Le 10 mai dernier, une révolte avait explosé au centre de rétention administrative de Saint-Jacques-de-la-Lande (près de Rennes), alors que les flics étaient venus chercher un sans-papiers vers 3h du matin. Quatre jours plus tard, l’Etat s’est vengé de cette solidarité incendiaire envers un retenu qui allait être expulsé.
Certains détenus étaient parvenus à monter sur le toit d’un des bâtiments. Deux bâtiments ont été rendus inutilisables suite aux incendies de matelas et vêtements ; et la capacité d’enfermement du lieu quasiment réduite de moitié.
C’est grâce aux caméras de surveillance que les enquêteurs ont réussi à identifier au bout de quelques heures trois hommes. Tous ont été jugés mardi 14 mai par le tribunal correctionnel de Rennes.
Le premier à comparaître, un jeune de 19 ans d’origine marocaine a assumé à la barre le fait d’avoir jeté un matelas en feu dans un bâtiment :
« C’est moi qui ai réussi à allumer le feu. C’était une manifestation contre ce qui se passe au CRA. On vient prendre les gens comme ça, sans prévenir. Je ne mettais pas en danger la vie des autres. »
Le second, un Marocain de 24 ans, accusé d’avoir jeté un oreiller en feu dans un bâtiment :
« On a entendu l’homme qui se faisait expulser appeler à l’aide. Il y avait sept ou huit policiers sur lui ».
Ce geste, qu’il qualifie de « raisonnable », a été imité par le troisième prévenu, un Tunisien de 26 ans, qui sera été condamné à un an de prison ferme, les deux autres à deux ans ferme. Un mandat de dépôt a été délivré pour les trois.
Le proc’, qui avait insisté sur la volonté « de propager » et « de détruire » de la part des émeutiers, avait requis des peines allant de 18 mois à 3 ans de prison ferme.
[Reformulé depuis la presse, 14.05.2019]