Tour d’horizon des révoltes dans les prisons à travers le globe – Mars/Avril 2020

Russie.
Jeudi 9 avril 2020, une mutinerie incendiaire a éclaté dans la prison de la région d’Irkoutsk en Sibérie orientale. Plusieurs prisonniers de la colonie pénitentiaire numéro 15 de la ville d’Angarsk, à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Irkoutsk et du Lac Baïkal, ont notamment brisé des caméras de surveillance et attaqué un gardien, selon les services pénitentiaires régionaux. Dans une vidéo publiée vendredi par le comité d’enquête régional, on voit plusieurs bâtiments de la prison en feu, d’impressionnantes flammes et volutes de fumée s’élevant dans la nuit.
Ce sont les prisonniers qui ont allumé le feu. « L’émeute continue depuis la nuit dernière », a indiqué le service de presse du comité d’enquête à l’agence Ria Novosti.

Colombie.
Mutinerie dans la prison de San Juan de Pasto le 7 avril, dans le département de Nariño, suite à la suppression des parloirs au prétexte de l’épidémie de Covid-19. La révolte a débuté à 6h du matin et a duré 2 heures avec incendies et tentative d’évasion. Trois prisonniers et sept matons ont été blessés (dont un envoyé à l’hôpital). Les prisonniers n’ont pas demandé de désengorgement de la prison, forcément partiel et selon des critères arbitraires ou intéressés, mais ont exigé la « Liberté » immédiate par le gouvernement. La police et les forces anti-émeute de l’armée sont intervenues pour mater les révoltés.
Le 21 mars, plusieurs mutineries avaient déjà éclaté dans treize prisons colombiennes, faisant 23 morts et 83 blessés parmi les prisonniers suite à leur écrasement.

Argentine.
Mutinerie lundi 6 avril dans deux ailes de la prison de Bouwer, située à 17km de Córdoba, en raison de l’épidémie de Covid-19. Il y avait déjà eu une mutinerie il y a quelques semaines, suite à la suppression des parloirs le 20 mars. Sans moyens d’hygiène, les prisonniers demandent à être libérés ou assignés à résidence.

Liban.
Mutinerie dans la prison Qoubbeh à Tripoli le 7 avril. Incendies, affrontements avec les forces de sécurité à l’intérieur et à l’extérieur avec des familles de détenus et des soutiens. Parmi les slogans chantés, plusieurs réclament l’amnistie générale.
Par ailleurs, une tentative d’évasion par tunnel a été déjouée dans la prison de Zahle le 6 avril.

Prison de Sheybani

Les 1er et 2 avril, une révolte éclate dans la prison de Sheybani (province du Khuzestan). En deux jours, il y aurait eu au moins 2 tués et 5 évadés.
Le 30 mars, une émeute éclate à la prison d’Adel Abad, la principale prison de la ville de Shiraz. Plusieurs caméras sont détruites et deux sections sont notamment saccagées…
Le 27 mars
, 73 détenus s’évadent de la prison de Saqqez, dans la province du Kurdistan. Dans la foulée, 20 d’entre eux sont rattrapés ou se rendent d’eux-mêmes aux autorités.
Selon l’agence de presse iranienne Irna, trois autres mutineries ont eu lieu depuis le 21 mars dans des prisons de l’ouest du pays, à Hamédan, Tabriz, et Aligoudarz (Lorestan).
Le 20 mars
, premier jour de l’année iranienne, 23 détenus se sont évadés d’une prison de Khorramabad, capitale de la province du Lorestan, à l’occasion d’une mutinerie nocturne pendant que les gardiens recensaient les prisonniers concernés par une mesure de grâce décrétée pour le Nouvel An.

[Résumé rédigé depuis Démesure]


« […] Au Moyen-Orient, le matin du 16 mars, les équipes anti-émeute font irruption dans deux des plus grandes prisons du Liban, à Roumieh et Zahle, pour ramener le calme ; plusieurs témoins parlent de barreaux démontés, de colonnes de fumée, de prisonniers blessés. En Amérique Latine, le 18 mars, une évasion de masse a eu lieu dans la prison de San Carlos (Zulia) au Venezuela, au cours d’une émeute déclenchée là aussi suite à l’annonce des mesures restrictives : 84 prisonniers réussissent à s’évader, 10 sont abattus au cours de la tentative. Le jour d’après, 19 mars, plusieurs prisonniers de la taule de Santiago, au Chili, tentent la fuite. Après avoir pris le contrôle de leur aile, mis le feu au poste de garde, et ouvert les grilles du couloir, ils s’affrontent avec les matons. La tentative d’évasion échoue et est durement réprimée. En Afrique le 20 mars, se produit une nouvelle tentative d’évasion de masse dans la prison Amsinéné de N’Djamena, capitale du Tchad. Encore en Amérique Latine, le 22 mars ce sont les détenus de la prison La Modelo de Bogotà, en Colombie, qui se soulèvent. C’est un massacre : 23 morts et 83 blessés parmi les prisonniers. De nouveau en Europe, le 23 mars, c’est une section de la prison écossaise de Addiewell qui finit aux mains des révoltés et est dévastée. Aux États-Unis, ce même jour, 9 prisonnières s’évadent de la prison pour femmes de Pierre (Dakota du Sud) le jour même où une d’entre elles avait été testée positive au Covid-19 (quatre d’entre elles seront capturées les jours suivants). Toujours le 23 mars, 14 détenus s’évadent d’une prison du comté de Yakima (Washington DC) peu après l’annonce du gouverneur sur l’obligation de rester confiner à la maison. Encore en Asie, la libération « provisoire » de 85 000 prisonniers de droit commun en Iran ne réussit pas à étouffer la rage qui couve dans de nombreuses prisons : le 27 mars, 80 détenus s’évadent de la prison de Saqqez, dans le Kurdistan iranien. Deux jours plus tard, le 29 mars, une autre révolte éclate en Thaïlande dans la prison de Burinam, au nord-est du pays, où plusieurs détenus réussissent à s’échapper. Mais il n’y a pas que les prisons, puisque même les centres où sont enfermés les immigrés sans-papiers s’agitent, comme le démontrent les désordres qui ont éclaté au centre de rétention de Gradisca d’Isonzo, en Italie, le 29 mars. […] »

[Extrait du texte de Finimondo, traduit par Démesure]

 

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