Dans la situation actuelle, l’État allemand s’appuie sur les restrictions radicales de la vie en société. Ce discours s’accompagne d’innombrables pouvoirs de poursuites et de surveillance de la part des autorités de sécurité, afin d’anticiper des infractions présumées. Les sanctions pour non-respect des interdictions de stationner et des règles de conduites dans l’espace public, en partie très louches, s’accompagnent de davantage de pouvoirs de surveillance de la part des autorités afin de localiser les gens via le suivi des téléphones et de les isoler pour prévenir l’infection. Pour la plupart de ces sanctions, il s’agit ici de mesures que politicien.ne.s et police réclament depuis des années, désormais introduites dans la législation à la suite de la pandémie et qui donc menacent d’être appliquées bien plus largement.
Les détenus en prison sont certainement les plus durement touchés par les règles visant à éviter la propagation de la pandémie du Covid19. Ces dernières semaines, des sections entières de la prison d’Holstenglacis ont en partie été mis à l’isolement. Cela signifie 23h en cellule, quasiment une seule promenade et moins de contact avec les codétenus. Mais même si les prisonniers ne se trouvent pas à l’isolement en raison d’un cas suspect, les conditions de vie déjà inhumaines en détention continuent à être radicalement restreintes. Le nombre de visites est réduite, ou elles sont complètement annulées si par exemple le LKA « n’est pas en mesure » de surveiller les visites ou ne trouve pas de salle adaptée. Si des visites ont lieu, souvent elles sont vraiment plus courtes et possibles uniquement derrière une vitre de séparation. Cela montre souvent l’arbitraire vexatoire des « mesures nécessaires » : alors que les prisonniers et les visiteur/euse/s sont soumis à des règles strictes qui sanctionnent le non-respect de ces mesures, les maton.ne.s se comportent parfois sans distanciaation. Il est encore possible de téléphoner, mais souvent l’argent manque pour payer ces tarifs absurdes. Il est probable que l’opérateur téléphonique en tire particulièrement profit. Reste à savoir si le courrier et les envois de livres sont concernés par ces mesures…
Néanmoins, la situation actuelle a aussi de forts impacts sur les procédures pénales des détenus. Plutôt que de désamorcer le danger de contamination dans les prisons en les libérant – comme c’est le cas à de nombreux endroits dans le monde – la devise pour plusieurs procès à Hambourg est : « Passer à travers advienne que pourra ! » La base à cela est la modification de la loi sur la période d’interruption des audiences principales. Si un procès était déjà en cours, une audience pouvait être interrompue pour un délai maximum de trois semaines. S’il y avait déjà eu plus de dix jours d‘audiences, le délai était d’un mois. La nouvelle loi prévoit le fait de pouvoir interrompre les procès allant jusqu’à une durée de trois mois et dix jours. L’association des avocats allemands a notamment averti sur le fait que celle-ci pourrait conduire à faire traîner artificiellement les procès et à éterniser la période de la détention provisoire.
Comment se portent les trois accusé.e.s dans l’affaire du banc public ?
Malgré la situation tendue en lien avec les contraintes justifiées par la pandémie du Coronavirus, les accusé.e.s vont bien, selon les circonstances ! Les deux compagnons qui sont toujours en détention provisoire sont en pleine forme, malgré les multiples restrictions de visites et dans la vie quotidienne en taule. Vous pouvez continuer à leur écrire et tenter de ne pas rompre la communication avec les prisonniers, surtout dans les conditions de détention actuelles !
La troisième inculpée, qui est toujours dehors sous contrôle judiciaire, se porte bien également !
Qu’en est-il du procès en cours contre les trois du banc public ?
En ce qui concerne les audiences dans les tribunaux de Hambourg, les places pour le public sont très limitées dans la période à venir.
Concernant le procès contre les compagnon-e-s, seules 6 personnes peuvent assister à l’audience en ce moment, bien qu’en vérité il y ait de la place pour bien plus de personnes, en prenant en compte la distance de sécurité d’1.50m entre les gens. Toutes doivent déposer leurs papiers d’identité à l’entrée et respecter les règles de conduite au sein du tribunal qui sont en constante évolution. Parfois, il n’est pas autorisé de rester debout dans le couloir, parfois on n’a pas le droit d’attendre ici ou là. Par ailleurs, ces prétendues règles de sécurité ne semblent pas vraiment s’appliquer aux flics et aux employé.e.s du tribunal. Ces dernier.e.s se déplacent souvent en toute liberté dans le palais de justice. Au cours des derniers jours d’audiences, les avocats des trois accusé.e.s ont tenté à maintes reprises d’obtenir une interruption du procès, car en raison de la distance minimale réglementaire, il n’est possible ni de communiquer de manière adaptée avec leurs client.e.s, ni – en raison des places fortement restreintes pour le public – garantir l’audience publique du procès. Dans ce cadre, il y a déjà eu 10 recours pour partialité contre la chambre de première instance du tribunal. Toutefois, elle continue, de concert avec le parquet, à réclamer la poursuite du procès, ce qui crée une ambiance de plus en plus tendue dans le tribunal.
Soutien aux prisonnier.e.s !
Montrons-leurs qu’ils/elles ne sont pas seul.e.s et que nous sommes de leurs côtés, surtout en ce moment !
[Traduit de l’allemand de indymedia, 19.04.20]