Dans la matinée de vendredi 15 février, environ 40 personnes se sont introduites dans les locaux Pôle Emploi, installés dans une impasse de la zone industrielle de Chantepie, où ils ont arraché des fils et détruit des téléphones et des ordinateurs. Le montant des dégâts est estimé à 3.000 euros.
Certains contrôleurs sociaux présents ont également été insultés. «Ils ont été choqués bien sûr mais il n’y a pas eu de menace physique», indique la direction de Pôle Emploi, qui a porté plainte pour « dégradations et vols ».
Depuis cette visite sauvage, des vigiles ont été engagés pour sécuriser les accès du bâtiment.
Dans un article de Ouest France en date du 21 février 2019, on apprend que la « CGT-Pôle emploi Bretagne » n’a pas tardé à condamner l’action: « Occuper un lieu symbolique pour faire entendre ses revendications est une chose mais détériorer le matériel, s’en prendre aux collègues, fouiller et déplacer leurs affaires personnelles en est une autre. La CGT Pôle emploi Bretagne condamne ce genre d’initiative et tient à assurer de son soutien l’ensemble des collègues légitimement choqué-e-s. C’est le gouvernement et ses orientations que nous devons combattre pas les agents de Pôle emploi ! ». Sans rire, le flicage des pauvres il se fait tout seul !
L’action a été revendiquée le jour même par « le collectif contre la réforme de l’assurance-chômage ». Voici le texte dans son intégralité:
Si aujourd’hui, vendredi 15 février 2019, nous avons envahi la plateforme de contrôle de Pôle emploi à Rennes, située au 1 Allée de la Guérinière, au premier étage d’un batiment moderne à la facade verte au dessus des locaux de la RAM, c’est pour manifester notre opposition au contrôle des chômeurs, et particulièrement à la multiplication par 5 des équipes de contrôles (passage de 215 à 1000 contrôleurs à l’horizon 2020), et au décret du 30 décembre 2018.
Ce récent décret introduit des sanctions sans précédent qui donnent le pouvoir à Pôle-emploi de baisser les revenus de ceux qui perçoivent les allocations chômage. En effet, un contrôle peut donner lieu à une suspension des versements, sur une période qui peut aller de 15 jours et 6 mois. Pire encore, il est même possible désormais de faire disparaître des mois de chômage pour lesquels des cotisations ont pourtant été versées (par le salarié et le patron), détruisant purement et simplement des droits.Comment le contrôle se concrétise-t-il ?
Les conseillers pôle emploi se retrouvent à gérer le contrôle continu et quotidien (vérifier le pointage aux multiples rendez-vous et formations obligatoires, surveiller les démarches de «recherche active d’emploi»…). En plus de cela, des équipes uniquement dédiées au contrôle, mises en place en 2015, produisent un flicage plus intense et spécifique, pouvant provoquer un sentiment de harcèlement administratif. Les contrôleurs envoient des questionnaires sur la recherche d’emploi qu’ils analysent, poursuivent les interrogatoires par téléphone, peuvent demander des copies de mail de «candidature spontanée», ou vérifier sur un compte facebook du chômeur qu’il ne s’est pas évadé à l’étranger… Et pour celles et ceux qui se disent qu’ils s’en sortiront en respectant les règles de recherche d’emploi, ils font erreur, penser s’en sortir tout seul c’est ne pas comprendre que le coeur de cible de ces dispositifs sont les usages courant du chômage. Par cette double forme du contrôle (quotidien et/ou ciblé), ce sont tous les chômeurs qui sont visés, quant bien même ils pensent ‘‘jouer le jeu’’, puisque la finalité de ces mesures c’est de remettre au plus vite le plus de gens possible au travail dans des conditions et à des niveaux de rémunérations dégradés. Qui plus est, désormais, Pôle emploi est complètement autonome pour contrôler, prendre la décision d’une sanction et la mettre en application (là où, auparavant, cette procédure devait avoir la validation de la préfecture).Ajoutons à cela qu’en ce moment, sur injonction du gouvernement, les « partenaires sociaux » (syndicats de travailleurs et représentants du patronat) qui gèrent actuellement l’assurance chômage, se sont mis autour de la table afin de négocier les nouvelles conditions « d’accompagnement » et d’indemnisation des chômeurs et des chômeuses. La fin de ces négociations est annoncée pour ces jours-ci, à la mi-février. Il y a donc une nécessité particulière à lutter ces temps-ci.
Pour donner le ton de cette négociation imposée, le gouvernement a produit un document de cadrage qui laisse envisager un durcissement des conditions d’indemnisation des chômeurs. Les logiques qui en ressortent, telles que le lissage des droits chômage ou la dégressivité, visent à réduire les revenus de celles et ceux qui touchent ou toucheront un jour le chômage.
Rester au chômage, toucher ses droits, être inscrit à pôle emploi devient de plus en plus compliqué: entre la baisse des revenus mensuels et la hausse des contrôles, réagissons et luttons collectivement !Luttons contre la réforme chômage et sa mise en place, organisons nous pour refuser des mois sans aucun revenus et l’effritement continu des droits au chômage.
Le collectif Contre la Réforme Chômage