Deux personnes ont été tués par les flics en l’espace d’un mois à Londres : lors d’un contrôle routier dans l’est londonien, « Edson » Da Costa, père de famille de 25 ans, a été arrêté et violemment frappé par les brutes en uniforme. Six jours plus tard, le 21 juin, il est décédé à la suite de ses blessures ; Rashan Charles, 20 ans, est mort le 22 juillet après avoir été poursuivi par les flics à Dalston, au nord-est de Londres.
Mais les larbins armés de l’État ont très vite fait les frais de ses deux assassinats. La réponse émeutière détaillée ici, certes cantonnée à deux quartiers de Londres pour le moment, peut peut-être être une nouvelle étincelle, 6 ans presque jour pour jour après le soulèvement contre la police, pour étendre à travers le pays la révolte contre les flics et tout ce qu’elle protège.
Le meurtre d’Edson a très vite suscité une effusion de rage dans la soirée du dimanche 25 juin à Forest Gate, quartier résidentiel situé dans l’est de Londres. Alors que le chef des assassins racistes de la police, Ian Larnder, répandait calomnies et mensonges sur Edson (prétendant qu’il se serait tué tout seul) devant une foule réunie devant le commissariat, certains enragés ont mis fin à cet horrible et insupportable discours policier en répandant le désordre dans le secteur. Quelques personnes au milieu de la foule, une fois après s’être masquée le visage, se sont mises à défaire des pavés d’un mur du quartier, à s’équiper de bouteilles pour attaquer les flics. Dans l’effusion de rage et les slogans tels que « no justice, no peace, no racist police [1] » ou le classique « f*** the police » , des véhicules de police ont été endommagés. Les pompiers en ont aussi pris pour leur grade lorsqu’ils ont rappliqué pour éteindre les barricades en feu.
Les lâches habituels aux discours non-violents ont très vite accouru pour affirmer qu’ils étaient les organisateurs de la manif et qu’ils ne voulaient pas de « provocateurs ». C’est typique des pacificateurs qui font le travail de l’État et des flics pour tenter d’atténuer la rage vengeresses de ceux qui subissent la police (et sa violence) chaque jour dans leur vie.
Les médias du pays ont étouffé cette nuit de révolte, ont clairement cherché à minimiser l’intensité de l’émeute, certainement par crainte de propagation de la révolte ailleurs dans le pays. Le traumatisme des émeutes de l’été 2011 [2], parties de Tottenham pour s’étendre comme une traînée de poudre à travers le pays, est encore présent dans la tête des hommes du pouvoir et des puissants.
Ceci n’a pourtant pas empêché une nouvelle soirée de révolte ce vendredi 28 juillet, alors que la fin d’une énième marche pacifique pour Rashan Charles approchait : certains manifestants n’avaient pas l’intention de rentrer chez eux, de continuer à marcher dans le calme, au sein de cortèges aux allures funèbres…
Vers 22h, les lignes de flics ont reçu feux d’artifice et bouteilles, tandis que des barricades enflammées ont été érigées à travers les rues de Hackney. Des vitrines de magasins et d’un centre commercial ont été brisées, des voitures et camions vandalisés. Très vite, patrons de bar et de restaurant du quartier se sont barricadés et ainsi séquestrés de nombreux clients qui étaient à l’intérieur.
Ci-dessous une traduction d’un récit de cette nuit enflammée, publiée sur Fire on the Horizon :
Une autre émeute [3] a éclaté ce vendredi soir au nord de Londres au moment où des enragés exprimaient leur colère à la suite du meurtre policier de Rashan Charles qui est mort étouffé après avoir été pris en chasse jusqu’à l’intérieur d’un magasin de Dalston.
Des dizaines d’enragés se sont rassemblées devant le magasin où Charles a été menotté au sol par les flics assassins samedi 22 juillet en début de matinée. Le jeune home de 20 ans a été emmené à l’hôpital où il est mort peu de temps après.
De jeunes enragées au visage masqué présent à la manif ont balancé matelas, containers à poubelles, cônes de signalisation et ordures dans les rues afin de stopper la circulation. Plusieurs fourgons de police anti-émeute envoyés pour contrôler la manif ont été attaqués par des jets de bouteilles et autres objets.
Un conducteur de camion stupide et impitoyable, plus préoccupé par le fait de perdre du temps pour son travail que par la mort d’une personne aux mains des flics, a tenté de forcer le passage en heurtant les poubelles qui étaient alignées en travers son chemin. Des manifestants ont sauté à bord, s’accrochant à une fenêtre, tandis qu’un autre manifestant assis sur une poubelle a été poussé sur plusieurs mètres par le véhicule. Un homme a grimpé sur le toit, mais le conducteur a continué de rouler tout en étant visé par des jets de bouteilles.
Plusieurs poubelles de la barricade ont été incendiées et un matelas balancé par-dessus a formé une spirale de fumée noire qui s’est répandue dans l’air. Des feux d’artifice ont été tirés en direction des flics, tandis qu’un hélicoptère tournait au-dessus de la zone. Rapidement, des flics à cheval et d’autres fourgons anti-émeute ont été déployés alors que les flics présents tentaient de contenir le désordre et de disperser les groupes de manifestants. A trois reprises, les jeunes sont parvenus à repousser les flics avant que le désordre ne se calme. A un moment, les jeunes incontrôlables se sont jetés sur une agence de la Barclays Bank qui était sur leur route, tandis que d’autres gardaient les flics à distance. Des vitres de plusieurs magasins de Kingsland Road ont été brisées et quelques restaurants du secteur ont baissé leurs rideaux métalliques, piégeant les clients à l’intérieur, tandis que la manif devenait plus violente, se transformant en émeute. Des vidéos postées en ligne montrent des personnes s’affrontant aux rangées de flics armés de matraque tandis qu’ils tentaient d’enlever les barricades des rues.
Plus tôt dans la semaine, lors d’une manif lundi 24 juillet, au moins 150 personnes ont marché en direction du commissariat de « Stoke Newington ». […] Que ce soit pour l’assassinat de Rashan Charles tout comme pour celui d’Edir Frederico Da Costa (plus connu sous le nom de « Edson ») le mois dernier, les flics assassins avancent tout un tas de justifications fallacieuses, comme par exemple celle prétendant que la personne pourchassée et assassinée avait avalé un petit sachet, pensant être de la drogue [4].
Par ailleurs, lors de cette même nuit de vendredi à samedi 29 juillet, une voiture de patrouille de police a été incendiée dans le quartier de Hartcliffe à Bristol.
A suivre…
NdT :
[1] Les raisons de détester cette institution sont si nombreuses… Le caractère raciste de la police n’en est qu’une partie. En tant qu’anarchistes, notre problème avec elle réside bien plus dans le contrôle et le principe même d’autorité et de l’Etat.
[2] Plusieurs articles de la presse anglaises sont consultables ici et là.
Cf aussi plusieurs textes d’analyse et de réflexion anarchistes sur ce soulèvement.
[3] Référence à la nuit d’attaques contre la police du 25 juin à « Forest Gate » mentionnée ci-dessus.
[4] D’après une commission d’enquête « indépendante » (sous l’égide de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC), la police des polices anglaises), les flics auraient tenté de lui enlever un sachet qu’il s’était mis dans la bouche. . On connaît leurs mythos habituels pour se disculper… comme si leurs interventions mortelles seraient justifiées par le fait qu’il s’agirait d’un délinquant (pour ces merdes en uniforme, c’est bien connu que « jeune noir – pauvre qui plus est = criminel »). Or, on se contre-fout de leur classification des individus, étant nous-mêmes, en tant qu’anarchistes, des indésirables.