Depuis vendredi 30 novembre, de nombreux lycées sont bloqués un peu partout. Si certains jeunes tiennent à mettre des revendications derrière leurs actions (contre la « réforme du Bac », « Parcoursup » ou encore « le service national »), d’autres ont compris depuis bien longtemps que la révolte n’a pas besoin de revendications. Des manifs sauvages ont brisé la normalité dans de nombreuses villes de province, comme à Lille, Nantes, Dijon, Auxerre et Avallon (Yonne), Besançon, Limoges, Tours, Orléans, Noisy-le-Grand et Montreuil (Seine-Saint-Denis), Toulouse, Montauban, Saint-Raphaël (Var), Marseille…
Lundi 3 décembre, plus d’une centaine de lycées sont de nouveau bloqués dès 8h du nord au sud de l’Hexagone (188 précisément, d’après un décompte du ministère). A Aubervilliers, l’entrée du lycée J-P Timbaud, déjà ciblée par les flammes vendredi dernier (très vite éteinte par les pompiers), est incendiée à l’aide barricades de poubelles. Lors de la déambulation dans les rues, des poubelles et une voiture sont incendiées, des commerces, mobilier urbain et pubs attaqués, et une voiture de flics prise en chasse par des dizaines d’enragés perd une vitre… Les pompiers venus éteindre les incendies sont pourchassés à coups de caillasses. Dans le quartier des 4 Chemins, des magasins sont pillés et saccagés, comme un de téléphonie. Une riveraine raconte les scènes de pillages: « Tout le monde est rentré à l’intérieur et chacun se servait. Il y avait même des habitants du quartier qui sont descendus de chez eux avec des sacs, qui ont pris des choses et qui sont remontés […] »(Sud Radio, 04.12.2018)
A Toulouse, plusieurs lycées ont aussi été bloqués. Des manifs ont été saccageuses au centre-ville: « Place Esquirol, une supérette a été prise pour cible par des pilleurs, […] qui n’ont eu le temps que de dérober des boissons. Un peu plus loin, c’est une boutique de sandwichs qui a essuyé quelques pertes alors que des voleurs venaient juste de s’introduire dans la boutique Lacoste du centre commercial Saint-Georges qui a d’ailleurs été momentanément fermée, par mesure de sécurité. Sur le Pont Neuf, vers 14 h 30, plusieurs dizaines de manifestants ont été repoussés en direction de Saint-Cyprien avant que certains d’entre eux parviennent à rejoindre la place du Capitole par le pont Saint-Pierre ». Des échaufourées ont eu lieu tout au long de l’après-midi, paralysant l’activité commerciale du centre.
Mardi matin, il y a eu des rassemblements spontanés devant au moins cinq lycées du Val-d’Oise, où des poubelles, des caddies ont été incendiés, selon la gendarmerie et la police. À Villiers-le-Bel, les forces de l’ordre ont reçu des « jets de projectiles ». Plusieurs lycées du Val-de-Marne sont également partiellement bloqués. Au lycée polyvalent de Cachan, dans le Val-de-Marne, une voiture a été incendiée en début de matinée. « La police a fait usage de gaz lacrymogène sur les lycéens qui étaient rassemblés devant l’établissement bloquant l’arrivée des pompiers », a précisé une source proche du dossier. Au moins 24 lycées de Toulouse et de Haute-Garonne sont touchés par des départs de feux, blocages ou échauffourées. A Blagnac, près de Toulouse, l’entrée et la façade du lycée professionnel Saint-Exupéry a brûlé. Pour le deuxième jour consécutif, les transports Tisséo de l’agglomération toulousaine sont à l’arrêt en raison des émeutes. C’est à Marseille que les lycéens sont le plus mobilisés: la ville compte 21 établissements perturbés, dont dix en blocage total. Au total, 23 lycées sont perturbés sur l’académie de Marseille-Aix-en-Provence.
Sur l’académie de Créteil, 32 établissements sont touchés en début de matinée, dont cinq bloqués totalement. Pour les autres, les lycéens contestataires ont installé des poubelles devant les grilles ou mis en place un barrage filtrant aux entrées. Les premières remontées obtenues auprès de quelques académies recensent un lycée perturbé à La Rochelle, un à Amiens, deux dans le Puy-de-Dôme et trois à Montpellier.
[Reformulé de la presse, 03 et 04.12.2018]