Dans un mail adressé à la communauté universitaire de Franche-Comté mercredi 28 novembre au soir, le doyen de l’université de lettres de Besançon, André Mariage, nous fait part de son indignation quant au saccage du bâtiment N de l’Arsenal durant la nuit du 27 au 28 novembre:
« Celles et ceux qui fréquentent le bâtiment N de l’Arsenal ont pu constater les dégradations commises par un ou plusieurs individus mal intentionnés durant la nuit du 27 novembre 2018. Ces actes de déprédation aussi lâches que ceux de mars 2018 n’ont d’autre motivation que la destruction du bien commun et le saccage de l’outil de travail des étudiants et des enseignants. De nombreux tags, dont certains à caractère injurieux, salissent nos murs et rendent inutilisables des écrans de projection comme celui de l’amphi N1. Le contenu des extincteurs a été déversé sur les meubles audiovisuels des salles N4, N5, N114, N107, N207 et N209, (sous réserve d’autres salles en cours de vérification) mettant tout le matériel hors service (ordinateurs, matrices vidéo, câbles…). Les enseignements seront perturbés du fait de ne pouvoir utiliser la vidéoprojection dans les salles détériorées. Les locaux du LASA ont également été très dégradés empêchant l’accès à certains bureaux.Le coût financier des réparations est déjà estimé à plusieurs milliers d’euros, sur la seule base des constatations effectuées. […] ».
En tant que personne étudiant à l’UFR SLHS, je tenais à apporter quelques précisions quant à la version du doyen à travers son communiqué de propagande :
Parmi les slogans tracés sur les murs amiantés du bâtiment, nombreux étaient ceux qui s’attaquaient à Macron, ainsi qu’à la direction de l’université (André Mariage pour la fac de lettres et le président de l’université, Jacques Bahi) qui, pour mémoire, a traîné deux étudiant.e.s en conseil de discipline durant ces deux dernières années de lutte contre la sélection. D’autres inscriptions étaient plus générales : « Aucune ambition dans ce monde sauf celle de le détruire ; Mort au patriarcat ; la paix sociale est violente ; Demandons rien prenons tout #ChampsElysées #24novembre ; Ni berger ni troupeau, révolte ; acabadabra nous revoilà », « 1er semestre: Saccage – 2è semestre: Etudes sur le cynisme » …
Le communiqué du doyen insiste particulièrement sur les dégradations visant les bureaux du LASA, laboratoire de socio-anthropologie. Non loin des bureaux, un tag dit « LASA : Labo de la répression ». Et pour cause, ces dernières semaines, ce labo de recherche se vante partout dans la presse locale de préparer l’ouverture d’un nouveau commissariat de police dans le centre commercial Cassin à Planoise, prévu au départ pour avril 2019 et qui finalement sera inauguré en décembre 2018. Celui-ci sera l’annexe du commissariat central de la Gare d’Eau dans le cadre du nouveau plan de « Police de Sécurité du Quotidien), où quinze flics seront en poste en continu. Ainsi, le site d’infos bisontines macommune.info, la radio pontissalienne plein air, l’Est Républicain (article payant) et France 3 Franche-Comté, ont relayé le lancement de cette « étude ».
« Dès janvier, les étudiants et leur directeur de recherches vont commencer par recueillir la parole des habitants de Planoise, des commerçants, des enseignants, des policiers, des élus municipaux, des gardiens d’immeubles… La liste n’est pas exhaustive. Une forme d’état des lieux sans à priori qui prendra six mois. L’objectif est d’élaborer deux à trois scénarios de crise qui font référence à des actes d’incivilités ou de délinquance. Le rodéo urbain, le squat des cages d’escaliers peuvent faire partie de ces scénarios mais rien n’est défini, cela dépendra du contenu des entretiens. La deuxième phase de ce travail va durer un an. Là, il s’agit de constituer des groupes de six à huit participants. L’objectif est de confronter les comportements en cas de crise. Quelle est la logique d’actions de chacun ? Comment réagissent-ils dans telle ou telle circonstance ? Comment les réflexes et les logiques professionnelles vont se confronter en cas d’incivilités ou d’actes de délinquances ? La dernière phase de travail est prévue sur six mois. L’expérimentation sera rendue publique. Il s’agira aussi de mesurer le degré d’adhésion des publics au dispositif de cette Police de sécurité au quotidien. Des « fiches actions » seront établies pour guider les pratiques futures et ainsi améliorer les réactions en situation de crise. »
Leur but semble clair : permettre aux flics d’adapter leur sale travail selon les situations « de crise » (en cas d’émeutes et autres révoltes, notamment). Ces universitaires (étudiants de master) en charge de mener les enquêtes sous la direction de Lucie Jouvet-Legrand, ont fait le choix conscient d’aller là où les flics ne peuvent pas, c’est-à-dire récolter des informations précieuses afin de perfectionner leurs méthodes de maintien de l’ordre et de pacification sociale. Le LASA n’est ni plus ni moins que la main gauche des forces de répression. Qu’elle en paye le prix n’a rien d’étonnant, dans une fac où la répression s’est abattue sur une vingtaine de personnes en février 2017.
Quelques autres photos des tags reprises de la presse locale ou de twitter:
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