantes pour eux.
* ensuite que des attaques importantes peuvent être menées avec des moyens simples (dans ce cas « un pied-de-biche, des pneus usagés et de la paille ») contre des structures de la domination disséminées à tous les coins de rue… ou de campagne. Techniquement, ils ont forcé la porte au pied de biche, puis ont bouté le feu à l’intérieur avec les pneus et la paille.
* enfin, qu’un parc éolien n’est pas seulement composé de simples tranfos, mais dispose aussi d’un dit « poste de livraison » crucial qui contrôle l’ensemble des éoliennes et peut donc tout arrêter, comme l’a révélé au procès l’exploitant de celui de Lanouée, Steag New énergie :
« Ce n’est pas un simple transformateur électrique qui a été incendié ce soir-là, souligne l’avocat de Steag New énergie, la société qui exploite les éoliennes. C’est le poste de livraison, le cœur du parc, le nœud de raccordement de toutes les éoliennes. » Et le préjudice est « extrêmement important » : plus de 575 000 €, comprenant le matériel détruit et la perte d’exploitation.«
[Reformulé de ouest-france, 19.09.2019]