Dans la nuit du 26 au 27 mai 2018 à Roveré della Luna, à la frontière entre le Trentin et le Sud-Tyrol, plusieurs véhicules de l’armée ont été incendiés au seine de la zone de la caserne du 2ème régiment de Génie, qui sert de base d’entraînement et de stand de tirs. Les dégâts sont importants : 30 hommes du feu ont été nécessaires pour éteindre l’incendie. Cette nouvelle devrait parler d’elle-même. Et pourtant, nous aimerions revenir sur les déclarations des politicard-e-s du coin et de la préfecture de police de Trente au sujet de cette attaque incendiaire.
Revendication ?
Cela fait un certain temps déjà que la presse locale parle de « revendications » pour tout ce qui est publié sur les journaux d’agitation et les sites internet du mouvement, sur ce qui se passe en Italie et ailleurs [1].
Il nous semble que ces éclats de génie permettent à l’État de créer un climat hostile contre certaines actions. Quiconque commente des actions ou relaie certains faits peut se retrouver sur la liste des suspects. Huit véhicules militaires brûlés reste un fait.
Au sujet de la violence.
Comme toujours, cette action est également commentée par la phrase habituelle : « Par chance, personne n’a été blessé ». Après le sabotage lors du sommet des Alpes, politicien-ne-s et « désobéissant-e-s » du centre social Bruno (cf leur texte schizophrénique), ainsi que la préfecture de police et les journaux ont qualifié cette action de « dangereuse » pour la population, alors que les techniciens de la compagnie ferroviaire avaient assuré un peu plus tôt que ce type de sabotage ne pouvait en aucune manière mettre en danger la vie des passager-e-s. Ce n’est sans doute pas un hasard si des dizaines d’actions ne visent personne. Et qu’aurait dit ces messieurs les journalistes si un soldait avait été blessé samedi soir ? Un soldait choisit de quel côté il se place quand il porte l’uniforme, contrairement aux centaines de milliers de civils tués par les guerres partout dans le monde qui ne peuvent en aucun cas choisir de vivre ou de mourir. Nous leur réservons nos larmes et notre colère. Ce sont huit véhicules de l’armée qui ne serviront plus à la violence aveugle de l’État.
Véhicules civils ?
Les médias parlent des véhicules brûlés comme étant « à usage civil ». Il semblerait qu’une bétonnière, des camions, une pelleteuse et deux véhicules de type « Leopard » aient été brûlés. Il suffit de consulter la liste des véhicules de l’armée italienne pour constater que les véhicules appelés « Leopard » sont des chars d’assaut équipés de canons, de mitraillettes et d’autres types d’armes. Fabriqués en Allemagne, ils ont par exemple été utilisés par l’État turc pour l’invasion d’Afrin au début de l’année 2018. Les chars n’ont qu’un seul but : tuer.
Dans plus de 20 opérations en cours de l’armée italienne, tout est retourné, démoli et ce qui sert aux interventions militaires est reconstruit. N’est-ce pas cela la guerre ? Par ailleurs, certains journaux ont évoqué une initiative parlementaire régionale visant à réduire le nombre d’exercices de tirs sur les zones militaires et il s’agit pas non plus de simples exercices de tirs « civils » sur des pigeons en terre cuite. « Il s’agit ici, dit l’article, de rafales de mitraillettes, d’explosions de grenades et de coups de fusils. Tout ce vacarme, en plus de la pollution sonore objective, entraîne aussi une gêne importante. Mais « ce qu’ils emmènent avec eux » est bien plus : à savoir la guerre !
Terrorisme
Après l’attaque anonyme de Roveré, le procureur de Trente a ouvert une enquête pour « acte à caractère terroriste ». Le fait que quelqu’un ait mis le feu à ce qui provoque la terreur peut-il être du « terrorisme » ? Au risque d’être démodé-e-s et même répétitif-ve-s, mais pour nous les terroristes ce sont l’État et les puissant-e-s. A l’heure où les images de Palestinien-ne-s assassiné-e-s nous saisissent d’effroi, ne soyez pas surpris si nous nous nous réjouissons d’actions comme celle-ci. L’État italien possède 12 chars « Leopard » ? Eh bien, deux d’entre eux ne fonctionnent plus. Comme cela a été dit en Allemagne concernant des actions directes sur le plan international, « un véhicule militaire brûlé = des personnes qui ne meurent pas en Afghanistan, en Irak, au Liban ou en Libye… ». Des mots simples.
Pour des intelligences et des cœurs sans casque !
31/05/2018
romperelerighe
NdT :
[1] A savoir les brèves d’actions directes, qu’elles soient « sociales » ou « revendiquées ».