« Gilets jaunes » : Infos sur la répression en cours – 14 février 2019

Ce jeudi 14 février, le ministre de l’intérieur a donné quelques chiffres sur la répression depuis le début du mouvement de révolte il y a trois mois: « environ 8.400 personnes ont été interpellées depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, il y a près de trois mois, et 7.500 ont été placées en garde à vue ». Il a également affirmé que « près de 1.300 policiers, gendarmes et pompiers ont été blessés ». Bien évidemment, il n’évoque à aucun moment les centaines de cas de blessures et de mutilations à vie infligées par les forces de l’ordre.

Voici une petite liste non-exhaustive de chiffres et comptes-rendus des médias au sujet de la répression en cours, et du caractère incontrôlable et destructeur qui a émergé ces derniers temps dans l’Hexagone, depuis le début de ce mouvement. Quelques infos sur la journée du 9 février viennent par ailleurs compléter l’article (déjà long) paru récemment  « Souffler sur les braises de la révolte« .

«Gilets jaunes»: la délinquance explose ces trois derniers mois

C’est ainsi que le Figaro titre son article (payant) du 13 février, donnant un aperçu sur la hausse des incendies visant les institutions étatiques et privées depuis les trois derniers mois: 

« L’effet «gilets jaunes» sur la délinquance? «Il est dévastateur», déplore un haut responsable du ministère de l’Intérieur. «D’autant que ces événements mobilisent, samedi après samedi, des dizaines d’unités de CRS et de gendarmes mobiles qui ne peuvent dès lors assurer leur mission de pacification des quartiers difficiles aussi bien qu’il le faudrait», reconnaît un cadre du syndicat Unsa-Police. Sur douze mois (de février 2018 à janvier 2019), les incendies de biens publics et privés ont ainsi grimpé de 6,7% (passant de 36.997 à 39.474 faits). Et si l’on s’en tient aux trois derniers mois, de novembre 2018 à janvier 2019, période qui couvre l’essentiel des manifestations du mouvement citoyen des «gilets jaunes», c’est une véritable explosion à laquelle on assiste, les incendies volontaires passant alors de 8982 à 13.042, soit une hausse 45,2 % ».


Acte XIII à Paris, 9 février 2019: Thomas -Pierre Verrier- incarcéré

L’homme interpellé samedi en marge de l’acte 13 de la mobilisation des Gilets jaunes à Paris après l’incendie d’un véhicule de la mission antiterroriste Sentinelle a été mis examen ce mardi pour dégradations d’un bien appartenant à autrui, dégradations par un moyen dangereux, dégradations par un moyen dangereux de biens destinés à l’utilité
publique, violences aggravées, violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique, prise du nom d’un tiers et participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations).
Il a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet, selon une source judiciaire.

Originaire de la région bordelaise, cet homme connu des services de renseignement et fiché S (Sûreté de l’Etat) pour appartenance à la mouvance anarchiste, avait été interpellé samedi après quatre heures de filature dans la capitale, selon des sources policières. Lors de son arrestation, il avait donné une fausse identité aux policiers.

Les enquêteurs le soupçonnent également d’être impliqué dans l’incendie d’une Porsche, celle du chef cuisinier Christian Etchebest, selon le Parisien, et dans des violences visant un fourgon de l’administration pénitentiaire, non loin des Champs-Elysées, l’un des épicentres habituels de la mobilisation des Gilets jaunes.


Paris, 12 février 2019, affaire du chariot élévateur : 5 gardes à vue

Tout le monde se souvient certainement de ce groupe de personnes hilares et joyeuses le samedi 5 janvier à Paris, debout sur un chariot élévateur de chantier abandonné, rue de Varenne (Paris VIIe), et fonce sur la lourde porte en bois du secrétariat d’Etat au porte-parole du gouvernement. Celle-ci cède sous le choc. Profitant de l’absence des forces de l’ordre, débordées ailleurs par les rassemblements, les assaillants pénètrent dans l’enceinte, dégradent des voitures et repartent. L’attaque – rapide – provoque l’évacuation en catastrophe de Benjamin Griveaux, alors en interview avec des journalistes et accompagné de son officier de sécurité.

Cinq semaines plus tard, six suspects ont été placés en garde à vue mardi matin au 3e district de la police judiciaire parisienne. Ces cinq hommes et une femme, âgés de 21 à 54 ans, sont pour moitié originaires du Nord, de l’autre de l’Ile-de-France (Val-de-Marne, Val-d’Oise et Yvelines).

Les policiers les ont identifiés après un minutieux travail d’enquête mêlant analyses ADN, travail de téléphonie et exploitation des vidéos – de surveillance et amateurs. Leur « plus gros client » est Romain M., 23 ans, interpellé dans le Nord. Celui-ci est soupçonné d’avoir conduit le transpalette électrique et l’avoir précipité sur le ministère.

Lors de l’attaque, le jeune homme est apparu visage découvert, vêtu d’un gilet jaune. Deux de ses proches, un père et son fils habitant également dans le Nord, ont été convoqués hier au 3e DPJ puis placés en garde à vue : Fabrice et Brice D. Le premier, doyen du groupe, est le seul à être connu des renseignements territoriaux pour ses liens avec la mouvance anarchiste locale. Les trois derniers suspects – Thomas S., 21 ans, Sylvie B., 46 ans et Jonathan B., 35 ans – sont quant à eux soupçonnés d’avoir été présents lors de l’attaque.

Les gardes à vue, pouvant durer 48 heures, ont été prolongées mercredi.


Nîmes (Gard), 12 février 2019 : condamnations pour l’incendie des impôts

Dans la nuit du 31 décembre au 1 janvier dernier, la façade du centre des impôts de Nîmes était incendiée par un groupe de gilets jaunes. Pendant près d’un mois, le centre des finances publiques du Gard est alors fermé. Bilan des dégradations près de 100.000 euros.

Mardi 12 février, 6 accusés, 2 hommes et 4 femmes, passaient au tribunal de Nîmes, accusés de cet acte avec « association de malfaiteurs ». A 19h, les jugements sont tombés. Les 6 gilets jaunes gardois sont condamnés à des peines allant de 4 mois de prison ferme à 8 mois avec sursis, pour l’incendie volontaire d’un centre des impôts nîmois.

Une mère de famille âgée de 26 ans et jusque-là inconnue de la justice a écopé de la peine la plus lourde. Un an de prison dont 8 mois avec sursis pour « complicité de dégradation » et « association de malfaiteurs ». Elle est considérée comme l’organisatrice, la nuit du réveillon du jour de l’an, de ce périple vers le centre des impôts au coeur de la ville de Nîmes. 3 autres personnes ont été condamnées à 8 mois de prison, dont 6 avec sursis, la peine réclamée par le parquet, toujours pour des infractions de « dégradations », « complicité de dégradations » et « association de malfaiteurs ».

Une femme a été condamnée à 10 mois de prison dont 8 avec sursis, pour complicité de dégradations et association de malfaiteurs, tandis que la dernière prévenue a écopé de 8 mois avec sursis.


Pyrénées-Orientales, 13 février : « Les stigmates de la guerre des ronds-points »

En moins de deux mois, le mouvement des « gilets jaunes » a entraîné près de 500 000 euros de dégâts sur les routes départementales. Sans compter les dégradations sur les radars, que l’Etat refuse de chiffrer, c’est la réparation des chaussées qui va coûter le plus cher. Quelques extraits choisis du Midi Libre (13.02.2019)

« Mais ce qui fait grimper l’addition, c’est la réfection des chaussées endommagées, principalement par les incendies. Selon les services du Département, 340 000 euros de travaux sont à prévoir pour 2019 afin de réparer le bitume devant les péages nord et sud sur les routes départementales D900a, D900, D83 et D12. […] Au Boulou, l’enrobé destiné à rénover le giratoire d’accès à l’A9 sera facturé 45 000 euros de plus. Les stigmates de la guerre des ronds-points entamée par les Gilets jaunes sont aujourd’hui encore visibles des automobilistes. » […] les agents étant victimes de jets de cailloux et d’insultes sur le terrain, leur encadrement a préféré attendre avant de lancer les travaux. D’autant que la poursuite du mouvement, de semaine en semaine, pouvait laisser augurer de nouvelles dégradations sur du matériel neuf. »

Montpellier (Hérault) : 130 vigiles embauchés par la CCI pour protéger les commerces lors de l’acte 14

Le président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie, André Deljarry, vient d’annoncer le déploiement de 130 agents de sécurité devant les commerces du centre-ville de Montpellier, samedi 16 février, de 12h30 à 19h30. Ce déploiement de 130 agents de sécurité, correspondant à 1 agent pour 4 à 5 commerces, a pour objectif, « à l’image d’un centre commercial, de faciliter l’accès des clients aux commerces et d’apporter une présence sécurisante aux commerçants et aux salariés » (Midi Libre, 12.02.2019)

Vesoul (Haute-Saône), 12 février : 4 mois de sursis pour des jets de bouteille sur les gendarmes.

Mardi 12 février, un « Gilet jaune » de 30 ans comparaissait devant le tribunal de Vesoul pour « violence sur les forces de l’ordre ». Le 17 novembre 2018, alors qu’il occupait avec plusieurs centaines de personnes le rond-point de Saint-Sauveur (près de Luxeuil-les-Bains, sur la RN57). Il faisait partie de celles et ceux qui avait refusé de rentrer de chez eux/elles après 18h, heure à laquelle prenait fin la manif déposée en préfecture. Il « avait été identifié par les forces de l’ordre comme ayant jeté trois bouteilles en verre vides, deux de bière et une de vin, en direction des forces de l’ordre. Il aurait ensuite pris la fuite à travers champ, avant d’être maîtrisé ». Il a été condamné à 4 mois de prison avec sursis (le proc en demandait 6) et devra verser 300 euros à « la victime principale » et 100 euros à chacun des deux autres gendarmes qui se sont portés partie civile.  (L’Est Républicain, 13.02.2019)

 

Quelques précisions sur l’acte 13 à Dijon et Besançon :

A Dijon (Côte-d’Or), samedi 9 février, des « Gilets jaunes » ont attaqué la prison. On n’en sait un peu plus depuis que l’administration pénitentiaire a déposé plainte pour « dégradations et mise en danger d’autrui »: la porte donnant accès au domaine pénitentiaire étant restée fermée, l’interphone avait été saccagé, la porte avait reçu des coups de pied, des containers avait été incendiés [à quelques mètres seulement de celle-ci, ce qui aurait pu l’embraser], nous rapporte l’Est Républicain (13.02.2019).

A Besançon (Doubs), des affrontements « brefs mais intenses » avaient eu lieu à proximité du centre commercial de Chalezeule. L’Est Républicain (14.02.2019), toujours présent quand il s’agit de plaindre et de défendre les forces de l’ordre et d’en faire de pauvres victimes, nous apprend que parmi les sept gendarmes blessés, deux d’entre eux ont eu leur tympans crevés, semble-t-il par les explosions de pétards et de mortiers: « On a essuyé des pétards agricoles et des bisons, mais également des tirs de ballast, de grosses billes de verre, des bouteilles vides, ainsi qu’un feu d’artifice, qui a brûlé certains pantalons », précise le général Langlois, commandant de la région de gendarmerie Franche-Comté.

Des gendarmes provenant des casernes de l’agglomération bisontine, absolument pas préparés au situation d’affrontements, avaient très vite été épaulés par des gendarmes mobiles.


Thionville (Moselle), 11 février: la sous-préfecture prend des couleurs

La façade de la sous-préfecture de Thionville a été ciblée par des jets de peinture fraîche dans la nuit de dimanche à lundi 11 février. Ce sont les employés qui ont découvert les tâches de peinture sur la façade, provoqué par des jets de « boules remplies de peinture ».

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