Ce tract contre la future méga-mine de la Compagnie de la Montagne d’or a été diffusé lors d’un rassemblement à Cayenne le 16 juin 2018. Deux jours plus tard, le 18, une manifestation s’est également déroulée à Saint-Laurent-du-Maroni.
La mine dite « Montagne d’or » est plutôt une fosse gigantesque creusée afin d’extraire à grand renfort d’explosifs et de cyanure 1,6 g d’or par tonne de roche broyée, au total 85 tonnes d’or. Ce projet doit ravager 800 hectares de forêt à 125 km de Saint-Laurent-du-Maroni, pour exploiter 750 personnes sur 12 ans environ. Première mine d’or de taille industrielle, elle ouvre la voie à d’autres projets similaires dans l’intérieur de la Guyane dont la forêt et ses habitants subissent déjà violences et pollutions liées à l’orpaillage.
Depuis plus d’un an, une lutte existe contre ce projet mortifère, sait-on jamais, elle pourrait traverser les océans et les frontières…
Mine de rien (Montagne d’or, Guyane)
Malgré le tableau d’une mine isolée en pleine forêt, il serait hypocrite de penser que la méga-mine dite de la « Montagne d’or » ne concerne que les 800 hectares en voie d’être broyés et passés sous le rouleau compresseur de la société industrielle.
Ce texte ne s’attardera pas sur les détails de la méga-mine : ce projet est nauséabond, point barre.
La Compagnie de la Montagne d’or (CMO) a déjà enfumé les débats publics en présentant une prétendue mine « écologique » et « responsable ». Dans leurs bouches, un trou béant rempli de produits chimiques extrêmement nocifs et des boulots dans des conditions exécrables se métamorphosent en mine « verte » et en « chance » de développement économique pour la Guyane. Au cyanure ou au mercure, avec des bassins de rétention ou des déversements directs, avec des travailleurs sans-papiers ou précaires, la réalité minière n’est ni à débattre ni à négocier. Une mine ne pourra jamais être ni bio ni équitable et encore moins solidaire.
Ravageant une région, son air, ses eaux, sa terre, ses habitants, ses animaux, ses végétaux, la méga-mine ne peut servir qu’à enrichir une poignée d’individus au détriment de tous. Ce « progrès » là est un leurre. De plus, derrière la Montagne d’or, de nombreux autres projets de mines industrielles risquent de voir le jour en Guyane si rien n’est fait pour les en empêcher.
Ne laissons pas la CMO et ses complices creuser cette tombe géante !
Une mine d’une telle envergure a besoin de beaucoup de personnes et de compétences pour se concrétiser. Au-delà de sa construction, elle nécessite des analyses et des études « scientifiques », l’intervention d’entreprises de BTP pour construire une piste et une ligne à haute tension de 120km, des sociétés de sécurité pour militariser la zone, mais aussi des politiciens et des figures publiques pour légitimer leur projet, etc. La Compagnie de la Montagne d’or n’est donc qu’un acteur parmi d’autres et n’est ainsi pas seule responsable car une multitude d’entreprises, d’organismes et d’individus participent directement et indirectement à la réalisation de ce projet. Ces nombreux complices de la CMO sont autant de rouages qu’il est possible d’enrayer pour leur compliquer la tâche et réduire leur quête de l’Eldorado à néant. Que se soit en groupe ou individuellement, en Guyane ou ailleurs, de jour comme de nuit, les occasions et les possibilités sont nombreuses pour mettre des bâtons dans les roues de toutes les parties prenantes de cette machine de mort.
Parce que cet énième projet minier en appelle d’autres par la suite, parce qu’il n’est que la partie emergée de l’iceberg de leur appétit dévorant, parce qu’il démultiplie la dégradation d’une situation actuelle déjà désastreuse, parce qu’il ouvre à des formes encore plus industrielles et destructrices d’extraction.
Ne laissons pas la CMO et ses complices creuser cette tombe géante !
[Publié sur Indymedia Nantes, lundi 3 septembre 2018]