Le 19 décembre 2016, un groupe de 250 personnes s’est réuni à Kerkplein pour manifester contre la répression croissante visant les anarchistes et les antifascistes à La Haye et au-delà. La répression étant toujours l’interdiction des manifestations et l’identification des anarchistes et antifascistes pour ensuite prendre des mesures coercitives à leur encontre.
Cette manifestation a elle aussi été réprimée par la violence de la police et l’arrestation de 166 personnes.
Près de deux ans après, le procureur a décidé de poursuivre en justice les 166 personnes arrêtées à Kerkplein. Les cinquante premières personnes ont dû comparaître devant le tribunal le mois dernier. Après deux jours complets d’audience, le juge a rendu sa décision le 3 décembre et toutes ont été acquittées. Hier (13 décembre 2018), le procureur a décidé de ne pas faire appel et de classer sans suites les personnes inculpées restantes dans cette même affaire.
Le procès
Au cours du procès qui a duré deux jours, certains points ont été éclaircis. La police a mis fin à la manifestation à Kerkplein en raison du fait que certaines personnes avaient le visage masqué. Comme nos avocats l’avaient déjà souligné, le tribunal a reconnu qu’il n’y avait aucune restriction sur le fait de se dissimuler le visage, décision qui aurait été prise par le maire.
Dans le dossier, la police a affirmé qu’il y avait une restriction imposée au port de la cagoule ou le simple fait de se dissimuler le visage. Elle a également affirmé que la mairie avait donné l’ordre de mettre fin à la manif. Cependant, rien dans le dossier n’indique précisément quelle personne ou instance a donné cet ordre. En gros, la police a décidé elle-même de recourir à la violence pour arrêter, réprimer et nier le droit de manifester car cette manif ne leur a tout simplement pas plu.
Répression
Cet événement correspond à l’image de répression visée par la manifestation. La police de la Haye a pris pour cible les anarchistes et les antifascistes d’une manière écœurante. La manif s’est terminée dans la violence, sans ordre du maire. Les anarchistes sont intimidé.e.s jusqu’en bas de chez elles/eux, par des perquisitions policières et des portes cassées, afin de percevoir des amendes et de photographier des objets personnels. La liste s’allonge avec des interdictions de territoire, des amendes exorbitantes, des tentatives de recrutement de mouchard.e.s et la constitution d’un fichier CTER [1].
Cette affaire montre de manière évidente ce qui se passe si souvent à La Haye. La police décide elle-même, les personnes sont arrêtées et acquittées plus tard voire pas du tout poursuivies. Bien sûr, c’est toujours une bonne nouvelle de ne pas à avoir à payer d’amende, mais concrètement, rien ne change dans la rue. La police peut faire ce qu’elle veut. Elle se fout de nous faire payer une amende ou non. Et si une arrestation s’avère injuste, il n’y a aucune conséquence pour elle. C’est pourquoi il s’agit d’un moyen efficace dont elle dispose pour nous empêcher d’aller dans la rue. Et c’est pour cette raison également que nous ne sommes pas surpris.e.s du fait que ce spectacle de la police et des juges se répète.
Cependant, s’ils pensent que notre lutte pour la solidarité et un monde radicalement différent va s’arrêter, ils se trompent. Soyons clair.e.s : aucune matraque, aucun agent et aucune prison ne nous empêchera de lutter pour la liberté véritable. Réfléchissons sur ces événements et créons des méthodes incontrôlables pour continuer la lutte !
Combattons la répression. Vive l’anarchie !
[Traduit de l’anglais de Fight Repression, 14.12.2018]
Note du texte original :
[1] Fichier visant à répertorier les personnes connues des renseignements en matière « de terrorisme, d’extrémisme et/ou de radicalisation ».
NB:
On pourra relire deux textes qui reviennent sur le contexte de répression visant les anarchistes à La Haye: