France : Brèves du désordre et de la répression (Du 7 au 16 février 2019)

Agglo de Rouen, 14 février 2019 : bagnoles comme poubelles, des engins incendiaires qui se révèlent efficaces…

Deux voitures ont été incendiées devant les locaux de la police municipale de Bihorel, jeudi 14 février 2019. Un autre incendie s’est déclaré devant le commissariat de Darnétal. 

Le commissariat de Darnétal a été pris pour cible à la voiture-bélier. « au milieu de la nuit, une Renault Clio volée mardi 12 février sur les Hauts de Rouen, a été lancée contre le poste de police, indique une source judiciaire. Un témoin aurait aperçu trois individus encagoulés en train de prendre la fuite. L’incendie qui a rongé le véhicule a noirci le mur, mais a aussi gondolé la porte d’entrée blindée du commissariat, qui ne s’ouvre plus. Les locaux sont donc fermés jusqu’à ce qu’une nouvelle porte soit confectionnée. L’incendie qui a rongé le véhicule a noirci le mur, mais a aussi gondolé la porte d’entrée blindée du commissariat, qui ne s’ouvre plus. Les locaux sont donc fermés jusqu’à ce qu’une nouvelle porte soit confectionnée.

A 45 minutes d’intervalle, deux autres voitures ont été incendiées devant les locaux de la police municipale de Bihorel, ancien poste de police nationale. Les véhicules étaient stationnés place Saint-Louis lorsque l’incendie s’est déclenché vers 4 heures du matinSelon une source judiciaire, des commissariats n’ont pas été délibérément ciblés de cette façon depuis la fin des années 1990, dans l’agglomération rouennaise.


Colomiers (Haute-Garonne), 13 février 2019 : la vengeance est un plat qui se mange (vraiment) froid

Mercredi 13 février à Colomiers, le restaurant du chef étoilé Yannick Delpech a été de nouveau incendié. Et selon le parquet de Toulouse, la piste criminelle ne semble guère faire de doute, comme  pour le 29 janvier dernier : ce jour-là, le feu avait détruit son véhicule personnel, avant de se propager à une partie des cuisines et du stock alimentaire… L’établissement était fermé depuis cette date.

Cette série de sinistres fait suite à deux cambriolages et à une série de dégradations qui avaient visé l’Amphitryon. Ils étaient intervenus après un post Facebook du cuisinier dénonçant les exactions d’une « minorité qui ne veut que le chaos » en marge des manifestations des « gilets jaunes ». Il rajoutait aussi qu’il ne serait pas « l’otage de petites terreurs complotistes, anarchistes, racistes qui sèment le trouble au milieu d’un mouvement social porté par de vraies revendications sur le pouvoir d’achat ».


Aulnoye-Aymeries (Nord), 7 février 2019 : stations-services sabotées, et le Crédit Agricole perd ses vitres

Il est environ une heure du matin ce jeudi quand un véhicule s’arrête rue Mirabeau, la rue adjacente au supermarché. Quatre individus en descendent et font le tour d’Intermarché pour gagner la station-service. Là, les individus se déchaînent. En un éclair, ils cassent tous les distributeurs automatiques, pulvérisent les vitres de la cabine. Ils finissent par s’enfuir, en reprenant le même chemin par lequel ils sont venus. Slon le patron de la station-service, « Tout le matériel est hors service. Il faut tout changer, les distributeurs, tout le système informatique etc. Sans compter le manque de chiffre d’affaires avec la fermeture. Il y en a au moins pour 50 000 €. » La station-service est donc fermée, le temps d’être réparée.

La station-service d’Auchan rue de la Fontaine a également été vandalisée, mais paraît que c’était moins sauvage. L’agence du Crédit Agricole, en centre-ville de Berlaimont, s’est fait casser ses vitres.


Marmande (Gironde), 10 février : six DABs aveuglés

Dans la nuit de samedi à dimanche 10/02, quelques heures après l’acte XIII, six distributeurs de billets de banques ont vu leurs écrans obstrués de peinture blanche et noire, et leurs agences recouvertes de tags. « Deux hommes cagoulés sont à l’origine de ces inscriptions réalisées à partir de peinture de couleur blanche et noire dans le quartier de la Gravette, en centre-ville et sur la route de Bordeaux. » (Sud-Ouest, 11.02.2019)


Besançon (Doubs), février 2019 : parking dégradé, parking gratuit !

À chaque nouvel acte des « gilets jaunes », son lot de dégradations et de casse gratuite. Arrêts de bus et de tram, sucettes publicitaires, mais pas que… Les barrières automatiques des parkings et leurs caisses de paiement volent souvent en éclats comme le confirme le service voirie du Grand Besançon : « Le parking du Petit Chamars comme celui d’Arènes en ont fait les frais… Si ce dernier a pu être réparé par notre exploitant, il n’y avait plus les pièces nécessaires pour celui du Petit Chamars. Une commande est en cours, on espère que ça va se régler rapidement mais comme nous ne sommes pas la seule ville à connaître ce genre de déboires, il faut espérer que les délais ne vont pas s’allonger anormalement ».

Un vandalisme ciblé qui a un coût : 30 000 €. Auquel s’ajoute chaque jour le manque à gagner. Et comme le bouche-à-oreille fonctionne rapidement lorsqu’il s’agit des bons plans pour stationner gratuitement, le parking du Petit Chamars est régulièrement complet. Ce qui ne manque pas de courroucer celles et ceux qui y ont leurs habitudes, contraints d’aller voir ailleurs.


Alès (Gard), février 2019 : Mal de crâne pour le Préfet

Le sous-préfet d’Alès a déposé plainte ce vendredi 15 février, auprès du procureur de la république. Depuis un mois, chaque vendredi soir, des gilets jaunes ou prétendus tels, manifestent bruyamment devant son domicile privé. Une enquête de police a été déclenchée et la résidence de Jean Rampon est placée sous surveillance. La police procèdera également à des contrôles d’identité en cas de réitération de faits « inqualifiables » qui menacent la famille et les proches du sous-préfet. » De véritables harcèlements, des hurlements, des cris nocturnes, des jets de pétards à l’intérieur d’un domicile privé. Je ne baisserai pas les bras. » Ce ne sont pas les gilets jaunes qui sont visés par la plainte du sous-préfet d’Alès. Selon lui, depuis un mois, ces rassemblements nocturnes devant son domicile qui inquiète sa famille, sont à mettre sur le compte des anarchistes. […]


Casseuil (Gironde) : Toujours pas de signal pour les opérateurs téléphoniques (sur les répercussions liées à l’incendie d’une antenne relais le 24 décembre dernier)

On se souvient que la nuit du dimanche 23 au lundi 24 décembre, en deuxième partie de nuit, un incendie s’était déclaré contre le relais téléphonique de Casseuil (Gironde), utilisé par différents opérateurs. Des inconnus avaient pénétré par effraction dans ce relais en découpant un grillage, puis forcé la porte du bâtiment technique et mis le feu à l’intérieur. L’installation et l’antenne relais de 120 m avaient été fortement endommagés.

Eh bien on apprend le 7 février grâce au journal local « Le Républicain Sud-Gironde » que depuis plus d’un mois autour de Langon, Bazas, La Réole, Monségur, il n’y a toujours aucun signal dans la zone, peu importe l’opérateur. Ce qui méritait bien les gros titres de l’édition du jour, barrée d’une photo sur laquelle on vous laisse méditer…


Besançon, 15 février : 6 mois de taule pour des tirs de mortier

La veille de l’Acte 14 à Besançon, les gendarmes francs-comtois célébraient, comme au niveau national, la date anniversaire de la fondation de leur corps militaire, en février 1791. A cette occasion, le
Général Langlois, directeur de tous les pandores de la région, n’a pas hésité une seule seconde à mélanger la mort de leur « héros national » Beltrame (tué en mars 2018 à Trèbes lors d’une intervention contre un terroriste religieux) et les gilets jaunes : « Que nous débattions, c’est une chose. Néanmoins, c’est le vote qui nous permet d’exprimer notre opinion. Aujourd’hui, en ce jour anniversaire, en hommage notamment au Colonel Arnaud Beltrame, c’est vraiment un appel à la paix publique que je voudrais lancer. » Pour rappel, en Franche-Comté, en 2018, les atteintes contre les forces de l’ordre ont augmenté de 30%, et + 40% dans le Doubs. Pour l’acte 13 de la semaine dernière, ce même général s’était plaint que « On a essuyé des pétards agricoles et des bisons, mais également des tirs
de ballast, de grosses billes de verre, des bouteilles vides, ainsi qu’un feu d’artifice, qui a brûlé certains pantalons. »

Et comme la vengeance d’Etat ne se fait pas toujours attendre longtemps, ce même vendredi 15 février était jugé un jeune de 21 ans pour avoir lancé trois gros mortiers contre les gendarmes lors des affrontements sur le rond-point de la zone commerciale de Chalezeule lors de l’acte 13. Face à ses déclarations en garde à vue du genre « On ne peut pas aller chercher le président à l’Élysée, les gendarmes sont là pour prendre des coups dans la gueule à sa place », le procureur de Besançon Etienne Manteaux s’est comme d’habitude lâché : « On est dans une société libre, mais cette liberté n’est pas absolue, et heureusement ! Sinon, ce serait l’anarchie. (…) Tous les auteurs de violence seront poursuivis. Tous. On ne doit pas laisser un système d’intimidation des Gilets jaunes s’installer. » Le manifestant, accusé d’avoir provoqué des acouphènes chez 7 gendarmes avec ses mortiers, dont un qui a eu un tympan crevé, a même pris avec son casier vierge une peine supérieure à celle réclamée par le procureur. Alors que ce dernier réclamait trois mois de prison ferme, plus neuf mois de sursis, les juges lui ont fourgué six mois de prison ferme, plus six mois de sursis, avec mandat de dépôt. Le jeune est parti en prison le
soir-même.

Une autre personne a été envoyée en détention provisoire à la prison de La Butte, à l’issue de sa garde à vue et de sa comparution devant le tribunal.

Dans la semaine du 11 au 15 février, plusieurs personnes (dont il est difficile de faire un décompte exact) ont été soit perquisitionnées, soit convoquées au comico et placées en garde-à-vue pour les blocages et affrontements de ces derniers samedis, notamment pour ceux du 26 janvier dernier (acte XI). L’une d’elles a été placée sous contrôle judiciaire jusqu’à la date de son procès. Elle a « interdiction de paraître à Besançon les samedis ».


Pont-de-Claix (Isère), 14 février 2019 : l’Etat se venge

L’enquête sur l’incendie des bureaux de la police municipale de Pont-de-Claix, près de Grenoble, vient de franchir une nouvelle étape. Deux suspects, âgés de 22 et 25 ans, nés dans la métropole grenobloise ont été identifiés. Jeudi 14 février, les deux individus ont été mis en examen par le juge d’instruction en charge du dossier pour destruction volontaire de biens par incendie en raison de la qualité de dépositaire de l’autorité publique de la personne propriétaire du bien. Ils sont placés sous contrôle judiciaire. Dans la nuit du 5 au 6 novembre 2018, un incendie criminel avait détruit le bâtiment de la Police municipale de Pont-de-Claix près de Grenoble. Les 100 m2 de locaux étaient partis en fumée. L’enquête a été menée par la brigade de gendarmerie de Grenoble. La peine encourue est de 20 ans de réclusion criminelle.


La Ciotat (Var) : Condamnations pour le saccage du péage du 29 novembre dernier

Le 29 novembre dernier, sept individus, âgés de 19 à 40 ans, avaient été interpellés par la police lors d’affrontements violents et à la suite du saccage du péage de La Ciotat. Lors de leur passage devant le tribunal de Marseille, ce mercredi 13 février, trois d’entre eux ont été condamnés à six mois de prison avec sursis. Les quatre autres mis en cause ont, eux, écopé de six mois de prison aménageables.

Un local commercial de Vinci avait notamment été incendié au Muy (cf photo ci-contre). 


Bordeaux, 13 février 2019 : Des antifascistes à la barre pour le saccage du péage d’autoroute

Fin novembre, le péage de Virsac, sur l’A10, avait été le théâtre d’importantes dégradations. Plus de trente cabines avaient été cassées, pillées et incendiées. A l’époque les gilets jaunes s’étaient désolidarisés de ces violences. Ce mercredi 13 février, le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné à quatre mois de prison ferme et un an de prison ferme deux jeunes de la région bordelaise. Comme le précise le journal Sud Ouest, « assez vite, la piste d’une possible implication de membres des Ultramarines est devenue l’une des hypothèses de travail des enquêteurs ».

En effet, les deux condamnés : Thomas et Maxime (par ailleurs membre du collectif La Gamelle bordelaise) sont des sympathisants de cette association de supporters du club de foot de Bordeaux, proche de la mouvance « antifa ».

Au total, la section de recherches de Bordeaux a fait condamner 15 personnes (plusieurs avec du ferme sont incarcérées) en plusieurs vagues d’arrestations (dont des hools antifas). Sans compter de futures audiences au civil d’ores et déjà programmées, pour faire payer les dégâts aux condamnés. Et elle tient à le faire savoir ! On pourra lire ici son incroyable communiqué du 16 février.


Aubenas (Ardèche), 7 février 2019 : un manifestant placé sous contrôle judiciaire pour avoir rayé la voiture de la préfète

Un Ardéchois devait être jugé en comparution immédiate ce jeudi 7 février dans l’après-midi pour les dégradations commises deux jours avant à Aubenas sur le convoi transportant la préfète de l’Ardèche. Il a demandé un délai pour préparer sa défense. En attendant le procès, il a été placé sous contrôle judiciaire et devra pointer une fois par semaine au commissariat d’Aubenas.

Ce prof de lycée âgé de 40 ans vit à Jaujac. Il est soupçonné de dégradations. Il a d’ailleurs reconnu avoir rayé la voiture de la préfète. La préfète de l’Ardèche avait été stoppée au rond-point de Millet à Aubenas mardi 5 février lors du passage de la manifestation de la CGT et des gilets jaunes. Sa voiture avait eu les pneus crevés et sa carrosserie taguée et rayée.

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