Dans la nuit de vendredi 11 à samedi 12 mai à Champigny-sur-Marne, la nuit a été plutôt difficile pour les bleus. Une cinquantaine de personnes, réparties en plusieurs petits groupes, s’en sont pris aux keufs une bonne partie de la nuit: tout a commencé peu après minuit avec l’attaque du commissariat de quartier à coups de mortier.
Trois policiers se trouvent à l’intérieur au moment des faits. Des flics arrivés en renfort visent alors les différents groupes à coups de LBD et de deux grenades de type MP7.
Au même moment, une équipe de la BAC est attaquée un peu plus loin, au niveau de la place Rodin, à coups de mortiers, cocktails Molotov, cailloux et bouteilles de verres. L’abribus situé sur la place est explosé, et deux voitures garées devant les locaux d’un bailleur social sont incendiés, tandis que deux autres véhicules garés dans le secteur sont dégradés. Les flics rappliquent dans le quartier du « Bois l’Abbé » en nombre, font usage à de multiples reprises de leurs LBD et de leurs grenades de désencerclement (quatre reprises selon la presse), blessant « quattre émeutiers au torse ». Avant de disparaître, deux gros containers à poubelles sont enflammés et balancés sur une bagnole de keufs. La presse ne dit rien au sujet de la suite et des éventuels dégâts, mais précisent que les flics arrivaient à ce moment-là à court de munitions. Trois personnes ont été arrêtées ce samedi, soupçonnées d’avoir pris part aux affrontements.
Cette nouvelle nuit d’émeute intervient dans un contexte de révolte contre la police ces derniers temps. Il semblerait que certains faits récents aient particulièrement alimenté cette haine saine contre les défenseurs des riches et de l’Etat : dans la soirée du samedi 5 mai, trois personnes sont arrêtées, soupçonnées d’avoir tiré des mortiers sur le comico un peu plus tôt. Elles seront placées sous contrôle judiciaire et jugés le 8 juin prochain. Après que deux vidéos de leur interpellation ont largement circulé (sur lesquelles on voit deux policiers à deux moments différents donner un coup dans la jambe à deux hommes qui chutent au sol et se font emmener. L’un d’eux était alors menotté). Un rassemblement se tient le lendemain soir devant le poste de police « pour demander des comptes sur ces violences ». La mère d’un des des trois interpellés, venu prendre des renseignements car sans nouvelles de son fils, est accueillie par un nuage de lacrymo en pleine figure. Plus tard, un deuxième rassemblement se tient, cette fois-ci bien plus vénère: caillassages du comico et incendies de poubelles situées en face. Personne ne sera arrêté.
C’est alors qu’interviennent « les acteurs locaux », les pacificateurs qui ne disent pas leur nom, qui pensent pouvoir « renouer le dialogue qu’ils estiment rompu » avec la police, comme si celui-ci existait avant… Outre l’aapel au calme des animateurs du quartier, qui chialent pour le sort d’une bagnole retrouvée carbonisée au petit matin, quelques perles sont lâchées par les élus locaux du PCF, dont Valérie Zélioli, 1re adjointe au maire: « les policiers, on en a besoin », avant d’ajouter qu’elle veut « croire en la justice s’il y a des dérapages, de n’importe quel côté ». Philippe Sudre, adjoint au maire « à la prévention et au droit à la tranquillité publique », annonce qu’une rencontre va être organisée « entre le commissaire et une délégation pour échanger avec lui.
Un animateur lance une banalité si répandue, phrase que l’on entend si souvent dans les milieux radicaux quand il s’agit d’évoquer la solidarité offensive avec des potes et compas interpellé.e.s: « Si les émeutes continuent, ça va se retourner contre les premiers jeunes interpellés… » La révolte est partagée et quand certains tombent pour des actes, une façon de ne pas les laisser seuls est de continuer d’agir, de les reproduire et de chercher à les propager. Penser que « ça va se retourner contre [les inculpés] c’est ni plus ni moins endosser la robe du juge ou de l’uniforme du flic, de penser avec un code pénal dans la tête.
Pour rappel, il y a environ trois semaines (début avril), sept jeunes ont été placés en détention provisoire pour les événements de la nuit du réveillon à Champigny, lors de laquelle deux flics avaient été roués de coups. Une vague de 14 interpellations avait eu lieu dans toute l’Ile-de-France.