Mercredi 8 janvier, le procès des trois compagnon.ne.s de l’affaire des « bancs publics » s’est ouvert sous haute-sécurité et avec près de deux heures de retard. Prévu initialement à midi, le procès n’a pu débuter que deux heures plus tard en raison des contrôles drastiques pour accéder à la salle. L’entrée s’est fait par une porte latérale sécurisée du palais de justice. Lors des contrôles, les soutiens ont été contraints de déposer leur sac et d’enlever ceinture et chaussures pour pouvoir rentrer. Dans la salle, une baie vitrée séparait les accusé.e.s des personnes venues en soutien.
Lors d’une première tentative d’ouverture du procès, les deux compagnons incarcérés ont été accueillis par des cris de joie et des applaudissements de la part des personnes venues assister au procès. « Ravi de vous voir ! », a crié un spectateur. Les trois inculpé.e.s lui ont fait un signe de la main.
Lors de ce premier jour de procès, le procureur a énoncé les chefs d’inculpation visant les compagnons. Pour l’État et sa justice, les trois auraient planifié des incendies criminels à quatre endroits différents à Hambourg aux alentours de minuit dans la nuit du 7 au 8 juillet 2019, à l’occasion du deuxième anniversaire des manifestations contre le G20. Selon l’acte d’accusation, le domicile de la sénatrice SPD du développement urbain à la ville de Hambourg figurait parmi les cibles du « Parkbankcrew » (« l’incendie criminel grave » parmi les quatre). Pour les trois autres cibles, le parquet parle d’une agence immobilière de « Grossmann & Berger », d’un espace de vente de Vonovia et d’une voiture de la même entreprise). Toutes ces cibles ont en commun d’être liées à la politique du logement et au secteur immobilier.
Comme prévu, les trois accusé.e.s ne se sont pas exprimé.e.s.
Toujours dans l’acte d’accusation du procureur, « le trio a dans un premier temps planifié le délit et s’est finalement retrouvé à 23h55 sur un banc public dans un espace vert de la Meißnerstraße, afin de se répartir entre eux les engins incendiaires. Mais avant qu’ils ne puissent commettre ces incendies criminels planifiés, ils ont été arrêtés à 00h24 dans le parc à Eimsbüttel. Cinq policiers et policières en civil ont en fin de compte trouvé sur les trois des briquets et quatre bouteilles en plastique d’un demi-litre remplies d’essence, mais « pas de cigarettes ou de choses similaires ». D’après l’accusation, les suspects avaient aussi sur eux des gants et des vêtements noir de rechange.
Les mesures de sécurité lors du procès sont strictes.
Les enquêteurs soupçonnent une quatrième personne inconnue d’avoir été impliqué dans les plans. Mais il n’y a apparemment aucune trace de cette personne.
Le procès se poursuivra le 16 janvier prochain. A l’heure actuelle, 28 audiences sont prévues jusqu’en avril. Et il pourrait y en avoir d’autres.
Concernant la défense, tous les avocats des accusé.e.s (6 au total) restent cachés et ne parlent pas à la presse.
Par ailleurs, la défense a fait la demande pour que les accusé.e.s puissent avoir un deuxième avocat. La juge avait accepté, mais cela n’a pas plu au parquet général, qui a déposé un recours au tribunal régional supérieur.
Il y a eu un rassemblement de plusieurs dizaines de personnes devant le palais de justice lors de ce premier jour de procès.
La veille au soir, mardi 7 janvier, une manif de solidarité avec les trois compagnon.ne.s inculpé.e.s s’est tenue. Un cortège de près de 500 personnes a traversé Karoviertel bruyamment, avec une voiture équipée d’un haut-parleur, jusqu’à la prison d’Holstenglacis où sont incarcérés en préventive les deux compagnons. Au pied de la taule, les manifestant.e.s bruyant.e.s ont pu échanger avec les prisonniers qui se tenaient à leur fenêtre, l’un d’entre eux dansait.
[Reformulé de la NDR et de la TAZ, 08.01.2020]